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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

Publié le par cepheides
Publié dans : #Évolution



Pour le trentième article du blog, il me paraît judicieux de revenir sur les commentaires les plus intéressants parus au fil des jours.  Au delà de la simple information, quelquefois passé inaperçue,  ils pourront peut-être permettre d'approfondir certaines idées... Aujourd'hui : la théorie de l’évolution.
Bonne lecture
.


 

Charles Darwin




 


Sujet
 : science et religion


4 septembre 2007 (par Didier R.)

     Je prends toujours un grand plaisir à te lire et à suivre ainsi le cours de tes idées. Cependant, je ne comprends pas bien pourquoi tu reprends ce vieux procès qui consiste à opposer religion et Science… Dans la bibliothèque de Platon, il y avait un rayon des ouvrages de "physique", en gros les sciences naturelles, et au dessus le rayon de ouvrages traitant de morale, de religion, de convictions diverses et en raison de son emplacement par rapport au premier on l'appelait la " méta, au dessus-donc, physique ".  Rien à voir l'un avec l'autre ; c'était il y a deux mille cinq cent ans…
     Je ne sais pas quelle est la part du hasard dans la marche de l'univers, pas plus que son origine ou sa fin, pas davantage le sens du temps, encore moins l'explication de notre existence, qui jusqu'à présent est la chose la plus compliquée qui soit… le cerveau humain… quand même…
     Il n'est pas dans mon propos de contester l'évolution mais enfin, comme beaucoup et toi aussi je suppose, on ne peut laisser la pensée s'arrêter à des certitudes au risque de la stériliser.
     Je ne sais pas si tu as lu cette polémique à propos du sphénoïde… Un chercheur français a cru pouvoir démontrer que les deux torsions qui caractérisent cet os sont issues d'un programme génétique bien antérieur à l'apparition de l'homme, ce qui pourrait signifier que la torsion aurait été prévue avant qu'elle ne se produise et que par conséquent le développement de l'encéphale eut été ainsi rendu possible… énorme polémique scientifique… les créationnistes avaient encore frappé ! Autre histoire, le flagelle… il parait que sa constitution et sa mécanique serait un défi aux lois de l'évolution....
     Un peu de science éloigne de Dieu, un peu plus y ramène, disait l'autre, c'est à dire je ne sais plus qui… Enfin, je citerai encore ce mot qui pour ma part, me convient infiniment dans son ambiguïté : " l'exact n'est pas le vrai…"… Pas très scientifique sans doute, ce bon Victor Hugo....

 

Réponse (par cepheides)

     Loin de moi l'idée de vouloir rouvrir un débat opposant science et religion ! Comme tu as pu le constater, les sujets du blog évoquant la religion sont rares et concernent toujours, non la Religion, mais certains de ses thuriféraires, c'est à dire ses fanatiques ou, pour parler plus moderne, ses intégristes. Je pense tout particulièrement à certains créationnistes extrémistes comme les évangélistes américains (mais il existe de tels individus dans toute religion). Pourquoi eux ? Parce qu'ils rejettent toutes les preuves, expériences, théories et hypothèses scientifiques qui ne cadrent pas avec leur approche absolutiste (Comment peut-on prétendre raisonnablement aujourd'hui que la Terre a 5 000 ans ou que "Adam et Ève furent les premiers humains" ?). Cela ne me gênerait pas outre mesure s'ils ne faisaient pression sur les autorités responsables pour invalider ou neutraliser la recherche scientifique (voir, par exemple, les efforts développés par les tenants du "dessein intelligent"). Il s'agit là pour moi d'un déni de réalité qu'il faut combattre parce que, oui, cette approche partisane est bel et bien de la censure. Heureusement, il existe d'autres croyants (ne les appelons-pas créationnistes même s'ils le sont car le terme est trop dévalué) qui, tel le Pape Jean-Paul II ont su comprendre que, par exemple, la théorie de l'Evolution était la seule explication un peu construite pour expliquer le monde dans lequel nous vivons.

     Tu me dis par ailleurs qu'il ne faut pas se laisser aller à des certitudes sous peine de stériliser la pensée scientifique : tout au long de ce blog, j'ai cherché, en effet, à expliquer que la science avançait par tâtonnements et par hypothèses momentanément acceptés tant qu'il n'a pas été découvert quelque chose de plus convaincant, qu'il ne fallait jamais se contenter de ce que l'on croyait sur le moment puisque le moment d'après pouvait tout invalider et que, au bout du compte, la grandeur de la Science était précisément de savoir se remettre constamment en cause, même sur des sujets considérés comme acquis. Il n'en reste pas moins qu'il existe quelques vérités scientifiques, comme le fait que la Terre tourne autour du Soleil et que ce dernier appartient à une galaxie bien précise : le contester - quel qu'en soit le motif - me semble être un retour en arrière et, surtout, une menace pour l'avenir.
     Concernant le point plus précis que tu soulèves sur le sphénoïde, il me semble que cela rappelle tout à fait la critique faite à Darwin sur l'origine de l'œil (Comment l'œil a-t-il pu s'élaborer progressivement au fil des âges géologiques si l'on n'a pas AU DEPART prévu sa fonction qui est de voir ? Darwin en son temps y a répondu brillamment et les évolutionnistes aujourd'hui ont pu valider ses affirmations à l'époque encore en partie théoriques). Cela me donne d'ailleurs l'idée de prévoir un sujet sur cette question, plus générale qu'il n'y paraît et qui pourrait s'inscrire dans un sujet de réponses circonstanciées aux délires créationnistes (tu sais, les intégristes de tout à l'heure, pas les croyants en général !). Mais, au delà du réel problème posé par ces gens, ce que je souhaite surtout, c'est qu'on discute de science...




 


Sujet
 : la sixième extinction


28 août 2007 (par Carême-Prenant)

     Alors, tu penses vraiment que la 6ème grande extinction, c'est pour maintenant ? Mais si c'était le seul moyen pour faire avancer l'humanité, je veux dire, que le progrès passe par la transformation de la planète ? Dans ce cas, tu penses pas que ça serait le prix à payer ? Moi, je me dis que à condition que la Terre reste habitable, il faut bien nourrir et faire prospérer les humains, alors...

