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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie
étoile Wolf-Rayet WR 124

étoile Wolf-Rayet WR 124

  En 1876, à l’observatoire de Paris, deux astronomes français, Charles Wolf et Georges Rayet s’interrogèrent sur la nature de trois étoiles étranges situées en regard de la constellation du Cygne. Étranges car la spectrométrie (une technique encore balbutiante) révélait qu’elles étaient différentes de toutes les autres étoiles observées : leur spectre présentait des bandes étroites de couleur (spectre d’émission) au lieu de spectres continus de  presque toutes la gamme des couleurs (spectre d’absorption). Comment expliquer cette étrangeté ? Débutait ainsi une énigme qui allait occuper les scientifiques durant de nombreuses décennies. Récemment le télescope spatial James Webb nous en a appris un peu plus sur ces objets si particuliers.

 

 

Les étoiles Wolf-Rayet


      On sait aujourd’hui que les étoiles Wolf-Rayet sont en réalité les descendantes des étoiles de type spectral O ou B, c’est-è-dire les étoiles les plus massives existantes puisque leur masse est comprise entre 10 et plus de 200 masses solaires (la plus massive jamais observée, R136a1, située en regard de la constellation de la Dorade, atteint 315 fois la masse du Soleil).

 

        Rappelons que le type spectral d’une étoile est caractérisé par quatre éléments : sa température de couleur, sa gravité de surface, sa masse et sa luminosité, des éléments qui sont liés entre eux mais difficilement mesurables directement.

 

       La couleur d’une étoile, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer (voir le sujet "la couleur des étoiles") est en rapport avec sa température : allant du rouge (les « moins » chaudes) aux bleues et violettes. En effet, plus un corps est chaud, plus les photons qu’il émet sont énergiques
étoile géante bleue
étoile de type B
et, parallèlement, plus leur longueur d’onde est faible. Les étoiles de type spectral B sont de couleur bleue tandis que celles du type spectral O sont violettes, donc les plus chaudes (avec parfois une température de surface qui peut atteindre 100 000K). C’est précisément en étudiant la relation entre la luminosité et la température que fut bâti le diagramme de Hertzsprung-Russell (diagramme HR) qui est en quelque sorte la carte de vie des étoiles.

 

 

les étoiles Wolf-Rayet et le diagramme HR

 

 

classification des étoiles
diagramme de Hertzsprung-Russell
Le diagramme HR nous montre une plage centrale, dite séquence principale, ou se situe la majorité des étoiles, un endroit où la plupart d’entre elles passeront l’essentiel de leur vie tranquillement, transformant leur hydrogène en hélium : par exemple, le Soleil est à mi-parcours de sa vie et se situe donc logiquement au milieu de la séquence principale du diagramme.

 

    Lorsque tout l’hydrogène d’une étoile est consommé, les plus légères d’entre elles terminent leur vie sous la forme de naines blanches c’est-à-dire d‘astres dégénérés de la taille approximative d’une planète dont la chaleur et la luminosité finissent par décroître au fil des milliards d’années. Les plus massives, en revanche, grossissent jusqu’à devenir des géantes ou des supergéantes rouges qui finissent par exploser, leur cœur s’effondrant en étoiles à neutrons ou, pour les plus grosses, en trous noirs.

 

Preuve qu’elles sont bien particulières, les étoiles WR se situent quant à elles à l’extrémité supérieure de la séquence principale du diagramme HR (en haut, à gauche) mais sans avoir complètement rejoint l’emplacement des géantes.

 

les étoiles Wolf-Rayet, des géantes très spéciales

 

Puisqu’elles quittent progressivement la séquence principale HR, cela veut dire que ces étoiles WR ne brûlent plus d’hydrogène mais, par étapes progressives, d’autres éléments, à savoir d’abord l’hélium puis le carbone, l’oxygène, etc. Durant un bref moment (en termes astronomiques), environ un million d’années, ces étoiles se mettent à expulser la matière qui entoure encore leurs noyaux sous la forme de vents stellaires à grande vitesse et ce n’est que lorsque ces noyaux seront à nu qu’elles exploseront en supernovas.

 

 Une des caractéristiques de ces étoiles WR est le fait que les vents stellaires qu’elles engendrent finissent par occulter complètement l’étoile jusqu’à en cacher son spectre stellaire. Voilà l’explication des spectres si particuliers des étoiles WR : le spectroscope n’enregistre pas chez elles leur spectre véritable (celui de la surface de l’étoile) mais celui des couches du nuage qui les entoure…

 

étoile de Wolf-Rayet, stade précurseur de supernova,
étoile de Wolf-Rayet et ses vents stellaires

 

   La matière éjectée par les vents stellaires est en fait très importante : on parle parfois « d’ouragan stellaire » tant ces vents sont intenses puisqu’ils s’écoulent à plusieurs milliers de km par seconde (soit 1% de la vitesse de la lumière !). La conséquence d’un tel phénomène est par ailleurs majeure sur l’espace galactique environnant : enrichissement du vide interstellaire en éléments nouveaux et en énergie. De ce fait des bulles se créent tandis que les vastes nuages de gaz rencontrés se compriment et s’échauffent. Toutefois, une autre conséquence importante de cette activité hors norme semble plutôt paradoxale : les étoiles WR créent de la poussière, nous y reviendrons.

 

 

évolution des étoiles Wolf-Rayet

 

Les étoiles WR sont parmi les plus rares que l’on puisse rencontrer dans une galaxie : pour la Voie lactée, on estime qu’il en existe environ 6000 (sur un total de 180 à 200 milliards d’étoiles) soit une pour un milliard d’étoiles ce qui, au fond, n’est guère surprenant puique l’on observe ici le stade évolutif très court d’une catégorie d’étoiles géantes.

 

Nous l’avons déjà signalé : les étoiles WR, selon leur masse, peuvent donner naissance à des étoiles à neutrons ou à des trous noirs mais pas seulement… Elles sont impliquées dans l’apparition de nombreux objets astrophysiques remarquables d’où, d’ailleurs, l’intérêt de leur étude. En réalité, il existe deux cas bien différents selon que l’étoile WR est isolée ou associée à une compagne dans ce que l’on appelle un système binaire.

 

* isolée, l’étoile WR évolue classiquement en étoile à neutrons ou en trou noir, on vient de le dire ;

 

* plus intéressante est l’éventualité où elle a une compagne. En pareil cas, lorsque la WR explose en supernova, il existe deux possibilités :

 

  1. le système se dissocie et, tandis que la WR se transforme en étoile à neutrons ou en trou noir à haute vélocité projetés dans l’espace, sa compagne est propulsée en sens inverse pour éventuellement devenir « une étoile en fuite ».

 

  1. si le système binaire reste lié (« en contact »), l’explosion lui confère une grande vitesse spatiale associant trou noir et/ou étoile à neutrons ce qui va immanquablement attirer l’étoile secondaire si celle-ci est de taille relativement modeste (quelques masses solaires), le phénomène amenant à la création d’un disque d’accrétion produisant quantités de rayons X. Si la WR est devenue une étoile à neutrons, le nouvel ensemble est appelé « binaire X de grande masse ». Dans le cas d’un trou noir, on parlera de microquasar. (l’équivalent à l’échelle stellaire d’un quasar à l’échelle galactique).
microquasar stellaire
microquasar

 

Il existe un cas encore plus bizarre : si l’étoile compagne est massive, elle évoluera logiquement en géante rouge qui pourra alors « absorber » l’étoile à neutrons qui risque de rester prisonnière à l’intérieur de de la géante rouge et de remplacer son cœur (on parle alors d’objet de Thome-Zytkow). Qui a dit que la Nature était trop prévisible et incapable d’inventer des scénarios bizarres ?

 

 

une poussière fertilisant l’espace

 

 

Le télescope spatial James Webb (JWST) a étudié les étoiles WR et ce fut même une de ses premières missions en 2022. Il s’est plus précisément intéressé à l’étoile Wolf-Rayet WR 124 (voir l'image d'en-tête) et a précisé la structure noueuse de ces objets et surtout de leurs éjections intermittentes. JWST, grâce à sa grande compétence dans le domaine de l’infrarouge, a précisé la nature, dans les nuages nébuleux entourant la WR, de cette poussière que nous avions évoquée plus avant.
En effet, la nature de cette poussière avait toujours intrigué les scientifiques. On savait qu’elle se compose de minuscules particules émanant du gaz stellaire qui, en s’agglomérant, se condensent pour aboutir à la formation de nouvelles étoiles. Mais pourquoi autant de poussière autour de ce type particulier d’étoiles ? Normalement, la poussière se forme préférentiellement dans les endroits tranquilles où la température est plutôt faible… Tout le contraire du voisinage d’une étoile WR  
étoile de Wolf-Rayet et vents violents en panache
étoile Wolf-Rayet et sa coquille
dont on connait le désordre incandescent  s’accompagnant d’un bombardement massif en rayons ultraviolets ! C’est la présence d’une étoile compagnon qui donne la réponse : en effet, près de l’étoile WR le gaz est très dense mais brûlant tandis que, à l’inverse, plus loin, il est froid mais dilué. C’est lorsque, porté par les vents stellaires, le gaz entre en contact avec celui de la compagne que l’ensemble peut se condenser sous la forme d’un bol ou d’une coquille puis s’échapper en une sorte de spirale,  de panache : c’est le cas de plusieurs étoiles WR à présent bien étudiées comme WR 104, WR 98a ou encore WR 112.
Avec un luxe de détails inédits, le télescope spatial a donc décrit la formation de cette poussière cosmique, riche en éléments lourds et notamment en carbone.
 Voilà comment les supernovas ensemencent l’univers en briques élémentaires qui conduiront (entre autres) à la Vie telle que nous la connaissons.

 

 

les étoiles de Wolf-Rayet : le bien et le mal

 

 

Ensemencer l’univers ? Voilà effectivement une action qu’on peut classer parmi les plus positives. On pense souvent à l’explosion d’une supernova pour expliquer la formation d’étoiles nouvelles à partir d’une nébuleuse de gaz interstellaire : c’est même l’explication avancée par de nombreux scientifiques pour la création du Soleil lui-même… et de son cortège de planètes. Avec, pour la troisième d’entre elles, l’importance du carbone dans l’apparition de la Vie.

 

Malheureusement, comme le dit l’antique adage, toute médaille a son revers et les étoiles WR sont aussi source d’inquiétude. En effet, on les soupçonne fortement d’être, lors de leurs fins brutales, responsables des sursauts gamma, notamment ceux qui durent longtemps (plus de deux secondes). Or si l’on sait que les supernovas dites classiques n’agissent que sur leur entourage stellaire immédiat, c’est bien différent pour les étoiles WR : l’énergie qu’elles produisent se trouve confinée dans d’étroits et puissants faisceaux et si, par malheur, leur alignement vise notre système solaire, il peut y avoir un danger certain pour la vie biologique. Certains scientifiques attribuent d’ailleurs la première extinction de masse sur notre planète (celle de l’ordovicien il y a 445 millions d’années) à l’émission d’une salve de rayons gamma associée à un réchauffement climatique (et non pas une glaciation comme on le pensait jusqu’à présent).

 

Notre connaissance des étoiles Wolf-Rayet a récemment bien progressé au point que, pour la première fois, des données relativement fiables concernant leur alignement ont pu être analysées et, malheureusement pour nous, il semblerait bien que WR 104 pointe directement sur notre système solaire…

 

 

Sources

 

* Encyclopaedia Universalis

* Wikipedia France :  fr.wikipedia.org/

* Revue Pour la Science, n° 554, décembre 2023, 44-51

 

Images :

1. WR 124 (sources : apod.nasa.gov)

2. étoile de type O (sources : science-et-vie.com)

3. diagramme HR (sources : astronomie.savoir.fr)

4. étoile WR et ses vents stellaires (sources : actu.fr)

 

 

Sujets apparentés sur le blog

1. mort d'une étoile

2. lla couleur des étoiles 

3. la saga des rayons cosmiques 

4. sursauts gamma

5. les étoiles géantes

 

 


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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie

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LES TOURBILLONS DE JUPITER

 

Tourbillons de Jupiter, sonde Juno
surface de Jupiter vue par Juno


     Jupiter, la géante du système solaire, affiche des teintes variées dans ses nuages sans que les scientifiques expliquent vraiment leurs origines. Dans la photo ci-dessus prise en 2018 par la sonde Juno de la NASA (dont l’activité a été prolongée jusqu’en 2025) lors de son quatorzième passage, on distingue clairement des oppositions de couleurs.


   On sait que l’abondante atmosphère de Jupiter est principalement composée d’hydrogène et d’hélium mais, compte-tenu de la très basse température locale, ces deux éléments restent invisibles. Les spécialistes recherchent donc les oligo-éléments susceptibles de colorer ainsi les nuages joviens, retenant l’hydrosulfure d’ammonium comme meilleur candidat mais en réalité rien n’est certain.


   Ce qui est sûr, par contre, c’est que plus un nuage est clair, plus il est situé haut. On peut noter que, sur l’image, des nuages légers s’effilochent en tourbillons sur les régions rougeâtres (en bas, à droite) tandis que, en haut, à droite, ils semblent recouvrir des nuages sombres.


   La sonde Juno plonge au plus près de la géante gazeuse tous les 53 jours mais en explorant une région légèrement différente chaque fois.

Crédit Photo : NASA, Juno, SwRI, MSSS ; (traitement et license : Matt Brealey, Sean Doran)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

REGARDS LOINTAINS SUR LA TERRE

 

sonde Cassini, sonde Messenger

 

   Cela ne fait que quelques années que nous pouvons voir notre planète depuis loin dans l’espace. Et comprendre combien elle est petite et fragile.


   Le 19 juillet 2013, deux sondes spatiales ont photographié le même jour la Terre de loin. La photo de droite nous montre la Terre telle qu’elle peut être aperçue depuis Mercure, la planète la plus proche du Soleil, (sonde Messenger à 98 millions de km) tandis que celle de gauche distingue notre planète depuis les anneaux de Saturne (sonde Cassini à un peu moins de 1,5 milliard de km).


   Nous sommes dans le système solaire et notre planète n’est qu’un point minuscule. L’espace est immense : pour mieux l’apprécier, imaginons que nous posions sur le sol une orange censée représenter le Soleil. La Terre serait alors une bille minuscule de la taille d’une tête d’épingle placée à 15 m de l’orange, Jupiter une bille de la taille d’une olive à 77 m et Neptune un petit pois à 450 m. Et l’étoile la plus proche, Proxima du Centaure ? Eh bien, elle serait à environ… 4000 km. !

   Notre galaxie contient à peu près 150 milliards d’étoiles et il existe des milliards de galaxies comme elle dans l’univers visible. Oui, la Terre est vraiment toute petite.



Crédits-Photo : Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LE SOURIRE DU CHAT DU CHESHIRE

 

 

lentille gravitationnelle du Chat de Chesthire
une lentille gravitationnelle bien particulière

 

   La photo ci-dessus nous dévoile une remarquable lentille gravitationnelle. Elle est baptisée selon le chat de « Alice au pays des merveilles » auquel elle ressemble étonnamment.

 

  L’image est celle de deux grandes galaxies elliptiques (les yeux) entourées par des arcs. En réalité, chaque galaxie est la plus lumineuse d’un groupe galactique tandis que les arcs sont les images déformées de galaxies situées en arrière-plan et bien plus lointaines. Cette déformation des images lointaines est la conséquence de la courbure de l’espace accentuée par la masse considérable des deux groupes de galaxies du premier plan. Située en regard de la constellation de la Grande ourse, le « Chat du Cheshire » est situé fort loin dans l’espace, à plus de 4,6 milliards d’années-lumière de la Terre.

 


   Le Chat du Cheshire qui, face à une Alice éberluée, disparaît par moments afin de ne plus laisser voir que son sourire, est l’un des rares personnages du livre à ne pas être fou mais au contraire pourvu de raison : dans le même ordre d’idées, la lentille gravitationnelle qui porte ici son nom est une preuve de la validité de la théorie de la relativité générale d’Einstein qui permit enfin de comprendre la structure de l’univers.


Crédits-Photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LA DANSEUSE ESPAGNOLE

 

galaxie spirale
NGC 1566



   Visible de l’hémisphère sud, la galaxie NGC 1566 présente une superbe vue de face et ses deux bras en spirale l’ont fait appeler « galaxie de la Danseuse Espagnole ». Elle est située en regard de la constellation de la Daurade à près de 70 millions d’années-lumière de nous.

   NGC 1566 contient des centaines de milliards d’étoiles et certainement encore bien plus de planètes. Ses deux bras sont représentés par d’immenses amas d’étoiles bleues, donc très jeunes, et des trainées sombres de poussière.


   Le centre de la Danseuse est flamboyant, occupé par un trou noir géant en train de dévorer toutes étoiles et champs de matière passant à sa portée (c’était en tout cas ainsi il y a 70 millions d’années). Une galaxie possédant comme elle un noyau extrêmement brillant et compact est appelée « galaxie de type Seyfert ». Ce noyau (le trou noir central en pleine activité) est une des plus importantes sources de rayonnement électromagnétique de tout l’univers connu.


Crédits-Photo : Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U. 

 

L’ŒIL DE SAURON

 

nébuleuse
nébuleuse du Sablier



   Plaquée dans le ciel, en regard de la constellation de la Mouche (l’une des constellations la plus au sud de la voûte terrestre), la nébuleuse du Sablier (MyCn 18) rappelle un peu l’œil de Sauron du Seigneur des Anneaux.


   Il s’agit d’une nébuleuse planétaire (terme historique), c’est-à-dire les derniers moments de vie d’une étoile de type solaire. Bientôt (dans quelques centaines de milliers d’années, ce qui est fort peu à l’échelle de l’Univers), l’étoile mourante aura épuisé son carburant nucléaire et, se transformant en géante rouge, elle éjectera définitivement ses couches externes tandis que son cœur central deviendra une naine blanche composée de matière dégénérée qui s’éteindra progressivement au fil des milliards d’années pour devenir une naine noire.