 

Réponse (par cepheides)

     Je suis persuadé que la 6ème extinction de masse est en cours bien qu'elle ne ressemble pas aux autres : ici, nul phénomène physique comme une glaciation ou une météorite géante mais l'action néfaste d'un des êtres vivants peuplant la planète... Je veux bien que ce soit en partie inévitable mais il y a des limites qui, à mon sens, sont franchies. Je ne suis, en effet, pas persuadé que les actions entreprises par l'Humanité soient si indispensables. L'effet de serre prévisible par la consommation excessive des ressources fossiles (je pense - mais ce n'est qu'un exemple - aux centrales à charbon chinoises) pourrait être atténué... sauf que la recherche sans limite du profit ne va pas dans le bon sens. On peut, bien sûr, développer les énergies renouvelables (éoliennes mais elles dégradent l'environnement, le solaire, etc.) mais, là aussi, on atteindra assez vite des limites : c'est la raison pour laquelle je suis partisan du nucléaire, non polluant à condition qu'on résolve le problème du stockage des déchets radioactifs, ce qui doit être possible avec un peu de bonne volonté (et d'argent mais il y a urgence, non?). Bien au-delà, la destruction des océans, des nappes phréatiques, des endroits encore sauvages, des forêts primitives, etc. sont un non-sens : il faut réagir mais cela sous-entend de renoncer au profit... Alors, transformer a minima la Terre pour que tout le monde puisse y coexister honorablement, c'est d'accord, mais pas le saccage incontrôlé actuel. Faudra-t-il prendre des mesures d'exception et forcément coercitives ? J'espère que non mais...




Article : l’œil, organe-phare de l’évolution

 



Sujet : durée des âges géologiques

2 novembre 2007 (par Henri L.)

     Bien vue cette évolution naturelle de l'œil ! Et ce serait pareil pour tous les organes, du plus simple au plus compliqué... Cela peut parfois paraître difficile à saisir (la complexité de l'organe) que la solution la plus simple et de penser que "tout était prévu au départ" : erreur ! Des millions et des millions de petites solutions provisoires, certaines retenues comme avantageuses par l'Evolution, se sont succédées au fil de millions d'années pour aboutir à l'organe définitif (ou je devrais dire plutôt "organe achevé" car qui nous dit que c'est définitif puisque, au fond, le milieu peut certainement encore changer...). Ce que l'on n'arrive pas à concevoir, au fond, c'est la longueur du temps : tous ces millions d'années ! Alors que nous n'avons de civilisation que, disons, allez, au plus depuis 7000 ans. D'où cette image qui permet de mieux comprendre : si on compare la durée de la Terre (depuis sa naissance) à la tour Eiffel, eh bien, la Vie serait apparue quelque part entre le 2ème et le 3ème étage tandis que la présence de l'homme ne représenterait que l'épaisseur de la couche de peinture du parapet du 3ème étage. Ca donne à réfléchir, non ?

 

Réponse (par cepheides)

     Henri L., je partage absolument ton point de vue. Notre problème, c'est de concevoir l'immensité que représente les milliards d'années qui nous séparent de la naissance de notre planète. Je pense même que c'est impossible : la raison nous explique mais nos sens ne peuvent comprendre car notre vie est bien trop courte pour cela (c'est d'ailleurs le même problème pour l'espace que, pourtant, on croit voir). Du coup, les détracteurs de la théorie de l'évolution n'arrivent pas à comprendre comment - au fil du temps - des mutations sélectionnées peuvent arriver à produire ces machines si compliquées que sont les êtres vivants : ils en déduisent que "tout s'est fait d'un coup" ! Il suffit seulement de se rappeler que, à l'échelle de l'Humanité (c'est à dire rien en terme de durée), on ne peut pas percevoir... Parfois, je rencontre des gens qui croient que, finalement, les dinosaures, c'était juste avant les hommes (quand ce n'est pas en même temps !). Or, le premier hominidé vraiment préhumain, c'était il n'y a que 500 000 ou 600 000 ans et les derniers grands sauriens, il y a 65 millions d'années... En d'autres termes, la distance qui nous sépare d'eux est approximativement 130 fois plus importante que celle qui nous sépare d'homo erectus et des milliers de fois plus que celle nous séparant du "début" de l'Humanité. Mais ces chiffres veulent-ils dire quelque chose ? Alors, mieux vaut prendre des exemples concrets : le tien est excellent. On compare aussi la Terre à une année. Dans ce cas, la vie apparaît vers juillet (je cite de mémoire et je peux me tromper), les dinosaures disparaissent vers la fin octobre... et l'homme moderne surgit au cours des deux dernières minutes du 31 décembre de cette année-là. Effectivement, ça ne fait pas beaucoup et on comprend mieux pourquoi la sélection naturelle a eu le temps de garder certaines mutations, permettant ainsi la transformation progressive des espèces...




Article : Néandertal et sapiens, une quête de la spiritualité

 


Sujet
:
deux humanités différentes en même temps

 

9 octobre 2007 (par Henri L.)

     Si je comprends bien ce que vous expliquez, deux espèces d'homme différentes ont atteint à peu près en même temps une conscience spirituelle, c'est à dire une certaine humanité. Si c'est vrai (et je vous crois volontiers) cela signifie également que l'Homme que nous connaissons n'est pas l'élu comme le prétendent les religions. J'avais bien compris que Adam et Ève étaient une métaphore religieuse mais voilà à présent qu'il existe des individus différents de nous qui peuvent également prétendre avoir (ou plutôt avoir eu) une âme; du coup, ça devient compliqué pour les monothéismes, vous ne trouvez pas ?

 

Réponse (par cepheides)

     Il semble effectivement avéré que deux espèces d'homo non interféconds ont existé en même temps il y a quelques dizaines de milliers d'années. Ce qui est intéressant à remarquer est que ces deux espèces avaient atteint à peu près le même développement conceptuel et que si Néandertal avait survécu il aurait probablement suivi une évolution comparable à la nôtre. Alors oui : les religions (à savoir les grandes religions monothéistes) qui affirment que seul Sapiens était l'élu de Dieu ont un problème... Cela dit, pour reprendre votre considération sur "l'âme", je me permets de vous renvoyer à un sujet précédemment traité du blog dans lequel j'expliquais que je croyais assez peu à cette notion ambigüe jamais démontrée autrement que par des professions de foi mais cette opinion n'engage évidemment que moi.

 

Sujets a. la fonction crée-t-elle l'organe ?

            b. l’homme descend-il du singe ?

 

3 janvier 2008 (par defdef)

     Énigme sur l'évolution :
     D'après Darwin, la fonction crée l'organe (ou quelque chose comme ça).
     L'homme est apparu en Afrique. Il descend du singe. Le singe est un animal à fourrure. Apparu du côté de l'équateur, l'homme s'est peu à peu déplacé vers le nord, donc en zone de plus en plus froide, jusqu'à arriver en Europe. Or sa fourrure a disparu au lieu de se renforcer comme c'eût été logique. Pourquoi ? Je me pose cette question depuis des années et ne l'ai vu abordée dans aucun livre.

 

réponse (par cépheides)

     Non, justement, "la fonction ne crée pas l'organe". Il s'agit d'une conception de l'évolution attribuée à Lamarck et dont on sait aujourd'hui qu'elle n'est pas exacte. En réalité, les transformations d'un organe se font au hasard, par mutation le plus souvent, et toujours à partir d'un organe (ou d'un groupe de cellules) préexistant, souvent apparu pour d'autres raisons : si la transformation apporte au sujet un "avantage évolutif", il y a de grandes chances pour que la transformation devienne pérenne. J'aurai l'occasion de revenir sur ces mécanismes de l'évolution - qui sont souvent mal compris - dans un prochain sujet.
     Une deuxième erreur commune (qui existait déjà du temps de Darwin) est la croyance que l'homme "descend" du singe. Il n'en est rien : ils ont seulement un ancêtre en commun (on a longtemps cru vers 6-8 millions d'années mais les travaux récents datent plutôt cette séparation de - 13 millions d'années) et ce n'est pas du tout la même chose... Notre ancêtre Cro-Magnon était certainement plus velu que nous et on attribue la perte des attributs poilus de l'homme moderne au fait qu'il a su domestiquer le feu... et, par voie de conséquence, qu'il se soit paré de vêtements.... Au fil des milliers d'années, la disparition des poils a pu, sous certaines conditions, constituer un avantage évolutif.




Article : interlude (vingt fois sur métier…)

 


Sujet
:
obscurantisme antiscientifique

 

13 février 2008 (par SK18)

     Je suis d'accord avec vous qu'il ne faut pas laisser les obscurantistes jeter le discrédit sur des théories scientifiques éprouvées. La théorie de l'évolution est contestée par les religieux de tous bords parce qu'elle démontre de façon magistrale que cette évolution ne peut se faire qu'au hasard, les éléments évolutifs retenus dépendant exclusivement des conditions génétiques et environnementales du moment. Du coup, comme il n'y a plus de finalité, de "grand dessein" ou de volonté supérieure - appelez-le comme vous voulez - la théorie est forcément fausse puisque ces gens ne peuvent pas ne pas croire en une intelligence supérieure (qui les "sauvera" mais ceci est un autre problème). Lorsque les faits s'opposent à leurs croyances, ce sont les faits qui ont tort. Mais, comme l'a fort bien dit quelqu'un, "les faits sont têtus". J'en veux pour preuve la réhabilitation (partielle mais c'est mieux que rien) de Galilée par l'église catholique. L'intolérance et le refus de la Science si "elle n'est pas conforme" provient de nos jours des islamistes et des néoconservateurs protestants américains : combattons ces idées délétères pour le plus grand bien de tous !





Article : les mécanismes de l’évolution

 


Sujet
:
fréquence des mutations

 

2 mars 2008 (par adeline01200)

     Ton blog est très intéressant et permet de se poser quelques questions. J'aimerais, par exemple, savoir si on connaît la fréquence - et le rythme - des mutations dans une espèce donnée, comme, disons, la nôtre ? Est-ce perceptible à notre échelle ?

 

Réponse (par cepheides)

     Bien qu'il soit toujours possible de se trouver au moment précis où apparaît une mutation (encore faut-il savoir la reconnaître), leur fréquence est telle que cela reste peu vraisemblable pour l'homme : les Romains avaient exactement la même conformité physique et mentale que nous et, s'il existe des variations par rapport à la manière de se situer dans le monde ambiant, elles sont exclusivement culturelles (au sens large). En revanche, on trouve quelques variations avec les hommes du haut paléolithique ce qui démontre que des mutations peuvent effectivement apparaître mais à un rythme qui ne nous est guère perceptible.
     On peut, par contre, observer des mutations visibles dans d'autres espèces que ce soit, par exemple, en botanique où les boutures et croisements qui perdurent sont de ce type, ou plus près de nous, avec les différentes races de chiens dont certaines sont très récentes puisque datant de moins de deux siècles...





Article : disparition des grands sauriens

 


Sujet
: fréquence des chutes de météorites

 

9 février 2008 (par Henri L.)

     Concernant le sujet qui m'intéresse aujourd'hui, je m'étonne de votre remarque en dernière ligne", à savoir que "la prochaine, qui immanquablement aura lieu, inverse le processus." Vous pensez donc qu'il est possible que la chute d'une météorite géante puisse à nouveau se produire aujourd'hui ? Je pensais pour ma part, et comme vous le dîtes dans votre texte, que cela était rarissime...

 

Réponse (par cepheides)

     Il va de soi que la chute d'une météorite susceptible d'avoir une influence majeure sur l'équilibre de la Terre est une éventualité très rare. Il tombe chaque jour plusieurs tonnes de matière interstellaire sur la Terre mais ce sont avant tout de petites météorites de quelques grammes dont on peut voir la chute lorsque, échauffées par notre atmosphère, celles-ci prennent l'aspect d'étoiles filantes : toutefois, des projectiles plus conséquents - comme celui qui s'abattit sur la Sibérie au début du XXème siècle en ravageant plusieurs dizaines de km de forêt - sont plus fréquents qu'il n'y paraît, la plupart s'abimant d'ailleurs dans les océans. Nous raisonnons évidemment ici en termes de temps géologiques et donc peu perceptibles par l'Homme dont la présence réelle est très courte. Il n'empêche que la chute d'un corps céleste d'importance est statistiquement certaine durant les 4 milliards environ d'années qu'il reste à vivre à la Terre (si tout se passe bien). Le problème est qu'il est impossible de savoir quand un tel phénomène peut survenir. D'où la surveillance permanente effectuée par les scientifiques du monde entier...






Voir les commentaires

Publié le par cepheides
Publié dans : #astronomie





Pour le trentième article du blog, il me paraît judicieux de revenir sur les commentaires les plus intéressants parus au fil des jours.  Au delà de la simple information, quelquefois passé inaperçue,  ils pourront peut-être permettre d'approfondir certaines idées... Aujourd'hui : l'astronomie.
Bonne lecture.

  choc-galactique.jpg

 

                     choc entre deux galaxies (sources : /www.yourwallpaper.com/)




 

Article céphéides

 

 

Sujet  : variation des céphéides; Henrietta Leawitt

 

23 juillet 2008 (par GG2)

 