   L’image montre les différentes couches externes de l’étoile éjectées au cours de ses sursauts convulsifs. Les anneaux de gaz colorés correspondent à l’azote (en rouge), à l’hydrogène (en vert) et à l’oxygène (en bleu). La forme en sablier est attribuée à l’expansion d’un vent stellaire intense et rapide au sein d’un nuage plus dense aux équateurs qu’aux pôles.


Crédits-photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

NUIT SUR PLUTON

 

Planète Pluton

 


   En juillet 2015 la sonde New Horizons a pris une série de photos lorsqu'elle est passée tout près de la lointaine petite planète. L'image ci-dessus nous montre l'hémisphère plutonien plongé dans la nuit, le Soleil étant masqué par lui. La sonde se trouve alors à 21 000 km de Pluton, s'éloignant de ce petit monde qu'elle vient de frôler 19 minutes plus tôt.


   On remarque autour de la planète une fine atmosphère en définitive bien plus complexe qu'on n’aurait pu l'imaginer. En haut de l'image, on devine que le jour se lève avec l'arrivée d'un croissant de paysage : les terres que l’on voit ainsi apparaître sont les plaines australes d'azote gelé de Sputnik Planum avec, au centre, les montagnes de glace de Norgay Montes qui les dominent.


Crédits-photo : Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

TRANSIT MERCURE-SOLEIL

 

transit étoile-planète
le point minuscule sur la surface du Soleil est la planète Mercure



   En astronomie, un transit, c’est le passage d’un objet, par exemple une planète, devant un objet plus gros, par exemple, une étoile. Il y a quelques mois – très exactement le 11  novembre 2019 – ce fut le cas de Mercure, la planète la plus proche de notre étoile, qui se profila, point minuscule, sur l’immensité solaire.


   Ce jour-là le Soleil était parfaitement calme, ne présentant aucune de ces taches brunes qui viennent régulièrement parsemer sa surface. Du coup, la planète Mercure est seule visible, infinitésimale, sur le fond orangé, un peu à droite du centre de la photo. Si une même image de la Terre en transit face au Soleil pouvait être contemplée par un observateur extérieur, situé disons sur Mars, il aurait une vue quasi-identique à celle que nous avons ici de Mercure tant la taille des planètes est insignifiante par rapport à celle de leur étoile.

   On peut également apercevoir sur la circonférence solaire des protubérances qui sont des jets de plasma prisonniers du champ magnétique local. Le prochain transit de Mercure devant le Soleil est prévu pour le 13 novembre 2032.

 

 Crédits : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LES CRATÈRES DE LA LUNE

 

cratères lunaires Petusius et Langrenus



   Ne possédant aucune atmosphère, notre satellite n’a jamais été protégé des multiples météorites qui sont venus s‘écraser sur sa surface d’où son aspect tourmenté. À l’inverse de ce qui se passe pour la Terre, les stigmates de ces événements cataclysmiques sont évidemment protégés de toute érosion.


   Sur la photo ci-dessus, on peut voir deux célèbres cratères de notre satellite. Sur la gauche se distingue le cratère Langrenus qui mesure près de 130 km de diamètre, associant un bord en terrasse et un pic central d’une hauteur de 3 km. À droite se profile le cratère Petavius, d’un diamètre de 180 km et qui possède la particularité de présenter une nette fracture (d’origine inconnue) reliant son bord à son promontoire central. Tout ce qu’on sait de ce dernier, c’est qu’il date d’environ 3,9 milliards d’années, une époque où les chutes d’astéroïdes étaient bien plus fréquentes.


Ces cratères sont parfaitement observables de la Terre, notamment quelques jours après la nouvelle Lune lorsque l’éclairage rasant accentue tout particulièrement les ombres. Ils subsisteront sur notre satellite aussi longtemps que lui.


Crédits-Photo : Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

UNE SŒUR DE LA VOIE LACTÉE

 

M100 / NGC 4321
une galaxie semblable à la Voie lactée



   Cette superbe galaxie est M 100 (ou NGC 4321) et est à ranger, comme la Voie lactée, dans la catégorie des galaxies spirales. Située à 53 millions d’années-lumière de nous, en regard de la constellation de la Chevelure de Bérénice, elle fait partie de l’amas de la Vierge. M 100 est un peu plus étendue que notre galaxie puisque son diamètre est estimé à 120 000 années-lumière (contre un peu moins de 100 000 pour la Voie lactée).


   Les bras spiraux de M 100 sont à dominante bleue car ils sont peuplés d’étoiles nouvelles en raison des interactions gravitationnelles que la galaxie entretient avec ses voisines. Durant le siècle dernier, quatre supernovas ont été décrites dans cette galaxie ce qui est rare, d’autant que la dernière, en 1979, atteignit une magnitude de 11,6 cas rarissime pour un objet situé si loin. Rappelons pour mémoire qu’aucune supernova n’a été observée dans la Voie lactée depuis l’apparition des premiers instruments optiques d’observation (la dernière date de 1604) : incertitude et hasard des statistiques…

   M 100 est célèbre chez les scientifiques car c’est elle qui servit à tester le télescope spatial Hubble et révéla ses défauts optiques lors de sa mise en service en 1990, défauts corrigés par la mission de la navette spatiale Endeavour en 1993.


Crédit : NASA, ESA, Hubble / Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

TRACES DANS LE CIEL

 

NGC 5907 (galaxie de l'Écharde ou du Tranchant
galaxie de l'Écharde


.
   La galaxie de l’Écharde NGC 5907 (également appelée galaxie du Tranchant) est située à un peu plus de 42 millions d’années-lumière de nous, en regard de la constellation du Dragon. C’est une galaxie spirale tout à fait comparable à la Voie lactée mais qu’on aperçoit par la tranche ce qui lui confère son apparence « affilée ».


   Elle présente toutefois une particularité : si l’on a recours à d’assez longs temps de pose, on voit se dessiner des structures en forme de rubans tout autour d’elle, des boucles presque transparentes qui s’étendent jusqu’à plus de 150 000 années-lumière de la galaxie elle-même. En observant de plus près, on s’aperçoit que ces rubans sont formés d’étoiles et de gaz qui, par le jeu d’un effet de marée gravitationnelle, semblent encercler NGC 5907.


   L’explication la plus logique à cette image inhabituelle est que les bandes qui entourent la galaxie appartiennent au fantôme d’une ancienne galaxie, une galaxie naine qui a été progressivement démembrée puis phagocytée par NGC 5907, bien plus grosse qu’elle. L’affaire remonte à environ 4 milliards d’années mais il reste encore des courants d’étoiles orphelines qui orbitent autour de la galaxie principale.

   La galaxie de l’Écharde NGC 5907 est une parfaite illustration de ce que les scientifiques soupçonnent depuis toujours : les galaxies grossissent par accrétion, en fusionnant leurs voisines plus petites avec elles. C’est bien sûr également le cas de notre propre galaxie.

 

Crédits-Photo : Robert Nemiroff (MTU) et Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

 

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Publié le par Céphéides

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LA NÉBULEUSE DU CRAYON

 

NGC 2736
nébuleuse du Crayon (NGC 2736)



     Il y a 11 000 ans sur Terre, en regard de la constellation des Voiles, une lueur vive dans le ciel indiquait la transformation d’une étoile géante en supernova, une lueur qui avait mis 800 ans pour parvenir jusqu’à notre planète.


     De nos jours, l’onde de choc de la supernova continue à se répandre dans le cosmos. Se mouvant à la vitesse d’environ 500 000 km/h, elle ralentit progressivement sa course au fur et à mesure de son expansion et de sa rencontre avec le gaz interstellaire environnant (au début elle se déplaçait à des millions de km par heure).

     D’une taille de plus de 100 années-lumière, le rémanent de la supernova se disperse donc graduellement et une petite partie de celui-ci se présente sous la forme de fibrilles éthérées rouges (hydrogène ionisé) ou bleu-vert (oxygène) : on lui donne le nom de nébuleuse du Crayon (NGC 2736). Il s’agit en fait d’ondulations serpentant dans une couche de gaz luminescent observée par la tranche. La plus grande part du rémanent de la supernova des Voiles reste cachée par de la poussière.


Image : la nébuleuse du Crayon (Crédit : Howard Hedlund et Dave Jurasevich, Las Campanas Obs.).
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U

 

 

 

L’AMAS STELLAIRE TRUMPLER 14

 

amas globulaire ouvert
amas stellaire Trumpler 14



     Le conglomérat d’étoiles de la photo ci-dessus est appelé amas de Trumpler 14 et il est situé à 9 000 années-lumière de nous, près de la constellation de la Carène. Cet amas globulaire ouvert est un des plus grands rassemblements de nouvelles étoiles de toute notre galaxie, regroupant plus de 4 000 d’entre elles. Ces étoiles sont très chaudes et très bleues et elles sont toutes nées ensemble il y a moins de 500 000 ans. Elles vivront peu de temps (quelques millions d’années) car trop massives, (au moins dix masses solaires) avant d’exploser en supernovas. Du coup les nuages de matière qui les entourent vont se trouver déstabilisés et s’effondreront sur eux-mêmes, donnant naissance à une nouvelle génération stellaire, des étoiles en majorité plus petites et plus rouges.

     Sur la photographie, on peut également remarquer deux objets étranges : :

     • à la gauche du centre, on distingue une tache noire dont on suppose qu’il s’agit d’un protosystème planétaire qui sera probablement détruit par l’énergie des vents stellaires produite par l’explosion des étoiles massives et


     • en bas, à gauche de l’image, on peut voir un arc de cercle. L’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit d’une onde de choc ultrarapide générée par une étoile éjectée d’un autre système stellaire il y a une centaine de milliers d’années.

Crédits-photo : Jay Norris, ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

RS PUPPI, UN PHARE DANS L’ESPACE

 

céphéide
RS Puppi


 


     La brillante étoile qui occupe le centre de la photographie ci-dessus est RS Puppi, une des étoiles variables les plus brillantes de notre ciel, c'est-à-dire une étoile qui « pulse » de façon parfaitement régulière. En effet, avec une période de 41,4 jours, l’étoile voit son rayon, sa luminosité et sa température augmenter puis diminuer jusqu’à retrouver ses constantes de départ à chaque cycle selon un mécanisme à présent bien compris. La céphéide RS Puppi est une supergéante jaune 15 000 fois plus lumineuse que le Soleil (pour une masse de 10 fois celle de notre étoile).


     Les caractéristiques des étoiles de type céphéides ont permis de « baliser » le cosmos puisque la régularité de leurs pulsations permet de calculer les distances auxquelles elles se trouvent. Le télescope spatial Hubble en a même mis en évidence dans d’autres galaxies que la Voie lactée.


     Dans le cas de RS Puppi, les scientifiques ont observé les changements de luminosité de la nébuleuse qui l’entoure : il existe un décalage temporel dans cette progression (écho lumineux) et connaissant la vitesse de la lumière et la taille angulaire de la nébuleuse, ils ont pu en déduire l’éloignement de l’étoile avec beaucoup de précision. RS Puppi est située à 6 500 années-lumière de nous (avec une très faible marge d’erreur de moins de 90 années-lumière).

     C’est de cette façon que les scientifiques, grâce aux céphéides, ont pu cartographier l’univers qui nous entoure avec une précision remarquable.



Crédits photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP) / ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

LA GALAXIE DU SOMBRERO

 

M 104 / NGC 4594
galaxie du Sombrero



     Découverte par Charles Messier, cette galaxie (également identifiée comme M104 ou NGC 4594) est très célèbre en raison de sa forme : elle est vue par la tranche et sa silhouette rappelle celle d’un chapeau, d’où son nom.


     Située à 28 millions d’années-lumière de nous, elle a un diamètre de 50 000 années-lumière et possède en son centre, vaste bulbe d’étoiles, un trou noir hypermassif. Elle abrite une bande de poussière sombre qui donne l’impression de la couper en deux. Le télescope spatial Spitzer démontra en 2012 qu’il s’agit d’une galaxie de type elliptique et non spiral comme on le pensait jusque là (et comme cela est encore écrit dans bien des sources).

     Elle occupe une place à part dans l’histoire de l’astronomie. En effet, en 1914, un astronome américain, Vesto Slipher, découvrit que son spectre est décalé vers le rouge et qu’elle s’éloigne de nous à la vitesse de 1000 km/h. C’était la première fois que ce qu’on prenait jusque là pour une nébuleuse était soupçonné d’être extérieur à la Voie lactée, une hypothèse qui fut confirmée quelques années plus tard par l’astronome américain Hubble.


     La galaxie du sombrero est une des plus grandes galaxies de l’amas galactique de la Vierge. Il est difficile de la voir depuis les latitudes européennes mais elle est superbe vue d’Afrique.

 

Sources : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U. 

 

 

LENTILLES GRAVITATIONNELLES

 

amas de galaxies Abell 370
amas galactique Abell 370 et lentille gravitationnelle



     Situé en regard de la constellation de la Baleine, Abell 370 est un immense amas de galaxies situé très loin de nous, à plus de 4 milliards d’années-lumière. C’est également le plus lointain amas de ce genre inscrit par l’astronome américain Georges Abell dans son catalogue spécialisé dans ce type d’objets.


     Or, en regardant Abell 370, les scientifiques avaient observé d’étranges arcs sans jamais pouvoir les expliquer. Plus récemment, ces images bizarres ont été reconnues comme traduisant la présence d’une lentille gravitationnelle : Abell 370 lui-même.


     En effet, le groupe en question contient tellement de galaxies que leur masse détourne la lumière (prouvant au passage que la théorie d’Einstein sur la courbure de l’espace est parfaitement valide). Du coup, l’image des galaxies plus lointaines qu’Abell 370 passent par des chemins différents, donnant ces étranges images d’arc : on parle alors des artéfacts d’une lentille gravitationnelle (sur le cliché, l’amas galactique Abell 370 est au premier plan).


     Les objets jaunes de l’image appartiennent au groupe Abell 370 et les arcs de cercle sont donc les images déformées de galaxies parfaitement normales mais situées très loin au-delà. Sans la présence de la lentille gravitationnelle, nous ne pourrions pas connaître l’existence de ces lointaines galaxies…
 

Photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U. 

 

 

 

LES ÉTOILES LES PLUS BRILLANTES

 

principales étoiles visibles à l'oeil nu
étoiles les plus brillantes d'un ciel nocturne

 


     Contrairement à la légende, par une nuit sans Lune et loin des nuisances lumineuses de la civilisation, ce ne sont pas des millions d’étoiles que l’on peut alors apercevoir mais tout au plus 3000 et cela uniquement si l’on possède une excellente vue.


     Afin de clarifier une situation confuse, l’Union Astronomique Internationale (UAI) a récemment décidé de normaliser les noms d’étoiles en tenant compte au maximum des antécédents historiques et culturels. Dans l’image ci-après, on trouvera la liste de noms retenue par l’UAI, par ordre décroissant et en vraies couleurs, pour les 25 plus brillantes étoiles vues de la Terre.


     Ce sont souvent les noms d'usage les plus répandus qui ont été choisis. On trouve ainsi : Sirius (du latin : « celle qui dessèche »), Véga (« tomber » en arabe), Aldébaran (« la suivante » en arabe), Antares (du grec "comme Mars"), Altaïr (« l’aigle en vol » en arabe), Deneb (de l’arabe « la queue de la poule », une « poule » qui chez nous est la constellation du Cygne), etc. À noter l’appellation Rigil Kentauris pour Alpha du Centaure et Mimosa pour Bêta de la Croix du Sud.

On trouvera de plus amples informations sur le blog de céphéides principal en cliquant ici : https://cepheides.fr : le nom des étoiles

Sources : ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U. 

 

 

 

LA SUPERBULLE HENIZE 70

 

superbulle dans le Grand Nuage de Magellan
superbulle Henize 70



     En astronomie on appelle "superbulle" une cavité très chaude (plusieurs millions de degrés) formée par les explosions d'étoiles massives. Ces étoiles ont toutes plus de huit masses solaires (jusqu'à 100) et sont d'un spectre particulier (association de types spectraux O et B). Ces bulles s'étendent sur des centaines d'années-lumière et les supernovæ qui explosent en leur sein ne donnent pas de rémanents comme c'est classiquement le cas partout ailleurs. Elles provoquent en revanche de puissants vents stellaires dont l'énergie se situe forcément à l'intérieur de la bulle.


     Dans la petite galaxie satellite de la Voie lactée, le Grand Nuage de Magellan, la nébuleuse Henize 70 (photo) est en réalité une bulle de gaz interstellaire d'une taille déjà conséquente (300 années-lumière) et destinée à poursuivre son expansion. En effet, avec un intérieur rempli de gaz chaud se dilatant, une superbulle peut en définitive balayer toute une galaxie réalisant une autre forme d'ensemencement galactique.


     Détail intéressant : le système solaire lui-même repose non loin du centre d'une ancienne superbulle appelée bulle locale.


Crédit Photo : Josep M. Drudis
ASD / NASA / GSFC & Michigan Tech. 

 

 

 

SHARPLESS 308, ÉTOILE DE WOLF-RAYET

 

étoile de Wolf-Rayet
Sharpless 308



     À 5200 années-lumière de nous, en regard de la constellation du Grand Chien, s’étend une immense bulle cosmique d’une dimension de plus de six années-lumière (soit un peu plus qu’une Pleine Lune). Contrairement à la superbulle décrite plus haut, celle-ci est l’œuvre d'une seule étoile dite "de Wolf-Rayet".


     Les étoiles de Wolf-Rayet sont des étoiles géantes sur le point de se transformer en supernovas et qui éjectent énormément de substance en générant de fantastiques vents solaires. Ce stade ne dure pas très longtemps : quelques centaines de milliers d’années, un million au plus.