Cet article est vraiment très bon !
J'aimerais par ailleurs y ajouter quelques compléments : la luminosité des céphéides varie parce qu'elles pulsent, autrement dit parce que leur surface lumineuse augmente. Comme une large baie vitrée laisse passer plus de lumière qu'une étroite lucarne, une céphéide dilatée sera plus brillante qu'une céphéide contractée. Concernant les températures, il faut savoir que le maximum est atteint pendant l'augmentation en luminosité, et le minimum est rejoint au milieu de la décroissance en magnitude. Une céphéide peut ainsi passer d'un type spectral à l'autre pendant son cycle, les fluctuations en température le permettent.
En fait, le nom de céphéides est arrivé après les observations de Leavitt (ou Leawitt). On s'est rendu compte que l'étoile delta Cephei était l'astre le plus remarquable à adopter le même comportement que les variables des Nuages de Magellan. Pour être très exact, on devrait parler de delta-céphéide, car il existe aussi des bêta-céphéides qui ne se rangent pas tout à fait dans la même catégorie.
Delta Cephei a l'avantage d'être parfaitement visible sans instrument, même dans un ciel citadin. Elle possède aussi des étoiles voisines dont l'éclat est constant. En les observant attentivement et en comparant les luminosité, on peut en l'espace d'une ou deux semaines mettre en évidence la variabilité de delta Cephei. Du minimum au maximum, il s'écoule un jour et demi ; du maximum au minimum, quatre jours passent. La croissance est donc bien plus rapide que la décroissance : c'est une caractéristique significative de toutes les céphéides.
Vous avez correctement écrit que c'est grâce aux céphéides qu'Edwin Hubble a pu mesurer les distances des galaxies (dès 1925) pour ensuite formuler la loi qui porte son nom. Ces travaux étaient censés se préciser et se compléter avec un télescope spatial ; le "Hubble Space Telescope" a réalisé de nombreuses observations et découvertes de valeur inestimable, mais c'est bien pour l'observation des céphéides qu'il a été baptisé "Hubble".
En fait, le comité Nobel a pensé à récompenser Henrietta Leavitt pour sa découverte. Comme vous le savez, la découverte et le prix Nobel qui va avec sont très souvent largement séparés dans le temps. Tellement qu'au moment d'être nommée, Leavitt était déjà décédée... Et un Nobel ne peut malheureusement être décerné à titre posthume.
Yaël Nazé, auteur du bouquin "L'Astronomie au féminin" (qui retrace les parcours professionnels de femmes astronomes méconnues par rapport à leurs homologues masculins) a attiré mon attention sur le fait que l'on parle de "loi de Hubble", de "diagramme de Hertzprung-Russell", de "théorème de Vogt-Russell", de "masse de Chandrasekhar", mais uniquement de "relation période-luminosité". Le terme "loi de Leavitt" serait pourtant une manière de rendre justice et hommage à l'astronome.

 

Réponse (par cepheides)

     Je vous remercie très sincèrement pour votre commentaire, très riche et fort documenté, qui complète parfaitement le texte du sujet proprement dit. Concernant Leawitt, je ne peux m'empêcher de penser que si elle avait été du sexe masculin, sa remarquable découverte lui aurait été plus facilement attribuée, avec les récompenses et/ou honneurs qui s'imposaient et, comme vous, je déplore que la loi astronomique qui reprend son observation ne porte pas son nom... Au delà du grand public, la communaute scientifique sait néanmoins ce qu'on lui doit, ce qui est une petite consolation.

 

 
 

Article : étoiles doubles et systèmes multiples


Sujet : vie extraterrestre
 

31 octobre 2007 (par Henri L.)

Intéressant article qui me donne à penser la chose suivante : il y a des milliards d'étoiles présentes au sein d'une même galaxie et des milliards de galaxies dans notre univers visible (combien au delà ?). Or, chacune de ces étoiles est susceptible d'être entourée par plusieurs planètes. Ce qui nous laisse supposer que, toujours dans l'univers qui nous est accessible, il existe des milliards de milliards de planètes potentielles : comment ne pas penser que au moins une poignée d'entre elles possède les conditions requises pour voir apparaître une forme de vie. On imagine toujours ces autres êtres vivants à peu près semblables aux formes de vie présentes sur notre planète (ressemblant de préférence à l'être que nous supposons le plus intelligent, c'est à dire nous). L'intérêt de votre article est de montrer que les conditions de vie sur une planète peuvent être infiniment variables. Par exemple, à gravité et atmosphère égales, quelle pourrait être la configuration d'une être intelligent (ou seulement vivant) sur une planète tournant autour d'un trio d'étoiles bleu-blanc-rouge ? Ses organes visuels seraient très certainement bien différents des nôtres... Tout cela pour dire qu'il ne faut pas chercher une forme de vie forcément analogue à la nôtre...

Réponse (par
cepheides)
     Il est certain que l'Univers est infiniment plus vaste que nous ne pouvons l'imaginer avec notre cerveau somme toute limité. Récemment, sur un blog où était posée à peu près la même question, j'avais expliqué que, quelques années avant sa mort, Isaac Asimov (qui n'était pas qu'un écrivain célèbre de science-fiction mais également un scientifique brillant) avait écrit sur le sujet : "Isaac Asimov a écrit un livre (civilisations extra-terrestres, chez RD) où il calculait les probabilités de vie extra-terrestre (nombre de galaxies et d'étoiles, position des planètes par rapport à leur étoile, composition, atmosphère, etc.). A chaque étape, il avait un chiffre probable dont il ne retenait que 10%. Au bout du compte, il a trouvé 433 millions d'étoiles où la vie était apparue sur une des planète sous forme de micro-organismes et 390 millions de planètes possédant une civilisation technologique plus ou moins avancée." Je suis pour ma part certain qu'il existe de la vie quelque part dans l'Univers, même si elle reste difficile à imaginer, du moins pour ses formes les plus élaborées (parce que des bactéries restent malgré tout des bactéries, c'est à dire des formes de vie assez simples). Ce qui finalement pose problème est la distance incroyable qui nous sépare de ces planètes du possible et, dans l'état actuel de nos connaissances, je vois mal comment nous pourrions atteindre - même par des signaux quelconques et à supposer qu'ils puissent les comprendre - nos éventuels correspondants. Il est vrai, que du temps de Napoléon, un voyage sur la Lune était du domaine du rêve le plus extravagant : restons donc optimistes...

 


Sujet : distance entre les étoiles
 

10 mars 2008 (par defdef)

J'ai vu ton article sur les étoiles doubles. Je m'intéresse depuis toujours à l'astronomie et il y a une donnée que je n'ai trouvée nulle part : dans un système double, quelle est, approximativement, la distance entre les 2 étoiles ? Est-ce de l'ordre de Terre-Soleil ou quelques AL quand même ?


Réponse (par cepheides )

     C'est une intéressante question que tu poses là car elle permet de rétablir une juste perspective des choses. Mais, tout d'abord, pour te répondre immédiatement, la distance qui sépare les composants d'une binaire est bien inférieure à l'année-lumière (al). Il faut, en effet, que la gravitation permette aux deux astres de s'attirer (et surtout de se garder) l'un l'autre or la distance d'une année-lumière est trop importante (on oublie souvent cette immensité quand on entend parler de galaxies situées à "des millions d'années-lumière"). A titre de comparaison, on estime que la distance moyenne séparant les étoiles de notre galaxie est de 1 parsec, soit environ 3,26 al.

     La distance entre les 2 partenaires d'un couple stellaire est variable : on sait que certaines étoiles sont si proches l'une de l'autre qu'elles ne sont distinguables que par une analyse spectrale, le télescope étant tout à fait incapable de les séparer optiquement. Par contre, ce dernier permet de mettre en évidence les étoiles dont les attaches sont distendues (mais réelles et permanentes), ayant des vitesses de révolution très faibles et échappant de ce fait à la spectroscopie. Bien entendu, les étoiles très proches ont des périodes de révolution entre elles courtes, parfois de quelques jours. A l'inverse, les étoiles éloignées tournent autour de leur centre virtuel commun en bien plus longtemps.

Tout dépend aussi du couple : naine avec géante, naine jaune avec naine rouge, géante avec étoile à neutrons ou naine blanche. Tout - ou presque - est envisageable et les distances entre les partenaires s'en ressentent aussi. J'ajoute que nous n'avons évoqué ici que des binaires mais qu'un nombre non négligeable de systèmes sont multiples, avec 3, 4 ou plus d'étoiles : on imagine alors la complexité d'un tel système qui, néanmoins, peut fonctionner durant des millions d'années.

     Dans le sujet, l'exemple cité de la planète Tatooine est d'autant plus frappant que cette dernière est située dans un système triple. Évidemment, on parle ici d'étoiles et de planètes existantes parce qu'observées mais qui sont très probablement assez inhospitalières.

     En résumé, les binaires serrées ont des distances "intracouple" de, disons, un à quelques "systèmes solaires" et, pour les binaires lâches, cela peut aller - je me lance - jusqu'à un 1/3 d'al…

P.S. : un point de détail. Binaire - stricto sensu - qualifie l'ensemble des deux étoiles (les anglo-saxons utilisent le terme de binary star system with two components) mais il arrive que l'un des membres du couple soit appelé binaire (d'où la phrase, dans le livre cité en préambule de l'article, parlant "des deux binaires").

 

 

article : la Terre centre du monde


sujet : le groupe local

 

le 21 février 2008 (par MCJ)

Bonjour céphéides. J'ai lu votre article sur l'organisation de l'univers que je trouve très intéressant. Je me permets de vous signaler juste un point de détail concernant le groupe local de galaxies. Vous affirmez qu'il ne renferme que deux galaxies principales (la nôtre et Andromède) mais que faites-vous alors de la galaxie du Triangle que les astronomes considèrent comme la troisième galaxie principale de notre groupe local. Par ailleurs, il semblerait que ce ne soit pas seulement 30 mais plutôt 50 galaxies qui en tout font partie de ce système. Êtes-vous d'accord avec ces notions ? Il s'agit là, je le répète, de détails concernant un article par ailleurs très bien documenté...


Réponse (par cepheides)

     Merci MCJ de votre commentaire. Effectivement, la galaxie du Triangle M33 est la troisième galaxie en taille de notre groupe local. Toutefois, elle est bien moins massive que la Voie lactée ou Andromède (il semble qu'elle ne soit pas bien plus grosse que les Nuages de Magellan) aussi est-ce la raison pour laquelle je l'ai inclue dans les galaxies dites "secondaires" du groupe : on peut donc aussi dire, comme vous, que c'est la troisième galaxie du groupe local et nos deux appréciations seront également exactes. Par ailleurs, il est difficile de chiffrer précisément le nombre de galaxies du groupe local : j'ai écrit une "grosse trentaine" et c'est le chiffre qui semble retenu par la majorité des sources. Cela dit, il est extrêmement difficile, concernant les galaxies les moins lumineuses et donc probablement les plus petites, de savoir si elles font partie ou non du groupe : je pense par conséquent que vous avez raison et qu'il en existe certainement bien plus de trente. Toutefois, ce chiffre n'étant pas réellement confirmé, j'ai préféré m'en tenir aux acquits... et je modifierai bien volontiers ces données chiffrées dès que nous aurons des certitudes ce qui ne saurait tarder (du moins si le télescope Darwin est bien lancé en temps et en heure). Encore merci pour votre collaboration.


 

Article : théorie de la relativité générale

Sujet : divers paradoxes spatiotemporels

 

26 décembre 2007 (par defdef)

J'ai lu ton article mais, bien que je m'intéresse depuis toujours à ces questions, je dois avouer qu'au-delà des exposés vulgarisateurs, je ne suis plus. Je me sens plus à l'aise avec des sujets comme la décadence de l'Empire Romain...
Je n'ai jamais compris pourquoi la vitesse de la lumière était indépassable (d'autant que toutes les histoires de science-fiction résolvent le problème!).
Pour moi, mais c'est une conception purement philosophique, le temps et l'espace sont en fait inexistants : il y a toujours un «après» et un «à côté». Seuls existent réellement et positivement la matière et l'énergie (une même chose sous 2 formes différentes ?).
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'univers est en expansion et le restera.
La forme de l'univers et son centre : j'avais entendu parler d'une hypothèse suivant laquelle l'univers serait analogue à une bulle de savon qui, tout en ayant des dimensions finies, donnerait l'impression à quelqu'un habitant la matière de la bulle de pouvoir effectuer sur sa surface des déplacements infinis et de ne pouvoir trouver de centre.
Les trous noirs : je n'arrive pas concevoir que la matière s'y engloutisse sans devenir quelque chose.
Je doute fort que ces énigmes soient résolues un jour.


Réponse (par cepheides)

     Merci, defdef, de ton intérêt. Tu poses plusieurs questions, toutes fort intéressantes, mais qui demandent des réponses un peu longues pour un commentaire : je vais essayer de te donner quelques pistes.
          1. la vitesse de la lumière : calculée depuis le XVIIème siècle de manière de plus en plus précise, elle est actuellement fixée à 299 792 458 mètres par seconde (dans le vide). Dans le cadre des théories actuelles (notamment la Relativité Générale), elle est indépassable et ce sont les équations qui le démontrent. Il semble peu probable qu'une théorie nouvelle (qui resterait à découvrir) remette en question cette notion : c'est tellement vrai que cette vitesse est considérée à présent comme une constante physique. Nota : les écrivains de science-fiction ont recours à des artifices totalement irréels (comme la notion de sub/hyperespace, éminemment poétique), pour permettre à leurs héros de voyager rapidement de système stellaire en système stellaire.
           2. les notions "d'à côté" et "d'après" ne sont pas exploitables en l'état dans la théorie de la relativité générale (voir le sujet), seule théorie expliquant convenablement l'espace-temps. Il s'agit de "repères" uniquement valables en "local" (notre environnement proche).
          3. L'univers est en expansion et cette expansion s'accélère : c'était une des possibilités prévues par la théorie d'Einstein et cela a été vérifié par les observations récentes : c'est un fait, un point c'est tout.
          4. La forme de l'univers : le plus approchant est l'image d'une éponge qui gonfle mais en sachant qu'il n'existe RIEN (notamment pas de "vide") en dehors de l'éponge... Son centre est partout et nulle part (voir l'article).
          5. Les trous noirs : prévus par la théorie, ils ont longtemps été tenus comme "possibles". Aujourd'hui, on sait les repérer par des observations indirectes. C'est le stade ultime de l'évolution des très grosses étoiles, une fois leur "carburant" nucléaire épuisé. Il ne reste alors qu'un noyau d'une densité incroyable et si importante qu'aucune matière ne peut s'en échapper, même pas les photons de la lumière... La matière, qu'elle quelle soit, y est piégée et terriblement condensée.
     Voilà quelques résumés de ces problèmes. On ne sait pas tout, certes, mais contrairement à toi, je suis persuadé que, nos connaissances progressant, on arrivera à comprendre l'essentiel...