     L’étoile de Wolf-Rayet responsable de cette bulle cosmique est celle qui, dans la photo ci-dessus, se trouve presque au centre de la nébuleuse soufflée par ses vents violents. Le début de ce gigantesque cataclysme s’est produit il y a environ 70 000 ans. La bulle baptisée SH 2-308 est dominée par la couleur bleue traduisant la présence d’oxygène ionisé. Elle est également connue sous le nom de nébuleuse du Dauphin

 

Crédit Photo : Laubing
ASD/NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

RÉMANENT DE SUPERNOVA G 292.0-1.8

 

 supernova  G 292.0-1.8
rémanent de la supernova G 292.0-1.8



     Pour clore ce petit panorama de bulles spatiales, voici l'image du rémanent d’une supernova dont l’explosion fut perçue sur Terre il y a 1600 ans. Puisque cet objet est situé à environ 20 000 années-lumière de nous, en regard de la constellation du Centaure, le phénomène s’est donc produit il y a un peu moins de 22 000 ans.


     C’est l’observatoire spatial Chandra qui a pris cette photo du rémanent de la supernova (c'est-à-dire les débris de son enveloppe extérieure) tandis que le noyau de l'étoile s’est transformé en étoile à neutrons en rotation rapide, autrement dit en pulsar.


     L’étoile géante a transformé son hydrogène et son hélium en éléments lourds qu’elle dissémine donc par son rémanent, participant ainsi à l’enrichissement des nouvelles générations stellaires. La bulle de ce rémanent s’étend sur 36 années-lumière. La dominante bleue de l’image correspond à des filaments de gaz (oxygène, néon et magnésium notamment) dont la chaleur atteint plusieurs millions de degrés.

     Cette image a été publiée pour célébrer le vingtième anniversaire du télescope spatial Chandra mis en orbite par la navette spatiale Columbia le 23 juillet 1999.


Crédits Photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. 

 

 

 

LES JUMELLES SIAMOISES

 

NGC 4564, NGC 4567 et NGC 4568
jumelles galactiques de l'amas de la Vierge



     Sur la droite de l’image ci-dessus, on peut voir la galaxie elliptique solitaire baptisée NGC 4564 mais sur la gauche, presque interpénétrées, deux galaxies spirales NGC 4567 et NGC 4568. Toutes trois font partie du grand amas galactique de la Vierge.

     C’est la paire de galaxies spirales qui attire l’œil et cet ensemble est appelé le Papillon galactique (ou Jumelles siamoises). Ces deux objets sont situés à 52 millions d’années-lumière et leurs centres respectifs représentés par leurs noyaux brillants ne sont séparés que par 20 000 années-lumière.


     Pour celui qui sait les énormes distorsions que causent les marées gravitationnelles lorsque deux galaxies sont aussi proches, ces deux objets ne paraissent pas particulièrement déformés. On peut distinguer leurs classiques bras spiraux, leurs nuages de poussière et leurs amas stellaires. Puisque les deux galaxies sont entrées en collision par leurs nuages moléculaires, il est certain que se forment à leurs points de contact des myriades d’étoiles massives.


     Comme la Voie lactée et sa voisine Andromède dans cinq milliards d’années, les deux jumelles finiront par former une super galaxie géante.


Crédit image : CHART32 Team ; traitement : Johannes Schedler Bonnell (UMCP)
Représentant technique de la Nasa : Jay Norris
ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U

 

 

 

LA GALAXIE AUX MILLE RUBIS

 

NGC 5236
galaxie M83



     La galaxie cataloguée M 83 (image ci-dessus) est appelée la Roue De Feu Australe et elle est située à 12 millions d’années-lumière de nous, en regard du sud-est de la plus longue des 88 constellations, celle de l’Hydre. Possédant un diamètre de 40 000 années-lumière, il s’agit d’une brillante et belle galaxie spirale.

 

     Son nom de Roue de Feu s’explique par les amas bleutés de nouvelles étoiles qui peuplent ses bras spiraux. Ces étoiles sont très récentes et les scientifiques estiment leur âge entre quelques millions et quelques dizaines de millions d’années.

     Toutefois, on peut également distinguer d’autres régions de formation stellaire, rouges celles-ci, qui sont en fait des nébuleuses gazeuses où la création de nouvelles étoiles débute à peine. Le rayonnement rouge est dû au gaz ionisé par les encore rares nouvelles étoiles très chaudes. Ce sont ces endroits qui ont également valu à M 83 le surnom de « galaxie aux mille rubis ».


Étudié aux rayons X le bulbe central de M 83 est brillant car il regorge de trous noirs et d’étoiles à neutrons témoignant des flambées d’étoiles précédentes, le tout sur fond d’étoiles jaunes plus âgées.

   Ces régions de couleurs différentes donnent à cette superbe galaxie une réelle impression de mouvement.


Sources image : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)
NASA / GSFC & Michigan Tech. U

 

 

 

 

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie
paradoxe de Fermi
Enrico Fermi (1901-1954) prix Nobel de physique 1938

 

Depuis les années 1950 et l’avalanche de « soucoupes volantes » aperçues à cette époque, bien des gens se posaient cette angoissante question : « sommes-nous seuls dans l’Univers et, si non, pourquoi n’a-t’on pas encore rencontré d’extraterrestres ? ».

Les scientifiques, interrogés, ne savaient pas vraiment quoi répondre et certains n’hésitaient pas à les soupçonner de dissimuler « la » vérité dans une approche qu’on ne qualifiait pas encore de complotiste. Pourtant, de nombreux astronomes et/ou astrophysiciens réputés se posaient effectivement la question comme en témoigne le compte-rendu d’un célèbre repas.

 

 

Le paradoxe de Fermi

 

     Durant l’été 1950, les physiciens Emil Konopinski, Herbert York, Edward Teller et Enrico Fermi déjeunaient dans la cafeteria du Laboratoire National de Los Alamos, un laboratoire multidisciplinaire situé aux USA, dans l’état du Nouveau-Mexique. Enrico Fermi, prix Nobel de physique en 1938, avait émigré aux USA en 1939 et participait avec ses collègues au projet « Manhattan » qui devait aboutir à la mise au point de la première bombe atomique. Dans le feu de la conversation, il prononça ce jour là une phrase à la fois provocante et pourtant sérieuse : « Mais où sont-ils donc, tout ces extraterrestres ? ». La question était tout à fait

voie lactée
Voie lactée : l'univers est certes immense mais où sont-ils ?

d’actualité et intéressait beaucoup de gens qui croyaient voir des soucoupes volantes un peu partout. C’est cette phrase qui est à l’origine de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le paradoxe de Fermi : on devrait « les » voir mais on ne « les » voit pas...

 

Ce n’est qu’en 1966 que la question de Fermi fut redécouverte par l’astronome américain Carl Sagan qui pensa alors qu’une civilisation assez ancienne pourrait avoir le temps de coloniser entièrement la Galaxie et serait d’ailleurs déjà présente sur Terre mais son (court) article resta sans lendemain et le paradoxe de Fermi retomba dans l’oubli… jusqu’en 1975 où deux scientifiques, Michael Hart et David Viewing, reprirent les arguments des uns et des autres pour arriver à la conclusion que les civilisations extraterrestres n’existent pas. Conclusion définitive ? Certainement pas.

Le paradoxe de Fermi s’appuie donc sur deux postulats contradictoires :

 

a) La vie sur Terre n’est certainement pas exceptionnelle et de nombreuses autres formes de vie doivent exister dans un univers aussi vaste (des milliards et des milliards d’étoiles et de planètes rien que pour la seule Voie lactée),

 

b) Il n’existe aucune preuve réelle de la venue présente ou passée d’extraterrestres sur Terre et, depuis les innombrables sondes envoyées dans l’espace explorer les autres planètes du système solaire, on sait qu’il en est de même pour elles.

 

extraterrestres
leur existence n'a jamais été prouvée

 

La deuxième branche du paradoxe ne souffre guère de débats et c’est plutôt la première (a) qui autorise une discussion plus poussée.

 

On peut faire la constatation suivante : savoir si une civilisation extraterrestre avancée a eu le temps de venir nous rendre visite relève d’un calcul assez simple. En effet, la Voie lactée mesure approximativement 100 000 années-lumière et elle s’est formée avec l’Univers il y a un peu plus de 13 milliards d’années. Si l’on suppose qu’une civilisation extraterrestre a trouvé les moyens de se déplacer à, disons, 300 km/seconde, soit un millième de la vitesse de la lumière ce qui est du domaine du possible, et qu’elle soit apparue il y a cinq milliards d’années, elle aurait déjà eu la possibilité de venir sur Terre et ce de quelque partie de la Galaxie qu’elle provienne. Ajoutons que nous évoquons ici une seule civilisation mais que si la vie n’est pas si exceptionnelle, c’est un grand nombre d’extraterrestres que nous aurions dû déjà rencontrer. Dès lors, comment expliquer ce paradoxe ?

 

 

Quelles solutions au paradoxe de Fermi ?

 

De nombreux scientifiques et/ou auteurs de science-fiction se sont penchés sur le problème et si les hypothèses sont nombreuses (et parfois farfelues), il est difficile de choisir la plus crédible d’autant qu’il est parfaitement possible que certaines soient associées. Il est donc tout à fait impossible d’être exhaustif mais les principales théories peuvent être réunies selon quatre groupes principaux :

 

 

1. Les civilisations extraterrestres n’existent pas

 

La vie sur Terre est un phénomène unique (ou si rare que cela revient au même) car il dépend de la conjonction de nombreux facteurs (voir le sujet : vie extraterrestre) et l’absence de l’un d’entre eux compromettrait son apparition. 0n peut néanmoins opposer comme argument que cette hypothèse ne concerne que la vie sur Terre, la seule que nous connaissons, et que d’autres formes de vie ont parfaitement pu se développer sous d’autres conditions physicochimiques…

 

Nous venons d’évoquer la vie mais la vie, ce n’est pas forcément l’intelligence et on peut dès lors parfaitement imaginer que certaines planètes plus ou moins lointaines renferment une forme de vie (bactéries, virus, autre chose d’assez primitif ?) et nous ne pouvons évidemment pas communiquer avec elle. Ici, c’est l’intelligence qui est rare.

 

Il existe par ailleurs bien des raisons pour empêcher l’apparition de la vie sur une planète.

 

En 2021, le spécialiste des exoplanètes David Kipping a avancé une hypothèse qu’il a baptisé le paradoxe du ciel rouge en partant de la constatation évidente que l’immense majorité des étoiles sont – nous l’avons souvent souligné – des naines rouges qui, de plus, vivent dix fois plus longtemps que les naines jaunes comme le Soleil. Un simple calcul permet donc d’établir que l’apparition de la vie autour d’une naine jaune est cent fois moins probable. La vie sur Terre est-elle si particulière qu’elle invalide les statistiques ?

 

Nous venons de parler chiffres comme si ces deux types d’étoiles étaient strictement comparables ce qui n’est, en réalité, pas le cas. D’abord, nous le savons aujourd’hui, une naine rouge possède rarement de géantes gazeuses dans son cortège de planètes. Or ces planètes géantes sont « protectrices », empêchant les météorites trop volumineuses de passer leur « barrage ». C’est bien le cas dans le système solaire où Jupiter et Saturne ont certainement limité

irrégularités des étoiles naines rouges
les naines rouges semblent peu favorables pour la vie

fortement le risque pour la Terre (voir le sujet: vie extraterrestre). Par ailleurs, comme l’a récemment montré l’étude d’une naine rouge proche (en l’occurrence Proxima du Centaure), ce type d’étoiles est parfois sujet à de brusques instabilités peu favorables à la conservation de la vie, du moins celle que nous connaissons sur Terre. Les naines jaunes sont donc éventuellement plus propices à l’apparition de la vie et elles représentent quand même 10% des étoiles de la Galaxie, soit entre 10 et 40 milliards d’astres… Est-ce suffisant ?

 

De la même façon que les météorites que nous venons d’évoquer sont parfois destructrices, il existe bien d’autres dangers pour une vie biologique fondée sur quelque chose qui ressemble à l’ADN ou autres acides nucléiques : les étoiles géantes, par leurs émissions intenses notamment de rayons ultraviolets, sont évidemment un endroit à éviter. Mais il existe également les sursauts gamma qui détruisent toute vie sur des milliers d’années-lumière, l’explosion d’une supernova un peu trop proche, etc… En somme, l’Univers est hostile et la Terre a peut-être eu de la chance…

 

2. La vie met longtemps à apparaître

 

Il ne faut pas oublier que, sur Terre, la vie a mis plus de quatre milliards d’années pour apparaître, ce qui n’est pas rien. Suivis de trois cent millions d’années avec la domination des dinosaures dont on peut certainement affirmer qu’ils n’auraient jamais réussi à bâtir une civilisation technologique, puis un hasard (un coup de chance ?) avec la chute d’une météorite géante qui a ouvert la voie aux mammifères et donc à l’Homme. Mais encore 65 millions d’années pour en arriver à aujourd’hui…

 

Une fois la vie apparue, il faut donc beaucoup de temps pour atteindre « l’intelligence », c’est-à-dire le niveau technologique suffisant pour communiquer. En revanche, le passage d’une vie primitive à une civilisation technologique est bien plus rapide, trop peut-être. Plusieurs centaines d’années si l’on en juge par notre cas personnel… Ce qui, à l’échelle de l’univers est plus bref qu’un battement de paupière et peut expliquer la difficulté pour que deux civilisations puissent se trouver en phase et communiquer entre elles.

 

 

3. Les aléas d’une civilisation technologique

 

civilisation extraterrestre
existent-ils quelque part dans l'Univers ?

 

Bien des hypothèses peuvent être avancées pour expliquer les raisons pour lesquelles une civilisation avancée ne se manifeste pas.

 

. le facteur temps : nous avons déjà évoqué la disparition d’une civilisation avant qu’elle puisse communiquer par la présence d’éléments extérieurs destructeurs (un pulsar à proximité par exemple) mais il peut également exister un problème de ressources locales : leur épuisement prématuré empêche la civilisation concernée d’aboutir à son minimum technologique.

 

. la civilisation extraterrestre ne souhaite pas communiquer et plusieurs explications sont ici possibles :

 

  • la civilisation extraterrestre a les moyens de communiquer mais elle ne le veut pas par une sorte de peur presque paranoïaque d’une confrontation avec l’inconnu ;

 

  • variante : les ressources disponibles dans l’Univers sont forcément limitées et une civilisation avancée est susceptible d’entrer en conflit avec ses concurrents potentiels (une éventualité développée par Liu Cixin sous le nom de « syndrome de la forêt sombre ») et donc de se mettre en danger ;

 

  • afin de « laisser faire la nature », la civilisation extraterrestre attend que l’autre civilisation atteigne son propre niveau technologique. L’idée ici est qu’une technologie avancée se mérite et ne se « donne » pas à des esprits insuffisamment formés ;

 

  • la civilisation avancée se rend compte que la « poursuite du progrès » suppose un lourd investissement en termes de ressources naturelles, éventuellement de surpopulation, de désordres climatiques, etc. Le bouleversement de son milieu naturel paraît trop important et la civilisation choisit de rester technologiquement modérée ;

 

  • la Terre est une planète banale et peu développée qui n’intéresse pas une civilisation avancée…

 

  • l’exemple que donne notre civilisation technologique ne peut que nous amener à nous interroger sur l’avenir de ce type d’organisation : et si l’état d’avancement d’une civilisation – à supposer que toute civilisation passe par les mêmes étapes qu’on pourrait alors qualifier « d’universelles » - portait en lui-même les germes de son autodestruction ? Un certain nombre de pièges est alors à éviter : armes atomiques, bactériologiques, gaspillage et destruction des ressources…

 

4. la communication est tout simplement impossible

 

L’écoute d’une production extraterrestre est certainement loin d’être aisée : on peut par exemple avancer que les extraterrestres sont si différents de nous que nous ne

civilisations extraterrestres
SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence)

savons peut-être pas repérer leurs différentes productions. De nombreux organismes, au premier rang desquels, le projet SETI (voir le sujet dédié), sont « à l’écoute », certains depuis de nombreuses années mais sans succès jusqu’à présent : n’y a-t-il rien à écouter ou ne savons nous tout simplement pas le faire ?

 

 Une fois encore rappelons les distances immenses qui nous séparent des éventuelles planètes abritant une vie intelligente : s’il faut beaucoup de temps pour accéder à une technologie avancée, et compte-tenu du fait que les moyens de communications voyagent moins vite que la lumière, il est possible que des émissions aient actuellement lieu mais qui mettront des millénaires pour parvenir dans notre environnement. Idem pour une éventuelle réponse… On se retrouve ici, avec ces distances quasi-infranchissables, dans le cas des voyages interstellaires, à la différence près, il est vrai, qu’une communication n’a pas besoin  de ressources propres pour subsister comme le demande un moyen de transport physique.

 

 

Le paradoxe de Fermi n’est pas résolu

 

Nous écoutons l’Univers depuis à présent plusieurs décennies sans résultats probants. Cela ne décourage pas les scientifiques, conscients que les quelques années « d’écoute » actuelles ne représentent rien par rapport à l’âge de l’Univers et que, d’autre part, les moyens étant limités, ne sont retenus que certains types d’étoiles dans une fenêtre d’observation forcement étroite.

 

D’autres initiatives sont en cours, notamment depuis qu’ont été observées des exoplanètes en nombre croissant : c’et peut-être en obervant la composition de leurs atmosphères (et leur modification non naturelle) que viendra une réponse qui permettrait alors de focaliser tous les moyens dans une direction bien précise. En effet, l’analyse de la lumière qu’émet une planète après avoir absorbé ou réfléchi celle de son étoile donne un spectre lumineux permettant d’analyser les gaz atmosphériques : la présence de méthane, d’oxygène ou d’ozone pourrait trahir l’existence d’organismes vivants. La qualité des outils d’observation progressant sans cesse, c’est peut-être un moyen d’obtenir une réponse au moins partielle…

 

 

Sources ::

 

            * Encyclopaedia Britannica

            * Wikipedia France

            * revue « pour la Science », Hors-Série 120, 0823, 71-78

* École polytechnique fédérale de Lausanne : https://epfl.ch

* futura-sciences.com

 

Images :

1 Enrico Fermi (sources : thefamouspeople.com)

2. la Voie lactée par Serge Brunier

3. soucoupe volante (sources : ici.radio-canada.ca)

4. naine rouge (sources : futura-sciences.com) 

5. vue d'artiste d'une civilisation extraterrestre (sources : futura-sciences.com)

6. le projet SETI (sources : bathtubbulletin.com)

 

Sujets apparentés sur le blog

1. vie extraterrestre (1)

2. vie extraterrstre (2)

3. sursauts gamma

4. planètes extrasolaires

 

Mots-clés : Enrico Fermi - Carl Sagan - ufologie/OVNI - paradoxe du ciel

rouge - civilisation technologique - projet SETI

 

 


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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie

Voici quelques courts articles parus sur le site Facebook du blog

 

GALAXIE MASQUÉE (IC 342)

 

galaxie géante
IC 342

 

   Notre galaxie, la Voie lactée, fait partie d’un groupe d’une soixantaine de galaxies appelé le groupe local. Des milliards d’autres groupes galactiques parsèment le cosmos et l’un des plus proches de nous est le groupe IC 342/Maffei qui se situe en regard de la constellation de la Girafe.

 

   Dans ce groupe voisin du nôtre prédominent deux énormes galaxies (analogues à la galaxie d’Andromède chez nous). L’une (Maffei 2) est très difficile à observer car vue par la tranche et cachée par son plan galactique. L’autre est IC 342 (photo ci-dessus), vue de face mais également très difficile à voir car presque totalement occultée parle plan de notre propre galaxie.

 

   Située à environ 10 millions d’années-lumière de nous (contre 2,5 millions d'années-lumière pour Andromède), IC 342 est une galaxie barrée géante qui si elle n’était pas cachée par le nuage d’étoiles et de gaz de la Voie lactée serait probablement une des vedettes lumineuses de nos nuits. Avec nos instruments modernes plus performants, on arrive à en distinguer les nouvelles étoiles bleues, nombreuses, les étoiles rouges sur ses bras spiraux s’éloignant du bulbe central et les nombreuses et étendues plages de poussière. Les scientifiques soupçonnent qu’IC 342 a récemment vécu une flambée de naissances stellaires, peut-être engendrée par la présence proche de notre groupe local.

Crédit-photo : Arturas Medvedevas

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LA GALAXIE DU SCULPTEUR (NGC 253)

 

galaxie du Sculpteur
NGC 253

 

   Découverte par Caroline Herschel en 1783, cette galaxie porte ce nom parce qu’elle est visible en regard des limites de la constellation du Sculpteur (les Américains l’appellent également la galaxie du dollar en argent en raison de son aspect dans un petit télescope). Elle est située à 10 millions d’années-lumière de nous et mesure environ 70 000 années-lumière (comparable à la Voie lactée).

 

   NGC 253 est la galaxie la plus importante du groupe du Sculpteur, accessoirement le groupe galactique le plus proche du nôtre (appelé groupe local).

 

   La photo ci-après nous montre NGC 253 sous la forme d’une superbe galaxie spirale mais avec une particularité : des filaments de poussière paraissent s’élever du disque galactique. La présence de cette grande quantité de poussière entraîne localement un taux très élevé de formation d’étoiles, au point que NGC 253 est classé comme galaxie à sursaut de formation d’étoiles (starburst galaxy). Il s’agit le plus souvent d’une étape dans la vie d’une galaxie, un moment de sa vie où elle fabrique énormément de nouvelles étoiles à la suite d’une collision ou d’une interaction avec une galaxie voisine (mais la cause n’est pas claire pour NGC 253).

 

   La galaxie du sculpteur présente une autre singularité : elle est une source très importante de rayons X et gamma, à relier très certainement à la présence d’un trou noir central supermassif dont la masse a été estimée à 5 millions de masses solaires.

Crédit-photo et copyright : Dietmar Hager, Eric Benson

(ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.)

 

 

 

ETA CARINAE DANS TOUTE SA SPLENDEUR

 

hypergéante bleue
Eta Carinae

 

 

   L’étoile géante Eta Carinae est une hypergéante bleue, située à environ 10 000 années-lumière de nous, en regard de la constellation de la Carène. C’est une des étoiles les plus brillantes du ciel austral puisque sa luminosité est cinq millions de fois celle du Soleil tandis que sa masse est estimée à cent masses solaires : c’est dire que voilà une étoile géante candidate à devenir très bientôt une supernova. Quand exactement ? Demain ou dans un million d’années, mais, en termes astronomiques, bientôt.

 

   Elle a subi une énorme explosion il y a environ 10 000 ans seulement observée ici il y a 150 ans (le temps pour sa lumière de nous arriver), sans doute un signe précurseur de sa transformation future. C’est ainsi que s’est formée autour d’elle une nébuleuse dite de l’Homoncule en raison de sa forme.

 

   L’image ci-dessus nous montre une région centrale chaude entourée par deux gros lobes bien distincts contenant des bandes de poussière et de gaz absorbant la lumière bleue et ultraviolette de l’étoile centrale. Sur la droite de l’étoile, on observe d’étranges stries radiales rouges dont l’origine est pour l’instant encore inexpliquée.

 

   Pour toute vie biologique analogue à celle de notre planète, il serait bon de ne pas se trouver trop à proximité d’Eta Carinae lorsque viendra l’explosion finale.

 

Nota : les grandes stries multicolores émanant du centre de l’étoile en direction des bords de l’image sont en réalité un artéfact, à savoir des aigrettes de diffraction dues au télescope lui-même.

Crédits-photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

NGC 1512, GALAXIE ATYPIQUE

 

galaxie spirale à double anneaux
NGC 1512

 

 

   Située en regard de la constellation de l’Horloge, à un peu plus de 40 millions d’années-lumière de nous, NGC 1512 est une galaxie spirale barrée comme il en existe beaucoup dans le cosmos. Toutefois, elle présente une singularité peu commune : comme on peut le voir sur la photographie ci-dessus prise par le télescope spatial Hubble, elle possède deux anneaux.

 

   Près de son centre se distingue un premier anneau brillant en raison d’une intense formation d’étoiles : on parle alors d’anneau nucléaire. Toutefois, l’essentiel des étoiles et de la poussière interstellaire forme un second anneau bien plus éloigné du centre auquel il se rattache par une barre traversant la galaxie et par des filets de poussière.

 

   Il est difficile de connaître les raisons d’une telle structure : elle est peut-être due à une asymétrie originelle. Quoi qu’il en soit, l’anneau nucléaire s’enrichit continuellement de spirales de poussière provenant de l’anneau externe ce qui entraîne l'intense formation d’étoiles. Une partie de cette poussière continue son chemin vers un probable trou noir massif.

 

   À un peu moins de 70 000 années-lumière de NGC 1512 se trouve sa voisine NGC 1510 ; les deux galaxies sont vraisemblablement entrées en collision et les forces gravitationnelles expliquent peut-être aussi en partie le flamboiement de nouvelles étoiles.

 

   Une telle structure en anneaux concentriques est certainement rare mais pas exceptionnelle : on connait même certaines galaxies qui possèdent trois anneaux…

Crédit photo : NASA, ESA, Hubble Space Telescope

 

 

 

NÉBULEUSE DU CRABE

 

rémanent de supernova
nébuleuse du Crabe

 

   La célèbre nébuleuse du Crabe (qu’on peut voir sur la photo ci-dessus prise par le télescope spatial Hubble) est historique dans la mesure où ce fut la première à avoir été associée à l’explosion d’une supernova. L’explosion de cette étoile massive fut en l’occurrence observée par les astronomes chinois de la dynastie Song durant deux ans, de 1054 à 1056 et resta l’objet le plus lumineux du ciel nocturne à l’exception de la Lune. (Durant 23 jours elle était même restée visible en pleine journée). Ses restes concentriques (appelés rémanent) qui forment la nébuleuse proprement dite furent étudiés pour la première fois par John Bevis en 1731.

 

   S’étendant sur près de 10 années-lumière, la nébuleuse du Crabe est située à environ 6300 années-lumière de nous, en regard de la constellation du Taureau, et la vitesse d’expansion du rémanent est de 1500 km/s.

 

   Comme on peut le voir, la nébuleuse forme un réseau assez complexe comprenant de nombreux et mystérieux filaments composés principalement d’hélium, d’hydrogène et de quelques métaux lourds, le tout provenant de l'atmosphère de l'étoile de départ.

 

   Au centre, le noyau résiduel de l’étoile apparaît sous la forme d’un pulsar, c’est-à-dire d'une étoile à neutrons en rotation rapide. Rappelons qu’une étoile à neutrons est le stade terminal hyperdense de certaines étoiles massives (plus petites comme le Soleil elles finissent en naines blanches et plus grosses elles donnent naissance à des trous noirs).

 

   Tournant sur eux-mêmes à grande vitesse (parfois plusieurs centaines de fois par seconde), ces pulsars émettent un champ magnétique et lorsque qu'ils sont alignés avec la Terre, on perçoit ces émissions de façon cyclique, à la manière d’un phare dans l’espace, des pulsations qui donnent leur nom à ce type d’étoiles.

 

   Le pulsar qui se trouve au centre de la nébuleuse du Crabe tourne sur lui-même au rythme de 30 fois par seconde.

Crédit photo : NASA, ESA, Hubble, J. Hester, A. Loll (ASU) / ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

LE CASQUE DE THOR (NGC 2359)

 

étoile de Wolf-Rayet
le casque de Thor

 

   En regard de la constellation du Grand Chien, à environ 15 000 années-lumière de nous, on peut observer une bulle interstellaire ressemblant pour certains au casque du dieu nordique Thor ; il s’agit en fait d’une gigantesque nébuleuse diffuse à émission s’étendant sur à peu près 30 années-lumière (découverte par William Herschel en 1785).

 

   L’origine de cette étrange figure est l’étoile située en son centre, une géante bleue hyperchaude au stade d’évolution dit d’étoile de Wolf-Rayet. Il s’agit d’une étape qui, chez certaines étoiles géantes, précède leur explosion en supernova.

 

   En effet, après avoir épuisé leur hydrogène, ces étoiles fusionnent leur hélium puis des corps plus lourds. Dès lors, elles produisent d’énormes vents stellaires en éjectant de grandes quantités de substance au point que leur centre disparaît derrière une bulle de matière. Ce stade d’étoile de Wolf-Rayet dure peu : quelques centaines de milliers d’années, voire parfois un million d’années avant l’explosion.

 

   La couleur vert-intense de la nébuleuse est la conséquence des fortes émissions d’oxygène présent dans le nuage de gaz.

Crédits-photo : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP) / ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

Pour en savoir plus sur les étoiles géantes : étoiles géantes par Céphéides

 

 

 

UNE ÉTRANGE SPIRALE

 

binaire; géante rouge en fin de vie
LL Pegasi (en haut à gauche)

 

   Nous avons déjà eu l'occasion de voir ici-même de curieuses images dans l'espace (nébuleuses diverses, rémanents de supernovas, galaxies, amas globulaires, etc.) mais quel est donc le phénomène qui entraîne cette étrange et régulière spirale qu'on aperçoit sur la photo à gauche de l'étoile brillante du premier plan ?

 

   Il s’agit en réalité d’un système binaire appelé LL Pegasi (AFGL 3068) composé d’une étoile en fin de vie et arrivée au stade de nébuleuse planétaire (c’est-à-dire lorsqu’elle expulse ses couches externes sous la forme de coquilles qui se désagrègent dans l’espace en quelques milliers d’années) et de son compagnon.

 

   Et, ici, ce qui rend l’image différente, c’est la présence de ce compagnon. La géante rouge qui meurt laisse en effet échapper son gaz et la forme en spirale correspond à la trace laissée par le couple d’étoiles qui gravite à l’intérieur. Compte-tenu du taux d’expansion régulier du gaz, on sait qu’une nouvelle couche doit apparaître tous les 800 ans, ce qui correspond à la période orbitale des deux étoiles l’une autour de l’autre.

 

   La photo a été prise par le télescope spatial Hubble ; la spirale n’est sans doute visible que grâce à la lumière des étoiles voisines qu’elle réfléchit.

Sources image : Astronomy Picture of the Day (NASA)

 

 

 

LE CRABE AUSTRAL

 

système stellaire multiple
le Crabe Austral

 

   Voici encore une forme céleste bizarre. Comme  LL Pegasi décrit précédemment, il s’agit d’un système stellaire binaire, c'est-à-dire associant deux étoiles liées entre elles, un modèle très fréquent dans le cosmos.

 

   Toutefois, le couple stellaire est ici formé d’une naine blanche (un cadavre d’étoile) et d’une géante rouge variable de type Mira, c'est-à-dire elle-même dans la toute dernière période de sa vie. La naine blanche qui va progressivement s’éteindre au fil des millions d’années est bien plus chaude que la géante rouge. Les pulsations de cette dernière envoient ses couches extérieures sur la naine blanche mais celle-ci présente de temps à autre des éruptions qui chassent le gaz qui l’entoure au dessus et en dessous du disque stellaire central, donnant cette image en sablier, ou plus globalement d'une sorte de crabe de l’hémisphère sud (ne pas confondre avec la nébuleuse du Crabe que nous avons déjà évoquée plus haut et qui est un rémanent de supernova).

 

   La forme centrale qui correspond aux deux étoiles tournant autour l’une de l’autre mesure une demi-année-lumière tandis que ce couple de mort se trouve à environ 7 000 années-lumière de nous, en regard de la constellation du Centaure. La photo a été prise par le télescope spatial Hubble à l’occasion de sa 29ème année d’activité..

Image : télescope spatial Hubble

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U

 

 

 

LE TRIPLET DU LION

 

interactions galactiques
Triplet du Lion

 

   Dans l’hémisphère nord, on peut voir au printemps un superbe groupe galactique regroupant trois galaxies. Toutes les trois spirales, elles sont visibles sous des angles différents.

.

   À gauche, c’est la galaxie du Hamburger (NGC 3628) qui est vue de profil, par la tranche, et qui se prolonge de chaque côté par des traînées opaques de poussière. Sa taille est d’environ 100 000 années-lumière mais avec son excroissance de poussière, elle s’étend sur près de 300 000 années-lumière.

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   En bas, à droite, la galaxie est répertoriée sous le sigle M66 et, au dessus d’elle, en haut, c’est M65. Ces deux galaxies sont suffisamment inclinées pour montrer leur forme en spirales.

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   Ces trois galaxies sont assez proches les unes des autres pour qu’elles s‘influencent : l’action des forces gravitationnelles est visible sur les bras étirés de M66 et sur le disque épaissi et déformé de NGC 3628. À terme, dans plusieurs milliards d’années, ces galaxies fusionneront pour n’en plus former qu’une seule, gigantesque.

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   Le triplet du Lion se situe par rapport à nous à une distance estimée de 30 millions d’années-lumière.

Crédits Robert Nemiroff (MTU), Jerry Bonnell (UMCP) et Jay Norris (représentant technique de la Nasa)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

LA GALAXIE DU TÊTARD ET SA LONGUE TRAÎNE

 

interactions gravitationnelles galactiques
galaxie du Têtard

 

   À partir des photos de « champ profond » du télescope spatial Hubble, il est possible d’individualiser certaines images comme celle de la galaxie du Têtard (arp 188), située à 420 millions d’années-lumière de nous, en regard de la constellation du Dragon (photo ci-dessus).

 

   Et la question qu’on se pose immédiatement à son sujet est : pourquoi cette galaxie a-t-elle une queue aussi longue ? En effet, cette « traîne » s’étend sur près de 300 000 années-lumière, présentant des amoncellements d’étoiles géantes bleues, donc jeunes. L’explication est presque toujours la même : la galaxie du Têtard a rencontré une autre galaxie et les forces de marée alors générées lui ont arraché poussière, gaz et étoiles aboutissant à ce bizarre « détricotage ».

 

   La galaxie responsable de cet immense tableau cosmique n’est pas loin (en termes astronomiques) puisqu’on la devine au travers du bras de la galaxie du Têtard, en haut à gauche : elle se trouve au-delà, à environ 300 000 années-lumière. À terme, elle viendra fusionner avec sa victime.

 

   Mais cette fusion est prévue dans bien longtemps. Auparavant, la galaxie du Têtard perdra progressivement sa queue remplacée par de petites galaxies satellites à l’endroit où les amas d’étoiles sont les plus denses..

Crédits photo : Hubble Legacy Archive, ESA, NASA ; Traitement : Faus Marquez (AAE)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

 

 

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Publié dans : #astronomie
Voie lactée (crédits : Serge Brunier)

 

 

 

Nous avons longuement évoqué les différentes caractéristiques de notre galaxie dans un article précédent (la Voie lactée) mais, à l’aune d’observations récentes, nous pouvons aujourd’hui reparler plus particulièrement de sa genèse. En effet, grâce notamment au satellite européen Gaïa, la date et les conditions de sa naissance ont été tout récemment réévaluées. Toutefois, avant d’aborder ce sujet précis, revenons un instant sur les notions plus générales (et communément admises) des débuts de l’univers.

 

 

L’univers primitif

 

  Au début, il n’y avait certainement pas de lumière mais un noyau minuscule extrêmement chaud et dense qui résumait tout l’univers et autour duquel il n’y avait rien, ni temps, ni espace. C’était il y a 13,7 milliards d’années.