 


 

Article : la mort du système solaire


Sujet : réchauffement solaire

 

2 février 2008 (par keno)

Ton article, au demeurant très intéressant semble confirmer la thèse de certains scientifiques au sujet du réchauffement de la planète.
Il paraît en effet que selon des cycles dont je ne saurais préciser la fréquence, le soleil contribuerait de façon gigantesque au réchauffement de le terre. Actuellement nous serions dans la phase où le soleil "chauffe" plus que de coutume et nos émissions de carbone ne seraient que "peanuts" par rapport à ce phénomène naturel....Qu'en penses-tu?

 

Réponse (par cepheides)

     Que c'est faux, bien sûr. Il n'y a pas d'activité solaire particulière en ce moment : je veux dire qu'il n'existe pas (à ma connaissance) de publications indiquant que le Soleil "chaufferait" de façon inhabituelle. En revanche, il est exact qu'il existe des "cycles" solaires. Ces cycles sont de deux ordres au moins :
          1. les variations les mieux connues suivent un cycle compris entre 8 et 15 ans, avec une moyenne de 11,2 ans. L'augmentation de l'activité solaire "monte" en environ 4 ans pour "redescendre" plus lentement en 6,5 ans. En fait, il s'agit de cycles qui durent 22 ans car à la fin de chaque cycle de 11 ans, il existe une inversion de la polarité solaire (d'où un retour au point de départ en 22 ans). Cette activité n'a de conséquence que magnétique (pas d'élévation particulière de la chaleur à la surface de la Terre) et ses conséquences pour l'activité humaine concernent essentiellement les télécommunications qui peuvent être perturbées en période d'intense activité solaire (surtout à l'heure des satellites artificiels). On observe aussi à ce moment-là des phénomènes naturels exacerbés, comme de magnifiques aurores boréales. Si ma mémoire est bonne, le maximum solaire prochain devrait être en 2012. Il n'est donc pas question de "dédouaner" l'Homme de ses responsabilités dans le réchauffement de notre globe, même si le phénomène - et surtout ses conséquences - est loin d'être parfaitement compris...
          2. il existe également un cycle solaire dont la durée serait de 179 ans mais j'avoue que je n'en sais pas grand chose, ni même si le phénomène est bien documenté. De toute façon, cela ne concerne pas non plus l'élévation de la chaleur terrestre.
     Il y a eu d''importantes variations de la chaleur à la surface de la Terre au cours des âges géologiques (glaciations, par exemple, dont certaines ont été tenues pour responsables d'extinctions massives des êtres vivants - voir le sujet idoine - mais elles sont la conséquence de la Terre elle-même par différences d'inclinaison sur son axe de rotation, tectonique des plaques, inversion de polarité magnétique, etc.) et le Soleil n'y est pour rien.


 

 

Article : les galaxies

Sujet : homogénéité de l’Univers


Le 18 mars 2008 (par Carême-prenant)

Il y a des choses que j'ai du mal à comprendre. D'après ce qui est écrit, juste après le Big Bang, l'Univers se présentait sous la forme d'une sorte de nuage, de soupe "homogène", s'étendant dans toutes les directions. Comment se fait-il que 1. cela ait donné des galaxies pour une petite partie et du vide quasi absolu pour le reste ? et 2. si l'Univers a environ 13 milliards d'années, les deux extrémités sont donc séparées par 26 milliards d'années (13 + 13) mais les galaxies sont semblables : pourquoi l'évolution des objets n'a-t-elle pas été différente (avec un aspect et, peut-être, des lois physiques différentes), voire avec de l'antimatière ?

 

Réponse (par cepheides)

     Effectivement, Carême-prenant, ce sont deux questions fort importantes qui ont longtemps divisé la communauté scientifique.

     Il faut rappeler (sans revenir sur les détails du Big Bang qui fera peut-être l'objet d'un prochain sujet) que, au début, dans les toutes premières fractions de seconde, l'Univers est tellement chaud qu'il n' y a même pas de particules mais une sorte de soupe de quarks partagés entre matière et antimatière : puisqu'il existe, à force d'agitation, un infime déséquilibre (on parle de dissymétrie), un des systèmes l'emporte, en l'occurrence la matière (les quarks de matière et d'antimatière s'annihilent les uns les autres et ne restent que les éléments surnuméraires). En quelques milliardièmes de seconde, la chaleur baisse considérablement pour atteindre un million de milliards de degrés au point qu'apparaissent vraiment des particules. Inutile de dire que nos lois physiques ne s'appliquent pas encore : ce sont les équations qui nous expliquent tout ça. C'est vers ce moment que se produit le phénomène appelé "inflation", c'est à dire une expansion brutale de plusieurs milliards d'ordre de grandeur permettant l'homogénéité de la matière et de ses lois (ceci répond à votre question sur les 13 + 13 milliards). Bien plus tard, vers 300 000 ans, le refroidissement est suffisant pour que les particules moins liées et moins agitées permettent la libération des photons et donc l'apparition d'un univers visible (on trouve les traces de cet évènement sous la forme du fonds diffus cosmologique - voir le sujet). La lumière éclaire donc une substance quasi uniforme. Quasi car il existe d'infimes variations avec des endroits un tout petit peu plus concentrés, les masses différant peut-être de l'ordre de 1%, voire moins. Cela suffit pour que l'homogénéité du départ soit rompue et que, par le jeu de la gravitation, les masses de gaz se concentrent pour former localement des nuages indépendants. La suite, vous la connaissez : ces nuages en tombant sur eux-mêmes vont conduire à la coalescence de matière tout en élevant la température locale jusqu'à provoquer l'amorce thermonucléaire et la formation des étoiles. Ce qui demande à être approfondi est de savoir si les étoiles se sont créées puis rassemblées en galaxies ou, au contraire, si les galaxies se sont créées d'emblée : il s'agit peut-être d'une conjonction des deux mécanismes.
     J'ajoute que tout cela est encore du domaine de l'hypothèse mais ce que l'on peut dire c'est que tous les éléments indirects observables vont dans ce sens et que, pour le moment, on ne possède pas de meilleure explication.

 

 

Sujet : voir le ciel lointain
 

Le 21 mars 2008 (par Henri L.)

Bonjour. Vous nous dîtes que voir dans le ciel, c'est voir dans le passé et vous prenez l'exemple d'une galaxie située à 1 milliard d'années-lumière dans l'espace (et, j'imagine, dans le passé) à "une époque où elle était plus jeune et fabriquait théoriquement plus d'étoiles". Ma question : quelle est la distance à partir de laquelle on aperçoit un univers vraiment plus jeune ?