Puis l’univers a commencé à refroidir permettant aux constituants de la matière (quarks et électrons) d’apparaître. Quelques millionièmes de seconde après, les quarks ont pu commencer à se regrouper pour former les noyaux des atomes qui, en 380 000 ans environ, ont réussi à capturer les électrons dans leurs orbites et donner ainsi naissance aux premiers atomes d’hélium et d’hydrogène. Et c’est seulement alors qu’est apparue la lumière. Il faudra encore environ 150 millions d’années pour que naissent les premières protogalaxies, immenses nuages de gaz d’hydrogène et d’hélium (probablement associés à de la matière noire) qui vont progressivement se condenser pour constituer les étoiles primordiales puis, par regroupement, les premières galaxies. D’abord de taille modeste, ces galaxies vont grossir considérablement par accrétion de structures plus petites. Les scientifiques, grâce notamment au télescope spatial Hubble (et l’étude de son « deep space »), ont pu montrer que rares vers 700 millions d’années, des galaxies plus conséquentes deviennent relativement nombreuses vers 900 millions d’années. Il s’est donc forcément passé quelque chose entre ces deux dates et cela a dû être, comme on peut le supposer, violent.

 

filaments cosmiques

 

Dès le début, ces galaxies ne se sont pas réparties de façon homogène mais selon de grands réseaux de filaments cosmiques ce qui aboutit à la constitution d’amas galactiques séparés par d’immenses espaces vides.

 

 

La théorie classique de formation de la Voie lactée

 

Notre galaxie s’est très certainement formée comme la plupart des autres galaxies. Elle est née peu après le Big Bang sous la forme de petites masses qui ont fait office de précurseurs à la formation

grand amas globulaire d'Hercule

d’amas globulaires (où l’on trouve dans ceux qui subsistent encore dans le halo de notre galaxie les étoiles les plus anciennes). Par accrétion progressive, au bout de quelques milliards d’années, la masse de la Voie lactée fut suffisamment importante pour avoir une vitesse tangentielle suffisante. Du coup, comme le patineur ramenant ses bras contre son corps se met à tournoyer plus vite, le gaz interstellaire de notre galaxie s’est aplati pour passer d’une sphère à un disque dans lequel se sont formées les étoiles. Ce disque aplati doté de bras en spirales s’est mis à tourner autour d’un centre brillant appelé bulbe galactique. On peut d’ailleurs noter que les étoiles les plus jeunes de notre galaxie se trouvent effectivement dans son disque (où se situe d’ailleurs la majorité des étoiles dont notre Soleil). L’ensemble est surmonté (ou plutôt entouré) d’un halo sphérique. En somme, une structure comparable à la plupart des autres galaxies spirales.

 

grande galaxie spirale NGC 1232 dans l'amas de l'Éridan

 

Précisons que l’augmentation de volume de la Voie lactée s’est constituée, certes par accrétion de gaz mais aussi par la capture de galaxies plus petites. Nous aurons l’occasion d’y revenir mais, signalons-le d’emblée, le laboratoire spatial Gaïa a ainsi pu repérer une trentaine de milliers d’étoiles, toutes très vieilles, se déplaçant dans la Voie lactée en sens inverse des milliards d’autres étoiles (et du Soleil) : elles constituent les reliquats d’une galaxie disparue, baptisée Gaïa-Encelade, absorbée il y a environ 10 milliards d’années.

À quelle époque, cette naissance de la Voie lactée a-t-elle eu lieu ? La communauté scientifique était tombée d’accord pour situer cette date à il y a environ 11 milliards d’années. Mais – grosse surprise dans le petit Landerneau astronomique – une intéressante étude toute récente vient jeter un pavé dans la mare : certaines régions de notre galaxie se seraient formées deux milliards d’années plus tôt !

 

L’étude des sous-géantes

 

Comment apprécier l’âge réel de la Galaxie ? C’est à ce problème en définitive pas si simple que se sont attaqués des scientifiques allemands en s’appuyant sur l’observation d’une catégorie particulière d’étoiles : les sous-géantes.

 

diagramme de Hertzsprung-Russell

 

Il faut d’abord se souvenir que, en astronomie, il n’existe pas d’étoiles dites « normales ». En effet, on a affaire d’emblée soit à des naines (rouges, jaunes comme notre Soleil, etc.) soit à des géantes (bleues, rouges, blanches, etc.). Parmi ces dernières, on trouve une espèce très spéciale d’astres, les sous-géantes. Ce sont des étoiles qui sont plus brillantes que les naines de la séquence principale de même type spectral mais moins toutefois que les vraies géantes. Les scientifiques pensent qu’il s’agit d’étoiles sur le point d’arrêter la fusion nucléaire de l’hydrogène qu’elles ont de fait quasiment épuisé. Pour ces astres d’une taille voisine de celle du Soleil, cette période provoque la contraction de leur cœur avec une augmentation considérable de leur température centrale. La conséquence de ce nouvel état est le déplacement de la fusion de l’hydrogène restant vers la périphérie de l’étoile qui augmente ainsi de volume : elle va progressivement se transformer en vraie géante (et c’est d’ailleurs cela qui arrivera au Soleil dans quelques milliards d’années). Durant cette phase très particulière de sous-géante, la luminosité de l’étoile dépend alors directement de son âge que l’on peut assez facilement calculer : il découle du temps qui a été nécessaire pour que l’étoile manque d’hydrogène dans son cœur.

 

 

L’étude allemande : luminosité et métallicité

 

télescope spatial Gaïa
mission spatiale Gaïa

 

La question est donc la suivante : à quelle époque s’est constituée la Voie lactée et de quelle manière ?

Comme on l’a dit précédemment, il est possible de dater un ensemble d’étoiles en se focalisant sur les sous-géantes dont l’état transitoire permet de connaître leur âge véritable. À vrai dire, cette caractéristique qui donne tout son intérêt à ce groupe d’étoiles est connue depuis une dizaine d’années déjà mais les études réalisées jusqu’à maintenant portaient tout au plus sur quelques milliers de sujets. En se basant sur les données récentes révélées par la mission spatiale Gaïa et le télescope terrien chinois Lamost, l’étude allemande a pu s’appuyer sur une base de 250 000 sous-géantes. On comprend aisément que plus l’échantillon est important, plus il devient possible de connaître l’âge de différentes parties de la Galaxie et donc de décrypter les différentes phases de sa formation.

En réalité deux paramètres ont été nécessaires pour cette étude : la luminosité des sous-géantes révélée par Gaïa et leur métallicité donnée par Lamost. Mais pourquoi a-t-on également étudié la métallicité de ces sous-géantes et, d’abord, qu’est-ce que c’est ?

On sait qu’une étoile est principalement composée d’hydrogène qu’elle transforme en hélium pour assurer la fusion nucléaire. Toutefois, il existe une petite fraction d’atomes lourds (comme le fer, le carbone, l’oxygène, etc.) qui est également fabriquée en son sein et

télescope chinois Lamost

dispersée lorsqu’elle meurt en explosant. Plus une étoile est d’époque récente et plus elle sera riche en ces éléments lourds « recaptés » lors de sa formation tandis que plus une étoile sera ancienne, moins elle en possédera. Nous avons d’ailleurs vu dans un article précédent que les premières étoiles – celles baptisées « primordiales » -  en étaient totalement dépourvues. Le pourcentage d’éléments lourds que possède une étoile est appelé son indice de métallicité.

Au total, on peut résumer ainsi l’étude : la luminosité des sous-géantes permet d’obtenir une bonne notion de leur âge, âge qui sera considérablement affiné par l’étude de leur degré de métallicité.

 

Âge de la Voie lactée

 

formation de la Voie lactée

 

L’étude a donc porté sur l’âge estimé de cette très spéciale population d’étoiles, les sous-géantes, pour aboutir à une conclusion plutôt inattendue qui « vieillit » notre galaxie. Son évolution semble avoir suivi deux phases bien distinctes :

  1. La constitution il y a 13 milliards d’années (pour mémoire, l’âge de l’univers est estimé à 13,7 milliards d’années) d’un disque proto-galactique bombé (ou épais) abritant les premières générations d’étoiles et
  2. La rencontre avec une galaxie naine déjà évoquée plus avant, Gaïa-Encelade, attirée par le disque primitif de notre galaxie. Du fait de l’apport d’étoiles, ce disque bombé s’est alors affiné (comme expliqué plus avant) avec apparition d’un bulbe galactique et, autour de l’ensemble ainsi formé, du halo d’étoiles.

 

structure de la Voie lactée (PNG/PSG = pôle galactique Nord et Sud)

 

Jusqu’à présent les scientifiques pensaient que le halo était la partie la plus ancienne de notre galaxie et qu’il avait longtemps précédé la formation du disque galactique. Eh bien c’est faux démontrent ces nouvelles données : le disque est tout aussi ancien. Les nouvelles informations apportées par Gaïa montrent que des étoiles trèsprimitives, à faible métallicité, tournent toujours dans le disque ce qui sous-entend que celui-ci existe depuis les débuts de la Galaxie. Plus encore, on peut penser sérieusement aujourd’hui que les étoiles du disque sont certainement parmi les premières à s’être formées. Du coup, c’est toute la formation de la Voie lactée qui est remise en cause…

De ce fait, la « naissance » de la Voie lactée que les scientifiques estimaient avoir eu lieu trois à quatre milliards d’années après le Big bang a fait un bon important dans le passé : les données récentes la situent à présent vers 800 millions d’années, soit peu de temps (en termes astronomiques) après le point de départ initial. Voilà un élément nouveau sur les premiers temps de notre galaxie qui remet en cause notre schéma explicatif de sa formation. Comme quoi, dans le domaine scientifique, rien n’est jamais acquis !

 

Mais ce qui est vrai pour notre galaxie l’est peut-être aussi pour l’ensemble des autres galaxies. Et c’est également tout l’intérêt du lancement réussi il y a quelques mois du télescope spatial James Webb dont on rappelle que l’une des missions fondamentales est précisément d’explorer l’univers primordial et d’apporter plus d’informations sur ses débuts. Décidément, l’avenir astronomique proche risque d’être encore plus passionnant.

 

 

Sources

 * Encyclopaedia Britannica

* https://trustmyscience.com

* Wikipedia France :  fr.wikipedia.org/

* Revue Pour la Science, HS n° 118, février-mars 2023

* Revue Science & Vie, HS  n° 305, février 2023

 

 

Images :

1. la Voie lactée par Serge Brunier

2. filaments cosmiques (sources :  gurumed.org)   

3. galaxie spirale NGC 1232 (crédits : www.cidehom.com  

4. diagramme HR (sources : Wikipedia

5. télescope spatial Gaïa (sources : midilibre.fr)

6. télescope chinois Lamost (sources : oezratty.net)

7. formation de la Voie lactée (sources : astrosurf.com)

8. structure de la Voie lactée (sources : numerama.com)

 

Sujets apparentés sur le blog

1. juste après le Big bang

2. les étoiles primordiales

3. les galaxies

4. la Voie lactée

5. des galaxies aux superamas

 

Mots-clés : protogalaxies - étoiles primordiales - filaments cosmiques - laboratoire spatial Gaïa - étoiles sous-géantes - métallicité stellaire

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mise à jour : 23 avril 2023 

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie

Voici quelques courts articles parus sur le site Facebook du blog

 

NGC 55, GALAXIE IRRÉGULIÈRE

 

NGC 55   Caldwell 72
galaxie irrégulière NGC 55

 

   Une galaxie irrégulière est une galaxie qui ne montre aucune forme particulière, ni spirale (comme notre Voie lactée), ni elliptique. La grande majorité de ces galaxies sont dites naines car elles contiennent pour la plupart moins de 1 milliard d’étoiles, à comparer avec notre galaxie (environ 150 milliards d’étoiles) ou notre proche voisine, Andromède, qui en renferme près de 1000 milliards).

 

   NGC 55 (dite aussi Caldwell 72) ne possède qu’un seul bras et semble structurellement très proche du Grand Nuage de Magellan, une galaxie irrégulière satellite de la nôtre. Toutefois, ce dernier se trouve à environ 180 000 années-lumière de la Voie lactée (et subit donc l’attraction de celle-ci) tandis que NGC 55 est distante d’environ six millions d’années-lumière et était censée faire partie d’un groupe galactique appelé le Sculpteur. Cette dernière notion a été récemment remise en cause : il s’agirait en réalité d’une illusion d’optique, NGC 55 se situant seulement sur la même ligne de visée que ce groupe galactique de même qu’une autre galaxie (NGC 300) avec laquelle elle forme une paire gravitationnelle.

 

   NGC 55 est une galaxie d’environ 60 000 années-lumière de diamètre (90 000 années-lumière pour la Voie lactée) et est difficile à observer en raison de son positionnement qui la montre de profil (au contraire du Grand Nuage). On peut quand même localiser de nombreuses nébuleuses par émission qui trahissent des zones de formation stellaires. Son noyau, brillant et parcouru par des nuages de poussière, révèle de nombreuses jeunes étoiles bleues entourées de groupes d’étoiles rosées.

 

Image : crédit : Martin Pugh

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LES NUAGES DE MAGELLAN

 

Antofagasta (Chili) amas globulaire 37 du Toucan  NGC 104
nuages de Magellan

 

   Prise dans la région d’Antofagasta, dans le nord du Chili, cette intéressante photo nous montre un pic volcanique entouré des deux nuages de Magellan. Le Grand Nuage est sur la droite, le Petit sur la gauche.

 

   Ces petites galaxies satellites de la Voie lactée que nous évoquions il y a quelques jours ont été nommées ainsi en l’honneur du navigateur portugais Fernand de Magellan qui entreprit de faire le tour de la Terre en 1519 et les décrivit lors la première partie de son périple (il mourut à mi-chemin).

 

   Le Grand Nuage se situe à environ 180 000 années-lumière de nous et, satellite de notre galaxie, il comprend environ 30 milliards d’étoiles. Comme toute galaxie irrégulière, il est le siège de la formation de nombreuses étoiles et est riche en objets remarquables (plus de 60 amas globulaires, 700 amas ouverts et pas loin de 400 nébuleuses planétaires).

 

   Le Petit Nuage se trouve quant à lui un peu plus loin (210 000 années-lumière) et, comme le Grand Nuage, est une ancienne galaxie spirale barrée démembrée par la Voie lactée. C’est également, par une nuit libre de toute pollution lumineuse et dans l’hémisphère sud, l’objet le plus éloigné de nous qu’on puisse voir à l‘œil nu.

 

   À gauche du Petit Nuage (on peut également en voir le reflet dans l’étendue d’eau au premier plan de la photo), on aperçoit un gros point lumineux : ce n’est pas une étoile mais l’amas globulaire 47 du Toucan (ou 47 Tucanae ou 47 Tuc ou NGC 104) distant d’environ 15 000 années-lumière. Cet amas est très étudié car, outre qu’il est un des plus gros autour de notre galaxie, il est également riche en pulsars (logique puisque ses étoiles jeunes sont mortes depuis longtemps) mais aussi en « traînards bleus », ces étoiles toutes jeunes créées à partir de vieilles étoiles par l’attraction galactique de la Voie lactée.

 

Crédit photo : Carlos Fairbairn

NASA / GSFC & Michigan

 

 

L’ŒIL DE LA NÉBULEUSE

 

NGC 7293
nébuleuse de l'Hélice

 

   Cette étrange image qui ressemble à un œil gigantesque perdu dans le cosmos (certains l’ont appelé « l’œil de Dieu ») est en fait une nébuleuse planétaire située à 700 années-lumière de la Terre et se projetant en regard de la constellation du Verseau. Elle est baptisée nébuleuse de l’Hélice (NGC 7293). Rappelons qu’une nébuleuse planétaire (un nom particulièrement mal choisi mais historique) est, avec la naine blanche résiduelle centrale, tout ce qu’il reste d’une étoile de type solaire après sa mort.

 

   Comme dans tout objet de ce genre, l’image nous montre une coquille de gaz expulsée à la vitesse d’environ 30 km/s tandis que le noyau central, la naine blanche, se compose de matière dégénérée et mettra des milliards d’années à s’éteindre.

 

   Toutefois, la nébuleuse de l’Hélice n’est pas tout à fait comme les autres. En effet, la naine blanche se trouve au centre d’une immense tache rouge. L’explication la plus probable est que lors de l’expulsion de l’essentiel de la matière, celle-ci est probablement entrée en contact avec une ceinture de débris qui, à la manière de notre propre ceinture de Kuiper, entourait l’étoile mourante. Cette collision a alors entraîné la formation d’immenses nuages de poussière résiduelle.

 

   Il est curieux de constater que si, comme c’est probable, l’étoile était entourée de planètes, celles-ci ont été volatilisées lors de l’explosion stellaire alors que des corps périphériques comme des comètes ont réussi à survivre au désastre.

 

Photo : la nébuleuse Helix NGC 7293

Crédits : NASA, JPL-Caltech, Kate Su (Steward

 

R LEPONIS, L'ÉTOILE VAMPIRE

 

R Leponis étoile sanglante
R Leponis

 

   On le sait bien : plus une étoile est chaude, plus sa couleur tire vers le bleu, plus elle est froide (tout est relatif), plus elle tire vers le rouge. Les étoiles de type Mira (par référence à l’étoile Mira o Ceti) sont des étoiles variables périodiques. Variables car elles semblent pulser en s’élargissant et en se contractant de manière cyclique tandis que leur période de pulsation dépend quant à elle de la taille et du rayon de l’étoile. Ce sont des étoiles géantes rouges qui se trouvent à leur dernier stade de vie.

.

   Dans le texte précédent, nous évoquions les nébuleuses planétaires qui sont le stade suivant. Ici, l’étoile n’a pas encore explosé mais ce moment est proche et son cœur central est sur le point de devenir une naine blanche.

 

   La photo ci-dessus est celle de l’étoile R Leponis, une étoile de type Mira située à environ 1300 années-lumière, en regard de la constellation du Lièvre. On la nomme également « l’Étoile cramoisie de Hind », en mémoire de son découvreur anglais du XIXème siècle qui la décrivit « comme une goutte de sang sur un champ noir ». Changeant de luminosité tous les 14 mois et très proche de sa destruction définitive, elle est à un stade terminal caractérisé par une abondance de carbone au point que les scientifiques en font effectivement une « étoile de carbone ». Ce carbone provient de la fusion de l’hélium près du noyau central en fin de vie et c’est ce carbone qui absorbe le peu de lumière bleue restante, donnant à l’étoile cette couleur rouge sang. La « carbonification » de R Leponis est la conséquence de tout un ensemble de conditions s’opposant à la tendance normale de ces étoiles à maintenir un surplus d'oxygène par rapport au carbone. Et c’est cela qui fait de R Leponis une étoile rare dans notre environnement proche.

 

Photo : l’étoile R Leponis

(crédit & copyright : Martin Pugh

 

 

 

LA GALAXIE DU HAMBURGER

 

NGC 3628
galaxie du Hamburger

         

   La galaxie du Hamburger (NGC 3628) doit son aspect plutôt bizarre au fait qu’il s’agit d’une galaxie spirale vue par la tranche (un peu comme nous voyons le centre de notre propre galaxie). Elle fait partie d’un groupe de trois galaxies avec M65 et M66 appelé le triplet du Lion car située en regard de la constellation du Lion, à environ 35 millions d’années-lumière. Sa taille avoisine les 100 000 années-lumière (à comparer avec les 90 000 années-lumière environ de notre Voie lactée).

 

   Si les deux compagnes de la galaxie du Hamburger sont baptisées M 65 et M 66, prouvant ainsi qu’elles furent cataloguées par l’astronome français Charles Messier, ce n’est pas le cas de NGC 3628 découverte, elle, plus tard (en 1784) par le britannique William Herschel.

 

   NGC 3628 apparaît donc sous la forme d’un disque galactique plutôt rebondi et divisé en deux par une bande sombre de poussière qui empêche d’apercevoir le noyau central ainsi que les bras spiraux riches en nouvelles étoiles brillantes.

 

   La particularité de la galaxie du Hamburger, c’est de posséder une sorte de « traîne » s’étendant sur plus de 300 000 années-lumière et due aux forces gravitationnelles qui la relient aux deux autres galaxies du triplet du Lion. La puissance de ces interactions entraîne à cet endroit la formation de nombreux amas globulaires et pouponnières d’étoiles.

 

Crédits photo : Paul Gardner, Great Basin Observatory et Rogelio Bernal Andreo (DeepSkyColors.com)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LA NÉBULEUSE DE L'ANGE CÉLESTE

 

Sharpless 2-106
nébuleuse de l'Ange

 

   Cette nébuleuse (c’est à dire un ensemble de gaz et de matière situé à l’intérieur de notre galaxie et susceptible de donner naissance à de nouvelles étoiles) a été nommée Sharpless 2-106 (de William Sharpless, son découvreur en 1950). Elle est située en regard de la constellation du Cygne à environ 2000 années-lumière de nous.

 

   Sa forme très particulière fait penser à un sablier ou à un angelot (d’où son appellation). L’explication de cet aspect réside dans la formation d’une étoile supermassive en son centre : un anneau de poussière enserre cet astre en formation et agit comme un lien. Cette sorte de ceinture «resserre» à son niveau la nébuleuse qui est, elle, en expansion, lui donnant cette forme bien spéciale. Les ailes de l’ange sont des formations de gaz extrêmement chaud produites par l’étoile centrale d’où leur couleur bleue.

 

   Une exploration de la zone en infrarouge a pu mettre en évidence la présence de centaines de naines brunes, c’est-à-dire d’objets trop légers (en général 1/10 de la masse de notre soleil) pour enclencher des réactions de fusion nucléaire et « s’allumer » en étoiles véritables. Cette abondance « d’astres obscurs » laisse supposer qu’ils sont en définitive bien plus nombreux dans le cosmos qu’on pourrait le croire.

 

Image : la nébuleuse de l’ange céleste

Sources : NASA, télescope spatial Hubble

 

 

RÉMANENT FANTOMATIQUE

 

W63
rémanent de la supernova W63

 

   Dans l’hémisphère nord, en regard de la constellation du Cygne et le long du plan galactique de la Voie lactée, on peut observer d’étranges figures fantomatiques qui sont les restes d’une étoile morte depuis longtemps. Certains croient y discerner la forme d’un spectre bleuté sur le fond obscur et noir des poussières interstellaires (voir la photo ci-dessus).

 

   Il s’agit en réalité du rémanent d’une supernova dont la coquille continue de s’étendre dans le vide intersidéral : il mesure à présent une taille de 150 années-lumière. Ces restes en expansion se trouvent à environ 5000 années-lumière de nous.

 

   Si la coquille bleutée du rémanent est bien visible, on ne trouve plus trace des restes centraux de l’étoile détruite ou, du moins, ils ne sont pas visibles de la Terre. Baptisée W63, cette étoile géante a explosé en supernova et illuminé quelques unes de nos nuits il y a environ 15 000 ans.

 

Crédits images : Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP) ; NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

L’AMAS GLOBULAIRE M22 ET SES DEUX COMPAGNONS

 

M22
amas globulaire M22

 

   Prise le 31 mars 2017, cette photo nous montre l’amas globulaire M22 (en bas, à gauche), un des plus proches que l’on puisse observer puisqu’il n’est distant de la Terre que de 10 000 années-lumière. C’est un conglomérat de 100 000 étoiles toutes bien plus âgées que notre Soleil. Il abrite également une nébuleuse planétaire (coquille en expansion d’une étoile morte) ce qui est rare pour un tel objet.

 

   Ce jour de mars 2018, M22 se trouvait en compagnie de deux astres et formait une sorte de triangle céleste avec eux. Il s’agit bien entendu d’une illusion d’optique puisque l’astre pâle du haut n’est autre que la planète Saturne dont le disque jaunâtre réfléchit avec force la lumière solaire tandis que l’astre rougeâtre plus bas et à droite de M22 est la planète Mars se rapprochant alors de la Terre.

 

   Si votre définition d’écran le permet, vous pourrez même observer un point minuscule près de Saturne (vers 5 heures) : il s’agit de Titan, son plus grand satellite.

 

Crédits photo : Damian Peach, Robert Nemiroff (MTU) & Jerry Bonnell (UMCP)

NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

GALAXIE POUSSIÉREUSE

 

copie de la Voie lactée
NGC 891

 

   Située en regard de la constellation d’Andromède (ne pas confondre cette constellation, structure imaginaire composée d’étoiles appartenant à notre galaxie avec la grande galaxie d’Andromède), NGC 891 (appelée Silver Sliver Galaxy par les anglo-saxons, c’est-à-dire « petit bout argenté ») est une galaxie spirale vue par la tranche et sensiblement comparable à notre Voie lactée.

 

    Elle est située à un peu moins de 30 millions d’années-lumière et en mesure environ 100 000. Elle est difficile à observer ce qui n’empêcha pas d’y découvrir en août 1986 une des supernovas les plus brillantes jamais découvertes dans les temps modernes. NGC 891 est coupée en son centre par une épaisse bande de poussière qui donne l’impression de la fendre en deux.

 

   Des observations en haute définition sont venues récemment jeter le trouble chez les scientifiques. En effet, s’il existe bien une épaisse couche de poussière au niveau du bulbe central de NGC 891, des filaments de cette poussière s’étendent aussi de part et d’autre du disque galactique sur des centaines d’années-lumière en direction du halo. La cause de ce phénomène divise les spécialistes : pour certains, il s’agit de poussières éjectées du disque par l’explosion de supernovas tandis que d’autres parient plus volontiers sur les traces d’une abondante formation d’étoiles.

 

   Dans le domaine scientifique, de nouvelles observations viennent souvent poser plus de questions que donner de réponses : il faudra attendre qu’un peu de temps (d’observation) passe avant de comprendre ce qui explique de telles images. Peut-être le télescope spatial James Webb ?

 

Crédit image : Jean-Charles Cuillandre (CFHT), Hawaiian Starlight, CFHT

(CFHT est le sigle de Canada-France-Hawaï

 

NÉBULEUSE DU COCON

 

IC 5146
nébuleuse du Cocon

 

   La nébuleuse du Cocon IC 5146 se trouve à 3300 années-lumière de nous, en regard de la constellation du Cygne. C’est une pouponnière d’étoiles.

 

   Comme on peut le voir sur la photo, la partie gauche de la nébuleuse est composée de longues bandes de poussières interstellaires obscures tandis que, à droite, on aperçoit sa partie active associant des nuages rouges d’hydrogène ionisé par la présence des étoiles nouvelles et la lumière bleue par réflexion de la poussière.

 

   Au centre de la nébuleuse siège une étoile brillante, très jeune puisqu’elle n’a probablement pas plus de quelques centaines de milliers d’années. Elle illumine la nébuleuse tout en creusant une sorte de cavité dans le nuage moléculaire.

 

L’ensemble de la nébuleuse revêt un aspect plutôt tourmenté, presque chaotique, propice à la naissance de tout un essaim de nouvelles étoiles.

 

Crédit photo : Marcel Drechsler (Baerenstein Obs.)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 


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mise à jour : 26 mars 2023

 

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #paléontologie

 

allosaurus

   

 

     Cent-cinquante millions d’années, c’est la durée de la domination des dinosaures sur notre planète. Un chiffre difficile à concevoir… À titre de comparaison, l’existence de l’Homme civilisé ne court que sur quelques milliers d’années tandis que notre propre espèce, Homo sapiens, n’apparaît qu’il y a environ 300 000 ans (une durée 500 fois moins étendue que la présence des grands sauriens sur Terre).

 

     Il y a quelques mois, un lecteur m’a fait la remarque qu’un certain nombre d’articles du blog traitait des dinosaures mais sous la forme de sujets épars et que, en conséquence, il était parfois difficile de se faire une idée précise de la chronologie de leur présence. Nous allons donc essayer aujourd’hui de situer brièvement ce si long règne (des renvois aux articles connexes précédemment écrits seront signalés chaque fois que possible).

 

 

Avant les dinosaures

 

     Les dinosaures n’ont certainement pas été les premiers animaux à dominer la Terre. Se terminant au Permien, le paléozoïque (anciennement ère primaire) s’est étendu sur presque 300 millions d’années : c’est dire qu’il a pu s’en passer des choses tant d’un point de vue géologique (dérive des continents) que de celui des êtres vivants ! Quoi qu’il en soit, c’est lors de cette dernière période, le Permien, que la vie sur Terre va subir une extraordinaire catastrophe : la disparition de 95% des espèces marines et de 70% des espèces terrestres.

 

     Tout avait pourtant bien commencé avec, au début du paléozoïque, vers -540 millions d’années (MA), à une époque appelée le Cambrien, une fantastique diversification des espèces vivantes et notamment l’apparition d’animaux multicellulaires dotés de parties dures. Même si de nombreux fossiles antérieurs ont aujourd’hui été mis au jour, il n’en reste pas moins que cette apparition de tant d’espèces en seulement quelques millions d’années reste difficile à expliquer. Près de 290 millions d’années plus tard, à la fin du Permien, la vie est toujours là, différente bien entendu.

 

    Il n’existe alors qu’un seul supercontinent, la Pangée, principalement fixé dans l’hémisphère sud, entouré par un immense océan, la Panthalassa. Sur les terres, le climat est aride, les

la Pangée au Permien

glaces ayant quasiment disparu. Les plantes sont essentiellement représentées par des fougères et des gymnospermes et, déjà, vers la fin de la période, les premiers arbres, des conifères.

 

     Sur terre dominent les thérapsidés anciennement appelés reptiles mammaliens, lointains ancêtres des mammifères. C’est à cette époque qu’apparaît la thermorégulation comme en témoignent la présence de voiles dorsaux chez certaines espèces

pelycosaure (dimetrodon)

(pelycosaures). On trouve également des amphibiens, des arthropodes (insectes, arachnides, scorpions, etc.) et les ancêtres des dinosaures, encore relégués à un rang inférieur. Dans la mer, la vie grouille aussi sous la forme de céphalopodes (nautiles), d’arthropodes (crustacés), de brachiopodes (coquillages bivalves), des coraux (très différents des coraux actuels), et bien d’autres espèces encore.

 

      Durant des millions d’années, ces animaux ont vécu en bon équilibre jusqu’à l’extinction de masse de – 252 MA. En effet, brutalement, une fantastique éruption volcanique (les trapps de Sibérie) va déposer sa lave durant près d’un million d’années sur 4 km d’épaisseur et une surface presque aussi grande que celle de la France. Inutile de préciser que, sur un continent unique rappelons-le, les dégâts seront considérables, notamment pour la faune marine (effet de serre intense, variation de la salinité océane, pluies acides, etc.).

 

       C’est de ce bouleversement imprévu que les dinosaures vont profiter.

 

 

Articles connexes

la Terre boule de neige 

les insectes géants du carbonifère

les extinctions de masse 

l'explosion cambrienne 

le schiste de Burgess

la grande extinction du Permien

 

 

L’aube des dinosaures

 

     On sait bien que le malheur des uns fait le bonheur des autres : l’extinction permienne va permettre l’apparition de nouvelles espèces qui vont pouvoir conquérir les niches écologiques laissées vacantes. En effet, 20 millions d’années après la

Herrerasaurus

catastrophe (ce qui est peu en termes géologiques), les dinosaures avaient commencé à évoluer et à se diversifier. On voit alors apparaître les premiers théropodes (Herrerasaurus), lignée qui aboutira bien plus tard au célèbre Tyrannosaure rex mais également les ornithischiens (Pisanosaurus), lignée qui donnera par la suite les Triceratops.

 

     Les « ancêtres » des dinosaures faisaient partie d’un groupe, les archosauriens, ayant survécu à l’extinction, groupe qui s’est rapidement scindé en deux : d’un côté, les pseudosuschiens dont descendent nos actuels crocodiles et d’autre part, les métatarsaliens dont sont issus les dinosaures. Les pseudosuschiens seront les animaux dominants sur Terre au début du mésozoïque (anciennement ère secondaire), c'est-à-dire au Trias. Ils sont alors les plus nombreux et les plus diversifiés, regroupant des centaines d’espèces différentes plus ou moins crocodiliennes au sein desquelles certains spécimens pouvaient atteindre la taille d’un autobus. Les métatarsaliens avaient donc intérêt à faire profil bas

 

     On comprend donc pourquoi les premiers dinosaures étaient petits et discrets. Vers dix millions d’années après l’extinction de masse, les scientifiques ont mis au jour le fossile d’une sorte de petit reptile bipède d’un maximum d’un mètre de longueur

Eoraptor

et pesant au plus une cinquantaine de kg. Bipède et donc forcément rapide, l’Eoraptor devait être plutôt intelligent et possédait un métabolisme élevé. Voilà une des raisons qui expliquent le succès ultérieur des grands sauriens : pour éviter la compétition avec plus fort qu’eux, ils ont rapetissés ! De nombreux petits dinosaures ont par la suite été identifiés comme vivant à cette époque et ils étaient minuscules. Kongonaphon kely, par exemple, proche de l’ancêtre commun des ptérosaures et des dinosaures, ne mesurait pas plus de 10 cm…

Kangonaphon kely

Certains scientifiques avancent même l’idée qu’entre les premiers archosauriens et l’ancêtre commun que nous venons d’évoquer, la taille des individus a été divisée par deux. D’autres, à l’exemple des mammifères, utiliseront bien plus tard ce subterfuge adaptatif.

 

Articles connexes

spéciations et évolution des espèces

l’Évolution est-elle irréversible ?

hasard, contingence et nécessité 

 

 

L’explosion radiative des dinosaures

 

     On entend par explosion radiative l’évolution rapide, à partir d’un ancêtre commun, d’un ensemble d’espèces caractérisées par une grande diversité écologique. En d’autres termes, c’est la diffusion gagnante d’une famille d’espèces à l’ensemble de la Terre : à la fin du Crétacé, dernière partie du Mésozoïque (anciennement ère secondaire), les dinosaures représentaient à peu près 95% de la biomasse des vertébrés et dominaient pratiquement toutes les niches écologiques ! Comment un succès aussi considérable a-t-il pu se produire ?

 

    Outre la disparition de leurs rivaux anéantis par l’extinction permienne, plusieurs explications ont été avancées par les scientifiques mais la principale d’entre elles est l’apparition chez ces animaux de la bipédie. En effet, les reptiles ne possédaient jusque là que des membres latéraux qui permettaient certes le déplacement mais avec le gros inconvénient d’un abdomen et d’une queue traînant sur le sol d’où un ralentissement évident. Avec, de plus, l’obligation de voir une partie des efforts se diluer dans une reptation souvent poussive. Rien de cela avec les

Thecodontosaurus antiquus, un des premiers bipèdes

nouveaux intervenants qui, grâce à la bipédie, acquièrent quant à eux l’association d’une bonne stabilité corporelle et des pas plus longs leur conférant une locomotion plus fluide, tant du point de vue de la prédation que de la fuite éventuelle. Suite à une probable mutation conférant à ses premiers possesseurs cet avantage évolutif, la sélection naturelle a donc fait le reste avec le succès qu’on connaît.

 

      En quelques millions d’années, voilà les grands sauriens maîtres du monde. Très vite divisés en théropodes carnivores et en sauropodes herbivores, les espèces de dinosaures se diversifient et se multiplient avec conservation de la bipédie chez les carnivores mais retour à la quadrupédie pour la plupart des herbivores qui restent ainsi « plus proches du sol ».