Réponse (par cepheides)

     Merci de votre question qui souligne en effet une imprécision de mon texte. Il est exact que regarder les étoiles, c'est voir dans le passé. Une galaxie située à 1 milliard d'années-lumière (al) a certainement changé au moment où sa lumière nous parvient. Ces changements sont toutefois assez peu perceptibles en terme d'évolution galactique. Les spécialistes parlent alors de "l'univers local" et ce jusque vers 5-6 milliards d'al. Depuis peu, grâce aux nouveaux instruments comme Hubble ou les grands télescopes d'Amérique du sud, on peut voir plus loin : jusqu'à 10 milliards d'al et même un peu plus. Là, c'est différent : on peut contempler l'univers dans sa jeunesse, dans sa période de formation et ce qui est extraordinaire, c'est qu'il est conforme à ce que prédisait la théorie du Big Bang. Einstein qui avait anticipé tout cela avec ses seules équations serait, j'imagine, assez fier...
     Restent les tous premiers moments. Dépasser les 11-12 milliards d'al actuellement accessibles demande un nouveau matériel... qui est déjà en construction ! C'est vers 13,5 milliards d'al qu'existe le mur infranchissable du rayonnement fossile au delà duquel la lumière n'existait pas encore. A moins qu'un procédé aujourd'hui inconnu et complètement insoupçonnable nous permette... On a le droit de rêver. 



Sujet la fin de l'Univers

 

25 mars 2008 (par Lydia)

Dans la dernière partie de votre sujet, il est dit que l'univers finira par se disperser mais j'ai lu quelque part qu'il pourrait au contraire se replier sur lui-même dans ce qu'on appelle le Big Crunch... Qu'en pensez-vous ? Pour le reste, très intéressant article.

 

Réponse (par cepheides)

     Effectivement, la fin de l'Univers que j'évoque dans l'article est une possibilité parmi d'autres ! En fait, en l'état actuel de nos connaissances, il ne semble pas possible de conclure vraiment. Tout au plus peut-on émettre des hypothèses... Trois "scénarios" sont surtout envisageables (pour le moment) :
          1. le big chill (grand froid) est celui que j'évoque. Dans le cas d'une expansion continue, la création d'un espace toujours plus grand contenant une somme de matière finie et non renouvelable conduirait à une dilution sans fin, les galaxies continuant de s'éloigner les unes des autres. Difficile de savoir si la dilution toucherait ces dernières mais si, comme c'est probable c'était le cas, il ne pourrait plus y avoir de formation de nouvelles étoiles et celles qui existent déjà finiraient par mourir de leur belle mort, faute de carburant thermonucléaire. Le froid par la dilution en somme.
          2. le big rip (grande déchirure) est une autre possibilité : ici, il s'agit toujours d'une expansion continue mais qui va en s'accélérant au point qu'aucune force de cohésion ne peut plus subsister. Les galaxies se trouveraient démembrées, les couples stellaires détruits et leurs membres dispersés et, à un stade encore plus avancé, même les planètes seraient arrachées de leurs orbites respectives. Tout se terminerait dans une dislocation apocalyptique détruisant jusqu'aux atomes.
          3. le big crunch auquel vous faites allusion. Dans ce scénario, on suppose que la gravité s'opposerait à l'expansion jusqu'à la stopper, voire même à l'inverser. Il s'agirait alors d'un big bang à l'envers où toute la matière finirait pas être écrabouillée, écrasée sur elle-même. Cette troisième possibilité était très prise au sérieux jusqu'à ce qu'on s'aperçoive, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, que les observations les plus récentes montrent une accélération de l'expansion imputable à une force encore non identifiée baptisés énergie sombre. Toutefois, puisque cette énergie sombre est inconnue, il n'est pas exclu que son activité s'arrête un jour ou même s'inverse : on revient alors au big crunch...
     Comme vous pouvez le constater, on ne sait finalement pas grand chose.

 

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Publié le par cepheides
Publié dans : #astronomie

 

                       photo-du-catalogue-de-Messier-copie-1.jp

 le catalogue de Messier

 

 

 

 

     Je me souviens parfaitement de ma classe de quatrième et de ce moment privilégié du lycée (à l’époque, on appelait lycées les établissements allant jusqu’au bac, le terme de collège étant réservé à ceux qui s’arrêtaient en classe de troisième), ce moment de plaisir intense que représentait la « grande » récréation d’après la cantine. Puisque nous avions quartier libre jusqu’à deux heures de l’après-midi, nous nous retrouvions souvent entre amateurs d’astronomie pour commenter les dernières nouvelles du ciel, glanées au hasard d’une quelconque revue de vulgarisation.

 

     Il y avait là deux groupes antagonistes (la vérité m’oblige toutefois à reconnaître que les protagonistes n’étaient pas très nombreux), groupes qui s’opposaient entre autres sur un sujet fort polémique : la création de l’Univers. Rien que ça ! Les uns, suivant Fred Hoyle, étaient les tenants de « l’univers stationnaire » tandis que les autres se rangeaient, avec Hubble, à l’idée d’un « univers en expansion ». Nous ne faisions, probablement sans le savoir, que refléter à notre minuscule échelle les débats très animés qui agitaient le petit monde de l'astronomie. Il faut dire que la question n'était pas encore tranchée puisque la découverte du rayonnement fossile de Penzias et Wilson (voir l’article fonds diffus cosmologique) n’eut lieu qu’en 1964, découverte qui permit d’asseoir définitivement (?) la théorie du Big Bang. S’opposaient donc la théorie d’un univers statique et quasi éternel où les créations d’étoiles équilibraient exactement la mort des plus anciennes et celle d’un univers en expansion continue, issu d’un noyau originel, et pour lequel il n’était pas clairement précisé s’il y avait ou non élaboration significative de nouvelles étoiles.

 

     Aujourd’hui l’expansion de l’Univers n’est plus remise en question : on sait même qu’elle va en s’accélérant… Toutefois, Hoyle et ses partisans n’avaient pas complètement tort puisqu’il existe bien une création importante et continue des étoiles, du moins dans certaines galaxies. Car les étoiles sont, on le sait, regroupées dans l’Univers au sein de milliards de galaxies séparées par un vide quasi-absolu et c’est sur ces objets immenses - les « univers-îles » soupçonnés par le philosophe allemand Emmanuel Kant - que je souhaite revenir maintenant. 
 

 

 

 

nébuleuses et univers-îles

 

 

 

     Depuis toujours, lorsque l’on observait le ciel, en dehors du Soleil et de ses planètes, trois types différents d’objets étaient identifiables : les étoiles, les comètes (repérables par leurs mouvements) et des objets flous aux contours imprécis qu’on appelait nébuleuses. Il faudra attendre le XVIIème siècle et la lunette de Galilée pour que celui-ci, en 1610, observant la Voie lactée, y distingue de très nombreuses étoiles, faiblement lumineuses… La Voie lactée, c’est à dire notre propre galaxie, n’était donc plus cette traînée blanchâtre – le lait céleste des anciens – aux contours diffus : la gigantesque nébuleuse étaient composée d’étoiles. 