 

      Pour mieux se défendre contre la prédation, les sauropodes vont petit à petit en venir à développer leur corpulence dans un voyage effrénée vers le gigantisme (ce qui obligera dans une espèce de course sans fin les théropodes à en faire de même). Au fil de dizaines de millions d’années d’évolution, on en arrivera à

supersaurus

voir apparaître des animaux tellement grands qu’aucun prédateur ne pourra les attaquer : par exemple, un supersaurus (ayant vécu au Jurassique supérieur entre – 157 et – 145 MA) mesurait environ 40 m de long (soit la taille d’un immeuble de dix étages) pour un poids de 50 tonnes. Il était doté d’un très long cou et, pour assurer l’équilibre de l’ensemble, également affublé d’une queue non moins longue (susceptible de surcroît de fouetter les indésirables) ; campé sur ses quatre énormes pattes semblables aux piliers d’un temple antique, il était hors de portée d’un allosaurus, prédateur de cette époque, qui ne mesurait « que » dix mètres de long pour un poids de 2,3 tonnes (voir l'image en en-tête). Ce dernier n’avait qu’un seul moyen pour manger du supersaurus : écarter un jeune du troupeau ou tomber sur un cadavre !

 

    Ajoutons qu’une autre explication à la conquête du monde par les grands sauriens réside dans la dérive des continents qui va progressivement fragmenter la Pangée, les éparpillant au point de les faire évoluer différemment avant de les replacer en compétition lors d’un nouveau rapprochement des terres, cette histoire se déroulant au fil de dizaines de millions d’années.

 

Articles connexes

le rythme de l’évolution des espèces 

la dérive des continents ou tectonique des plaques

la tentation la tentation du gigantisme

 

 

Un long règne indiscuté

 

     Durant ces cent-cinquante millions d’années de domination inconditionnelle, l’Évolution a permis l’apparition d’un grand nombre d’espèces de dinosaures : les scientifiques en ont identifié à ce jour un bon millier mais il en exista certainement beaucoup plus. Ce sont des millions de générations de grands sauriens qui se sont succédés en se transformant peu à peu mais en respectant toujours la distinction théropodes/sauropodes. La durée de vie de chaque individu était très certainement variable selon la corpulence : plus un animal était petit, plus son espérance de vie était faible. Les scientifiques estiment, par exemple, la durée de vie d’un gros dinosaure herbivore à environ 80 années alors que les petits ne pouvaient espérer que quelques années d’existence. Il faut également tenir compte du fait que, dans la Nature et cela même aujourd’hui, un animal sauvage a peu de chance de mourir effectivement de vieillesse…

 

Tyrannosaure tex, un succès en partie dû à l'endothermie

 

     Un autre élément permet d’expliquer la longue domination de ces animaux : contrairement à ce que l’on avait longtemps pensé, les paléontologues ont pu récemment démontrer que la majorité des dinosaures étaient endothermes, c’est-à-dire qu’ils avaient le sang chaud (ou en tout cas tiède) ce qui leur permettait de mieux s’adapter aux changements de température et d’être actifs toute l’année. Tous les dinosaures ? Non, certaines espèces étaient restées (ou redevenues) ectodermes à la façon des reptiles : c’est par exemple le cas des Triceratops, des Hadrosaures (les fameux dinosaures à bec de canard) ou encore des Stégosaures mais ces espèces étaient certainement minoritaires.

 

     En somme, les dinosaures étaient parfaitement adaptés à leur milieu et l’on peut se demander quelle aurait été leur évolution ultérieure : l’accession à une forme d’intelligence pseudo-humaine est peu probable puisqu’ils avaient eu 150 millions d’années pour l’acquérir. On peut en revanche penser qu’ils seraient encore les maîtres de notre planète si le hasard qui leur avait permis d’apparaître à la fin du Permien ne s’était pas retourné contre eux à la fin du Crétacé.

 

Articles connexes

l’empire des dinosaures

le rythme de l’évolution des espèces

 

Le crépuscule des dinosaures

 

     La météorite géante qui s’écrasa dans le golfe du Mexique aurait très bien pu éviter la Terre si sa trajectoire avait été presque imperceptiblement différente. On sait que Jupiter, la planète géante « proche » de la Terre, lui sert en quelque sorte de bouclier et, parmi les candidats météorites mortels, peu lui échappent. Avec quelques exceptions néanmoins… Il est ainsi vraisemblable que de nombreux astéroïdes mortifères ont dû frôler notre planète durant un laps de temps aussi étendu : cent cinquante millions d’années ! Mais il suffisait d’un seul : en l’occurrence un morceau de roche de 10 km de diamètre arrivant sur le sol à la vitesse de 11 km/seconde pour voir la terreur et la mort se répandre brutalement.

 

     Nous évoquions précédemment le gigantisme des dinosaures, notamment des sauropodes. Ceux-là, notamment, devaient s’alimenter quotidiennement en grande quantité. Les animaux qui n’ont pas été anéanti au moment de l’impact ou par les immenses feux de forêt, raz-de-marée et retombées des projections, se sont retrouvés face à un cataclysme alimentaire : l’hiver dit « nucléaire » provoqué par la stagnation en haute altitude des cendres diverses a fini par détruire, faute de photosynthèse, l’essentiel de la végétation restante. On estime qu’il fallut plusieurs mois pour que ces cendres retombent (le plus souvent sous forme de pluies acides) et plus encore pour recréer un semblant de végétation. Bien trop long pour nos grands sauriens…

 

    La conclusion s’impose d’elle-même ; un vide immense ayant été ouvert et puisque l’on sait que la Vie trouve toujours son chemin, ce sont d’autres animaux qui allaient profiter de l’aubaine en un scénario inversé du Permien : les mammifères jusque là restés fort discret…

 

     En somme, on peut associer la disparition des grands sauriens à un simple

premiers mammifères
premiers mammifères dominant... au hasard d'un météorite

hasard. Un hasard qui profita aux mammifères dont nous semblons être aujourd’hui la forme la plus accomplie, du moins en ce qui concerne l’intellect. On peut toutefois se demander si cette domination, si rapide en termes géologiques, ne risque pas de s’effacer tout aussi rapidement si l’on songe à la transformation radicale que fait subir Homo sapiens à notre planète : toutefois, si cela se produit ce ne sera assurément pas du fait du hasard…

 

Articles connexes

la disparition des dinosaures

des dinosaures de jadis aux oiseaux d'aujourd'hui ?

 

 

 

Addendum

Il est fréquemment fait allusion dans le corps de l’article à des « durées de temps » qu’il semble parfois difficile de se représenter : afin de mieux apprécier la « taille » des différentes époques, on trouvera ci-après une chronologie de la Terre ramenée à une année.

 

* 1er janvier, minuit : naissance de la Terre (- 4,6 milliards d’années)

* 5 mars : premières traces de vie (-3,8 milliards d’années)

* 30 novembre : premiers animaux hors de l’eau

* 16 décembre : apparition des dinosaures

* 26 décembre : disparition des dinosaures

* 31 décembre, 8h : premiers hominidés (- 10 MA)

* 31 décembre, 23h58 : grotte de Lascaux (- 20 000ans)

* 31 décembre, 1er coup de minuit, apogée de l’Empire romain

* 31 décembre, 12ème coup de minuit : aujourd’hui

 

Conclusion : les dinosaures dominèrent la planète durant environ une douzaine de jours et l’Homme moderne la domine depuis… une trentaine de secondes !

 

 

 

Sources

 

* Encyclopaedia Brittanica

* https://lewebpedagogique.com

* Wikipedia France :  fr.wikipedia.org/

* Science & Vie, février 2021

 

Images :

1. allosaurus (sourcesfineartamerica.com)

2. pelycosaure (sources : dinosauria.com)

3. Herrerasaurus (sources : abcdino.com))

4. Euraptor (sources : dkfindout.com)

5. Kangonaphon kely (sources : wikipedia)

6. Thecodontosaurus (sources : pixels.com)

7. Supersaurus (sources : pinterest.com)

8. Tyrannosaure rex (sources : www.futura-sciences.com)

9. premiers mammifères (sources : 24matins.fr)

 

 

 

 


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mise à jour : 6 septembre 2023

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie

 

     Lancé il y a quelques mois, le télescope spatial James Webb (JWST) est un franc succès. La NASA a rendu publiques les premières photos de ce nouvel outil, des prises de vue seulement destinées à "calibrer" l'engin. On a hâte de voir la suite. Pour l'heure - et la confirmation arrivera assez vite - on peut dejà prédire qu'il y aura en astronomie observationnelle un avant et un après !

 

 

 

LE QUINTETTE DE STEPHAN

 

.

     Le télescope Hubble nous avait donné il y a quelques années de superbes images d’un groupe de galaxies nommé le Quintette de Stephan mais le nouveau télescope spatial James Webb (JWST pour James Webb Space Telescope) – qui observe dans l’infrarouge plus précis - va encore plus loin. Beaucoup plus loin. Il nous dévoile une foule de détails inédits : jeunes étoiles nouvellement formées, queues galactiques de poussière et de gaz, jeunes étoiles attirées par les forces gravitationnelles et même des ondes de choc dues à la traversée de l’amas par l’une des galaxies, NGC 7318B.

 

     Comme son nom l’indique, le Quintette de Stephan est composé de cinq galaxies mais seules quatre d’entre elles sont en contact gravitationnel : NGC 7320, la plus à gauche, n’est située, en réalité, qu’à 40 millions d’années-lumière tandis que les quatre autres (NGC 7317, NGC 7319 et NGC 7318 A et B) sont à environ 250 millions d’années-lumière et ce sont ces quatre dernières qui sont amenées à fusionner.

 

     JWST a permis de mettre en évidence le trou noir massif qu’abrite NGC 7319 (la galaxie la plus haute sur l’image), trou noir qui accumule activement de la matière. Il a également permis d’individualiser de multiples étoiles dans NGC 7320 ainsi que son brillant noyau. On peut également y observer les étoiles mourantes dont la fin de vie produit de la poussière sous la forme de points rouges. Les scientifiques ne sont pas habitués à voir autant de détails sur les interactions galactiques et, pour eux, il s’agit là d’un véritable laboratoire d’observation pour comprendre notamment les mécanismes de fusion en jeu.

 

     Ces premières images de ce super télescope spatial permettent d’affirmer que de multiples découvertes sont promises dans les temps à venir. Oui, en termes d’astronomie observationnelle, on peut légitimement parler de révolution !

 

Crédits-photo : NASA, ESA et ASC

 

 

 

LA NÉBULEUSE DE LA CARÊNE

 

photos de la même région de la nébuleuse par James Webb (en haut) et Hubble (en bas)

 

         La nébuleuse de la Carène, située dans l’hémisphère sud, est une des nébuleuses les plus étendues visibles depuis la Terre. On sait bien que ce sont les étoiles qui sont responsables de tels objets puisque naissant à partir de cocons de poussière qu’elles dispersent ensuite. De ce fait, au télescope, on peut observer d’étranges formes ressemblant à des piliers ou à des pics qui donnent l’impression de constructions solides : rien n’est plus trompeur. En fait, ces objets ont une densité infime et sont plus légers que l’air que nous respirons. 

 

     Le télescope Hubble – qui voit dans le domaine de la lumière visible – nous a révélé de la Carène de nombreux détails jusqu’alors ignorés (image du bas ci-jointe) mais le télescope spatial James Webb (JWST) a une vue encore plus perçante puisqu’il observe, lui, dans l’infrarouge (image du haut). Du coup, il amplifie de façon incroyable ce que nous avait déjà dévoilé Hubble (Les deux images concernent la même région de la Carène). La photo du haut (JWST) montre des centaines d’étoiles en formation que l’on n’avait jamais vues auparavant. La résolution est telle qu’on découvre alors un paysage d’une précision absolue dans lequel l’intense rayonnement ultraviolet des étoiles nouvelles creuse dans le gaz dont elles naissent tout un ensemble de vallées et de montagnes de poussière. JWST débute décidément en fanfare !

 

Crédits-photos : NASA, ESA, ASC

 

 

 

LA GALAXIE M74

 

 

     Une des premières images offertes par le nouveau télescope spatial James Webb (JWST) est celle de la superbe galaxie M74. Les images que nous avait données Hubble en son temps étaient spectaculaires mais celles prises par JWST dépassent tout ce que pouvaient espérer les scientifiques…

 

     M74 (ou NGC 628), également appelée la galaxie fantôme car difficile à photographier, contient à peu près 100 milliards d’étoiles et se situe à environ 30 millions d’années-lumière, en regard de la constellation des Poissons. Elle a depuis longtemps été considérée par les astronomes comme le parfait exemple d’une galaxie spirale type avec ses deux bras spiraux majestueux. Bien que ne pesant que le 1/5 de la masse de la Voie lactée, son diamètre approche les 85 000 années-lumière et ses bras spiraux contiennent une impressionnante quantité d’étoiles jeunes ou en formation.

 

     Sur la photo prise par JWST, M74 apparaît sous la forme d’un gigantesque tourbillon de poussière et de gaz avec des alternances de poches de densité et des creux d’où la matière semble avoir été chassée, l’ensemble coexistant avec des pouponnières d’étoiles nouvelles. La région centrale de M74 est particulièrement bien détaillée dans l’image ci-jointe. On y trouve une quantité de détails sans précédent qui permettra, le temps venant, d’extraire une colossale quantité de données. Or il s’agit là d’une vision de loin de notre propre galaxie. Le nouveau télescope spatial n’a pas fini de nous étonner !

 

Crédits-photo : NASA, ESA, ASC

 

 

 

LA NÉBULEUSE DE L’ANNEAU AUSTRAL

 

 

     La nébuleuse de l’Anneau austral (NGC 3132), également appelée « nébuleuse aux huit éclats » par une erreur de traduction de l’anglais puisque « eight burst » signifie en réalité « explosion en huit », est une nébuleuse planétaire (terme « historique » qui n’a rien à voir avec une quelconque planète). Située à environ 2000 années-lumière de nous. Elle a un diamètre de presque une année-lumière (nouvelle estimation grâce à JWST) ce qui représente près de 1500 fois la distance entre le Soleil et Pluton.

.

     Son centre est occupé par deux étoiles : une naine blanche (la moins brillante) responsable de la nébuleuse et une compagne au seuil de sa mort. Celle-ci donnera alors une autre nébuleuse qui viendra s’ajouter à la première. Sur le cliché pris par la composante NIRcam du télescope qui observe en infrarouge proche, on peut seulement voir le compagnon de la naine blanche près du centre (image de gauche) tandis que l’image de droite prise par sa composante MIRI (infrarouge moyen) permet de voir les deux étoiles tout en étant moins précis pour la périphérie nébulaire.

 

     C’est la complexité du mouvement orbital des deux astres qui est à l’origine des structures complexes de la nébuleuse. Hubble donne des images moins précises (quoique révolutionnaires pour son époque) que celles de James Webb, lequel, avec une exactitude incroyable, dévoile l’ensemble de l’objet.

 

Crédits-photo : NASA, ESA, ASC

 

 

L’UNIVERS LOINTAIN

 

 

     L’une des premières missions du JWST (et la raison de sa construction au départ) est l’exploration des tout premiers instants de l’Univers. Le cliché ci-dessus pris par lui renferme plusieurs milliers de galaxies dont quelques unes datent de peu après le Big bang il y a plus de 13 milliards d’années. On peut y voir au centre l’amas de galaxies SMACS 0723 tel qu’il apparaissait il y a 4,6 milliards d’années. Toutefois, par le mécanisme de lentille gravitationnelle que nous avons souvent évoqué ici, SMACS 0723 permet, par cet effet de loupe, de faire apparaître des objets cosmiques bien plus lointains situés derrière lui : on obtient donc un « champ profond » analogue à ceux qui ont fait la gloire du télescope Hubble… mais en encore plus précis ! Si l’on songe que cette photo n’a nécessité qu’une longueur d’exposition d’un peu plus de douze heures, on comprend toutes les possibilités offertes par des temps d’exposition plus étendus…

 

Crédits-photo : NASA, ESA, ASC

 

 

 

L’EXOPLANÈTE WASP-96b

 

spectre atmosphérique de WASP-96b par le télescope James Weeb

 

     WASP-96 est une étoile de type solaire située à environ 1150 années-lumière, en regard de la constellation du Phénix, dans l’hémisphère sud, et, comme son appellation l’indique, WASP-96b est la seconde planète tournant autour de cette étoile. Découverte en 2014, cette planète est une géante gazeuse (un « Jupiter chaud ») faisant le tour de son étoile en 3,4 j. Sa masse est la moitié de celle de Jupiter et sa température moyenne est de plus de 500°.

 

     Avant l’observation de son spectre par le JWST, il était communément admis que WASP-96b était sans nuages. Faux, nous dit le télescope : son atmosphère recèle des nuages et des brumes. Il a de plus confirmé la présence d’eau en observant la lumière qui la traverse. On devine que la prochaine étape de l’étude de la planète sera de savoir quelle quantité d’eau renferme la planète ainsi que la composition exacte de son atmosphère…

 

Crédits-photo : NASA, ESA, ASC

 

 

 

LA GALAXIE DE LA ROUE DU CHARIOT

 

 

    À environ 500 millions d’années-lumière, en regard de la constellation du Sculpteur dans l’hémisphère sud, on peut observer la superbe galaxie du Chariot ( ESO 350-40). À l’origine, cette galaxie spirale était semblable à notre Voie lactée mais traversée à grande vitesse par une autre galaxie plus petite, elle a été profondément remaniée jusqu’à lui donner cette apparence de roue qui lui vaut son nom actuel.

 

      Déjà remarquablement observée par le télescope spatial Hubble il y a quelques années, le télescope James Webb (JWST) la décline aujourd’hui dans toute sa splendeur avec force de détails supplémentaires.

 

      On peut ainsi observer que le choc intergalactique a créé une structure en double anneau s’étendant du centre vers la périphérie. Au centre, outre la vision bien plus précise de son trou noir central, le premier et très brillant anneau renferme d’immenses zones de nouvelles étoiles et de poussière, conséquences du choc. S’étendant quant à lui sur près de 440 millions d’années-lumière, le second anneau se heurte au gaz alentour entraînant la création de centaines de milliers d’étoiles nouvelles dont certaines ont pu être individualisées (points bleus dans la photo ci-jointe).

 

       L’observation en infrarouge par le JWST a permis d’affiner la structure de la poussière galactique présente, révélant non seulement des hydrocarbures et autres corps chimiques mais également de la poussière de silicate. L’ensemble de ces régions forment des rayons spiralés constituant l’armature de la galaxie, lui conférant ainsi cet aspect si particulier.

 

.Crédits-photo : Nasa, ESA, CSA, STScI, Webb ERO Production Team

 

 

 


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mise à jour : 26 mars 2023

 

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #astronomie

Voici quelques courts articles parus sur le site Facebook du blog

 

 

 

VESTIGES GALACTIQUES

 

NGC 5907

 

   La galaxie qui se trouve au centre de l’image ci-dessus et qui est strictement observée par la tranche s’appelle la galaxie de l’Écharde (NGC 5907), dite aussi galaxie de la lame de couteau (pour sa forme aiguisée). Découverte par William Herschel en 1788, elle est située à 43 millions d’années-lumière, en regard de la constellation du Dragon.

 

   Ce qui la rend un peu particulière, c’est la présence de vastes courants stellaires qui paraissent l’encercler : ces formes arquées s’éloignent jusqu’à plus de 150 000 années-lumière de la galaxie et sont à l’évidence le fruit de forces gravitationnelles. Mais d’où viennent ces étranges rubans qui dessinent ces circonvolutions tout autour de la galaxie de l’Écharde ?

 

   Il s’agit des restes d’une galaxie naine, en fait les débris de celle-ci, qui fut désagrégée puis absorbée par la galaxie principale il y a plus de 4 milliards d’années : il ne reste donc plus de l’ancienne galaxie satellite qu’une image fantomatique…

 

   Ce cliché rare de la galaxie de l’Écharde montre une fois de plus ce que nous savons déjà : les galaxies se forment et grossissent par absorption de galaxies plus petites jusqu’à ce que ne restent plus dans le groupe galactique que deux (ou trois) géantes qui finiront par fusionner pour n’en former plus qu’une : ce qui arrivera dans environ cinq milliards d’années à notre Voie lactée associée à la galaxie d’Andromède.

 

Crédit image : R Jay Gabany (Blackbird Observatory), Nouveau-Mexique (USA)

 

 

 

GALAXIE À NOYAU POLAIRE

 

NGC 660

 

 

   Découverte par William Herschel en 1784 et située à environ 40 millions d’années-lumière de nous, en regard de l’extrémité de la constellation des Poissons, NGC 660 affiche une apparence assez particulière comme on peut le voir sur l’image ci-après. Ce type de galaxies plutôt rare est appelé « à anneau polaire » parce qu’un anneau formé de gaz et d’étoiles tourne autour de ses pôles à la perpendiculaire du plan galactique principal ce qui donne à l’ensemble une forme de croix.

 

  Comme précédemment avec la galaxie de l’Écharde et ses reliquats fantomatiques, on pense que c’est également une capture de matière qui est responsable de cette curieuse image, matière provenant ici d’une galaxie phagocytée par NGC 660. Des forces de gravitation gigantesques expliquent les nombreuses pouponnières d’étoiles rosées répandues tout au long de l’anneau (en fait plus grand que le disque lui-même et mesurant pas moins de 50 000 années-lumière).

 

   Un autre fait intéressant est à noter avec ce type de galaxies : on peut tenter d’apprécier les influences gravitationnelles respectives de la matière noire qui entoure à la fois le plan principal et l’anneau en calculant les vitesses de rotation spécifiques des deux immenses formations stellaires.

 

Image : crédit & copyright : CHART32 Team; Traitement - Johannes Schedler

(ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U).

 

 

 

HH24, NAISSANCE D’UNE ÉTOILE

 

HH 24

 

 

   La photo ci-dessus, prise par le télescope spatial Hubble, pointe un objet de Herbig-Haro (ici HH24), c’est-à-dire une nébulosité en rapport avec la naissance d’une étoile. Situé à environ 1300 années-lumière de nous, HH 24 se trouve dans le nuage moléculaire d’Orion, une nébuleuse sombre de la ceinture d’Orion.

 

   L’étoile naissante (ou proto-étoile) n’est pas visible car cachée par un nuage de poussière et de gaz qui se comporte comme un disque d’accrétion en rotation : lorsque cette matière tombe sur la proto-étoile, celle-ci s’échauffe et d’immenses jets opposés apparaissent tout au long de l’axe de rotation de l’ensemble.

 

   On peut alors distinguer deux traits de feu qui traversent l’ensemble de la matière interstellaire proche en induisant une infinité d’ondes de choc. Vu de Hubble, on se croirait dans un décor de science-fiction…

 

Crédit Image : NASA, ESA, Hubble Heritage (STScI/AURA)/Hubble-Europe

 

 

 

ÉTOILES ET NÉBULEUSES DE POUSSIÈRE

 

en regard de la constellation de la Couronne australe

 

   À environ 500 années-lumière de nous se trouve le bord nord d’une petite constellation de l’hémisphère sud nommée la Couronne australe, un endroit qui est une pouponnière d’étoiles. Toutefois, ces nouvelles étoiles ne sont pas directement observables parce que leur lumière est bloquée par de vastes nuages de poussière.

 

   Ce sont les nébuleuses par réflexion qu’elles provoquent - immenses nuages de lumière bleue observables sur la photo - qui les révèlent : ces nouvelles étoiles ne sont pas encore assez chaudes pour ioniser le nuage de poussière (et induire des nébuleuses par émission) mais suffisamment quand même pour disperser la lumière et rendre la poussière visible.

 

   Sur la gauche de l’image, on peut observer une petite nébuleuse jaune en émission et en réflexion (NGC 6729) qui entoure une jeune étoile variable, R Coronae Australis. Regardons encore un peu plus bas pour apercevoir de jeunes étoiles en formation dans leur cocon de poussière qui font jaillir des objets de Herbig-Haro (HH) comme ceux que nous évoquions précédemment.

 

   Il y a soixante ans, une partie des scientifiques doutait de la réalité de la création continue d’étoiles. Son chef de file était le brillant astronome anglais Fred Hoyle qui croyait à un « état stationnaire » de l’Univers : il alla jusqu’à se moquer de ses adversaires en qualifiant, lors d’une émission radiophonique restée célèbre, leur théorie de « Big bang », appellation qui eut le succès que l’on sait. Le télescope spatial Hubble, par le simple cliché que nous venons d’étudier, aurait immédiatement convaincu Fred Hoyle de son erreur et mis tout le monde d’accord.

 

Crédit image : Eric Coles et Martin Pugh

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 

 

LES TROUS NOIRS DES GALAXIES EN FUSION

 

Arp 299

 

 

   Sur l’image ci-dessus, on peut observer deux galaxies en train de fusionner, l’ensemble étant nommé ARP 299. Les scientifiques se sont servis des satellites NuSTAR et Chandra (rayons X) ainsi que du télescope spatial Hubble (lumière visible) pour étudier ce que pouvaient bien devenir les trous noirs respectifs des dites galaxies.

 

   Ces deux galaxies sont en collision, donc en rivalité gravitationnelle depuis plusieurs millions d’années et leurs trous noirs ne sont pas encore entrés en contact direct.

 

   Les observations montrent un fait intéressant : seul un des deux trous noirs fait son chemin vers l’autre (galaxie de gauche) : il traverse d’immenses zones de gaz et de poussière, émettant en conséquence des rayons X qui sont l’expression de l’absorption de matière (halo bleu, vert et rouge selon l’intensité de l’activité).

 

   Pour ce qui concerne la galaxie de droite, il existe aussi un rayonnement d’énergie mais uniquement produit à l’extérieur de l’horizon du trou noir.

 

   Lorsque la fusion des deux galaxies sera complète dans environ un milliard d’années, il ne subsistera qu’une seule galaxie dont le centre sera occupé par un trou noir supermassif. Il ne restera plus à cette galaxie - si cela est possible - que de fusionner avec une autre galaxie de son propre groupe local et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne demeure plus qu’une seule galaxie géante. Le même processus est enclenché dans notre groupe local de galaxies avec la fusion programmée dans quatre à cinq milliards d’années de notre Voie lactée avec sa voisine, la galaxie géante Andromède (M31).

 

Crédit photo : NASA, JPL-Caltech, GSFC, Hubble, NuSTAR

 

 

 

LA NÉBULEUSE D’ORION, POUPONNIÈRE D’ÉTOILES

 

grande nébuleuse d'Orion

 

 

   La nébuleuse d’Orion est un grand nuage de gaz s’étendant sur 33 années-lumière de large, connu et répertorié sous les sigles M42 (catalogue de Messier) ou NGC 1976 (New General Catalog) et qu’on peut voir en plein centre de la constellation d’Orion (d’où son nom). Cette zone est une véritable maternité d’étoiles, avec tellement d’astres présents qu’on la croirait illuminée de l’intérieur comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.

 

   On peut y distinguer l’association de la nébuleuse d’Orion M42 en rouge (couleur de l’hydrogène) et d’une nébuleuse bleue, située sur la gauche de M42, nommée NGC 1977, mais également appelée la nébuleuse de l’Homme qui court.

 

   Le gros point bleu brillant se trouvant à droite, en bas de la tache rouge formée par M 42, est la nébuleuse NGC 1980. Cette dernière est en fait associée à un amas ouvert, c’est-à-dire un ensemble d’étoiles très jeunes et nées ensemble, encore liées entre elles par la gravitation : les étoiles de NGC 1980 ont toutes moins de cinq millions d’années d’âge.

 

   À gauche de la nébuleuse bleue NGC 1977, on aperçoit des étoiles bleues qui appartiennent à une autre nébuleuse NGC 1981, également un amas ouvert mais plus ancien regroupant une cinquantaine d’étoiles approximativement âgées de 150 millions d’années.

 

   Concernant la nébuleuse d’Orion et sa voisine NGC 1977, grâce à la technologie infrarouge qui explore les zones froides, on arrive à présent à objectiver les étoiles très jeunes cachées dans les épais nuages de gaz et de poussière. Ici, le gaz brillant de la constellation d’Orion baigne les nouvelles étoiles jeunes et chaudes situées à la frontière du nuage moléculaire géant. En plein centre de la nébuleuse, se trouvent quatre étoiles bleues qui forment une espèce de trapèze : leur lumière est absorbée par les atomes de gaz qui la réémettent (d’où le terme de nébuleuse par émission) selon leur structure propre et donc dans des couleurs différentes, à savoir rouge pour l’hydrogène et l’azote, vert pour l’oxygène. Ce sont ces réémissions à grande distance qui trahissent la présence des nouvelles étoiles, autrement cachées en lumière visible.

 

Crédit & Copyright: Tony Hallas

 

 

 

GALAXIE SPIRALE COTONNEUSE NGC 4414 ET MATIÉRE NOIRE

 

NGC 4414

 

   Un tiers des galaxies spirales appartient au groupe dit des galaxies spirales cotonneuses. En quoi une spirale cotonneuse est-elle différente d’une spirale plus classique comme notre Voie lactée ? Eh bien, chez une cotonneuse, les bras spiraux n’existent pas de façon individuelle ou bien sont irréguliers ou discontinus. (voir l’image ci-dessus de la galaxie cotonneuse NGC 4414 par le télescope spatial Hubble). Ces objets font partie des galaxies spirales irrégulières.

 

   La spirale cotonneuse NGC 4414 est située approximativement à 62 millions d’années-lumière de nous, en regard de la constellation de la Chevelure de Bérénice et elle est d’une taille d’environ moitié moindre que celle de la Voie lactée. Ce qu’il est particulièrement intéressant de noter, c’est que les étoiles situées près du bord (visible) de la galaxie tournent beaucoup plus vite que ne le voudrait la seule présence de la matière visible : il faut donc un autre intervenant pour expliquer cette étrangeté et c’est bien sûr la présence d’une importante quantité de matière noire qui vient à l’esprit.

 

   Depuis les années 1930, les scientifiques se sont en effet acharnés à calculer les vitesses de rotation des étoiles dans les galaxies et ils ont pu constater que cette vitesse ne diminue pas comme elle devrait au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre galactique : il existe donc un halo invisible entourant la galaxie qui, au total, est bien plus grosse que ce que l’on voit (ou croit voir). Cette matière noire ne pouvant en aucun cas se trouver dans le disque galactique lui-même (le mouvement des étoiles en montrerait les signes indirects), ce sont ces halos (prolongeant celui visible de la galaxie ou, parfois, perpendiculaire à lui) qui sont les objets de toutes les recherches.

 

   Le galaxies spirales cotonneuses, par leur compacité apparente, sont un moyen différent d’apprécier la distribution des deux matières visible et noire.

 

Crédit : NASA, ESA, W. Freedman (U. Chicago) et al., & the Hubble Heritage Team (AURA/STScI), SDSS; Traitement: Judy Schmidt

 

 

 

RS PUPPI, VRAIE CÉPHÉIDE DANS LA VOIE LACTÉE

 

étoile RS Puppi

 

   Une céphéide est une étoile géante ou supergéante de couleur jaune dont la masse représente entre 4 à 15 fois celle du Soleil tandis qu'elle est de 100 à 300 000 fois plus lumineuse que lui. Sa caractéristique principale est que son éclat varie de manière périodique de 0,1 à 2 magnitudes (la magnitude est l’éclat apparent d’une étoile) selon une période fixe comprise entre 1 et 100 jours. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les céphéides sont également appelées « étoiles variables », le terme céphéide provenant de la première d'entre elles découverte dans la constellation de Céphée.

 

   Au centre de l’image ci-dessus resplendit l’extraordinaire RS Puppi (constellation de la Poupe, hémisphère sud) trônant au centre d’une immense nébuleuse par réflexion. Dix fois plus massive que le Soleil, elle est 15 000 fois plus lumineuse. RS Puppi est une céphéide variant de façon totalement régulière sur une période de 40 jours. Ces changements de nébulosité si constants permettent par certaines méthodes (mesure du retard et de la taille angulaire de la nébuleuse) de déterminer exactement la distance de l’étoile : ici, 6 500 années-lumière avec une marge d’erreur de moins de 90 années-lumière, c’est-à-dire très faible.

 

   C’est avec des céphéides comme celle-ci que les scientifiques ont pu déterminer les distances de l’univers (par la relation période-luminosité de Leawitt), et notamment la place de la Voie lactée dans le grand concert des galaxies.

 

Image : la céphéide RS Puppi (crédit-photo : Crédit : NASA, ESA, Hubble Heritage Team)

(photo : RS Puppi cepheides)

 

 

AMAS GLOBULAIRE 47 TUCANAE (NGC 104)

 

amas globulaire 47 Tuc

 

    L’objet que l’on peut voir sur l’image ci-dessus est un amas globulaire. Ce type de structure est celui d’un amas stellaire très dense, contenant typiquement plusieurs centaines de milliers d'étoiles. Celles-ci sont généralement des géantes rouges mais certains de ces amas contiennent des géantes bleues (les traînards bleus) qui sont des étoiles nouvellement formées, probablement par fusion d’étoiles plus anciennes sous la pression des forces gravitationnelles générées par la proximité de notre galaxie.

 

   Les amas globulaires, au nombre d’environ 150 à 200 autour de la Voie lactée, sont très anciens car ils ont été formés à peu près en même temps que notre galaxie, il y a environ 13 milliards d’années, peu de temps après le Big bang.

 

  L’amas 47 Tucanae (ou 47 Tuc) de la photo est un superbe objet astronomique visible dans l’hémisphère sud, en regard de la constellation du Toucan et à proximité de la petite galaxie satellite, le Petit Nuage de Magellan. Situé à 13 000 années-lumière de nous, sa proximité avec le Petit Nuage n’est bien sûr qu’apparente, celui-ci se situant bien au-delà, à environ 210 000 années-lumière. 147 Tuc, très dense, contient plusieurs millions d’étoiles s’étalant sur moins de 120 années-lumière : pour un éventuel habitant d’un système stellaire local, les nuits doivent être particulièrement brillantes…

 

   Le cœur de 47 Tuc est spécialement étincelant, marqué à sa périphérie par de nombreuses géantes rouges qui confèrent à l’ensemble un éclat jaunâtre.

 

Image : crédit & copyright: Ivan Eder (NASA)

 

 

 

DES FANTÔMES DANS L’ESPACE

 

IC 59 et IC 63

 

   Si nos grands anciens avaient possédé les instruments de notre époque et qu’ils aient alors regardé en direction de Cassiopée, ils auraient été effrayés de découvrir dans les cieux des formes étranges, tels ces fantômes comme sortis du néant (voir photo ci-dessus). Il s’agit en fait des nuages IC 63 (à droite) et IC 59 (à gauche).

 

   Ils ne sont éloignés de nous que de 600 années-lumière ce qui est peu à l’échelle du cosmos (mais immense à l’échelle humaine puisqu’il faudrait, dans le meilleur des cas, plus de 3000 ans pour se rendre sur place à partir de la Terre). C’est la géante bleue Gamma Cassiopae, cataloguée en tant qu’étoile variable irrégulière, qui éclaire la scène.

 

   Le nuage de gauche apparaît en bleu en raison de la poussière réfléchie par les étoiles environnantes tandis que le nuage de gauche, de teinte rouge, témoigne de l’action ultraviolette de Gamma Cassiopae, plus proche puisque à moins de quatre années-lumière de lui. L’ensemble étoile et nuages fantomatiques s’étend sur environ 10 années-lumière.

.

Crédit -image : Ken Crawford (Rancho Del Sol Obs.)

ASD de NASA / GSFC & Michigan Tech. U.

 


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mise à jour : 27 mars 2023

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