     Un peu moins de 150 ans plus tard, en 1755, dans son traité « Histoire kant.jpguniverselle de la nature et théorie du ciel », le philosophe
Emmanuel Kant (1724-1804) imagina que notre galaxie était vraisemblablement un corps en rotation et que c’était la gravitation qui liait entre elles toutes les étoiles la composant. C’était un éclair de génie prémonitoire d’autant que Kant proposa dans la foulée que les nébuleuses multiples observées ça et là étaient des galaxies – il les appelait des univers-îles – extérieures à la nôtre. L’idée fit sourire et on n’y attacha pas plus d’importance, d’autant qu’il était bien difficile de faire la preuve de cette affirmation. 

     On se contenta donc de cartographier les nébuleuses, de les répertorier, de les nommer, le plus souvent afin de ne pas les confondre avec les comètes.
Messier puis Herschel bâtirent des catalogues encore utilisés aujourd’hui jusqu’à ce que, un siècle après Kant, William Parsons construise un télescope qui démontra sans erreur que, mais oui, certaines de ces nébuleuses étaient composées d’étoiles. Toutefois, pas question d’imaginer que ces « nébuleuses d’étoiles » soient situées en dehors de notre galaxie qui restait « l’Univers » dans tout entier. Un relent d’anthropocentrisme ? (voir sujet : Terre, centre du Monde

     C’est
Edwin Hubble qui mettra fin à la polémique en 1924 en démontrant que certaines nébuleuses sont extérieures à la Voie lactée, ses travaux étant confortés par Henrietta Leavitt et son recours aux céphéides (voir sujet céphéides) pour calculer leurs distances. Précisons pour être complets que les nébuleuses intérieures à la Voie lactée n’ont évidemment rien à voir avec une quelconque galaxie et sont d’origines diverses : amas globulaires, nébuleuses planétaires, nuages de gaz, etc.

 

     Des galaxies, en tout cas, il y en a beaucoup : les calculs statistiques montrent que le nombre de galaxies observables dans l’univers visible est d’environ cent milliards ! Moins d’une centaine de millions d’entre elles ont été à ce jour photographiées et on imagine aisément le temps qu’il faudrait pour les enregistrer toutes : certainement plusieurs siècles… 
 

 

 

 
origine et composition des galaxies

 

  

     Elles proviennent toutes du nuage primordial issu du Big Bang. Sous l’effet des pressions considérables et de la gravitation, le gaz s’est aggloméré pour former des milliards d’étoiles regroupées dans les galaxies qui, du fait de l’expansion de l’Univers, ont commencé à s’éloigner les unes des autres. Du moins lorsqu’elles sont déjà suffisamment lointaines car, proches les unes des autres, elles restent liées dans ce que l’on appelle des amas (voir glossaire) : c’est le cas de notre galaxie qui se trouve dans un amas appelé le groupe local comprenant également la grande galaxie d’Andromède. Dans ce cas particulier, les galaxies ont au contraire la propriété de s’attirer et on estime qu’Andromède se heurtera à notre propre Voie lactée dans deux à trois milliards d’années.

 

     Pour le reste, c’est à dire l’essentiel, elles s’éloignent et c’est précisément ce qu’a démontré Hubble en étudiant les spectres des galaxies (extérieures au groupe local) qui invariablement tirent vers le rouge (redshift), effet Doppler oblige. 

     Depuis le Big Bang, il y a 13,7 milliards d’années, bien des choses ont changé et ce ne sont plus tout à fait les mêmes étoiles qui composent les galaxies. La première génération d’étoiles supergéantes - dites
étoiles primordiales - a depuis longtemps disparu : la durée de vie assez courte de ces étoiles explique le phénomène (notons à l’inverse que ce n’est pas le cas général puisque les « petites » naines rouges peuvent vivre jusqu’à 100 milliards d’années). On comprend donc que les générations postérieures d’étoiles incorporent des métaux qui ne peuvent provenir que de leurs ancêtres, ces supergéantes qui ont modifié la composition du ciel pour le faire tel qu’il est de nos jours… De plus amples informations sur ces étoiles très particulières sont accessibles dans le sujet qui leur est consacré : les étoiles primordiales.

 

     Lorsqu’on observe les galaxies lointaines, on voit en réalité le passé. Une galaxie située à, disons, un milliard d’années-lumière (al) de nous est visible telle qu’elle était il y a un milliard d’années, temps qu’a mis sa lumière à nous parvenir. Une époque où elle était plus jeune et fabriquait théoriquement plus d’étoiles. Est-ce à dire qu’aujourd’hui il ne naît plus d’étoiles ? Qu’en est-il de notre galaxie ? Avant de répondre à cette question, il faut revenir sur les différents types de galaxies observables. 

 

 

 

classification des galaxies

 

  
     Les astronomes savent depuis le début de leur observation réelle des galaxies qu’elles ne sont pas toutes identiques. Elles diffèrent évidemment par leurs tailles mais également par leur aspect ; on décrit quatre types différents de galaxies, à savoir :

  

          *
les spirales

     La Voie lactée appartient à ce groupe, tout comme sa voisine dans le groupe local, la galaxie d’Andromède M31. J’ai déjà eu l’occasion d’en dire deux mots dans un sujet précédent (voir sujet place du Soleil dans la Galaxie).

 

     Notre galaxie se présente sous la forme d’un disque épaissi dans sa partie centrale (un peu comme, vues par la tranche, deux assiettes à potage collées tête bêche). Dans le centre du disque siègent un trou noir géant (Sagittarius A) que l’on ne peut que soupçonner de façon indirecte et, tournant autour de lui, des milliards d’étoiles : ce centre, appelé bulbe, renferme essentiellement des étoiles anciennes. Anciennes parce que le gaz interstellaire qui permet la formation des étoiles est pour sa grande part épuisé. Je crois volontiers que certains ciels de cet endroit doivent être féériques : imaginons-nous sur une planète d’un système solaire proche de ce centre ; les nuits doivent y être prodigieuses avec d’immenses nuées d’astres brillants d’une densité telle qu’il est parfaitement possible que ces soleils innombrables illuminent les terres presque comme en plein jour !

 

     Autour du bulbe se distribuent les bras spiraux (le Soleil est dans l’un d’entre eux - voir sujet précédemment cité) qui, sous l’effet de la gravitation, sont en rotation autour du centre. C’est là que naissent les étoiles car il y a encore beaucoup de gaz. Sous la pression d’étoiles géantes en fin de vie qui explosent, le gaz est comprimé et donne naissance à une pouponnière d’étoiles avec, parmi elles, de nouvelles supergéantes qui, à leur mort, entretiendront le processus de formation. Comme toutes les spirales qui lui ressemblent, la Galaxie (que l’on ne devrait plus appeler Voie lactée mais l’habitude est une seconde nature) est encore féconde.

  

         
galaxies spirales barrées

 

     Il existe un phénomène concernant les galaxies spirales que nous n’avons pas encore évoqué : la présence d’une barre d’étoiles pouvant couper de part en part le centre d’une galaxie ; on parlera alors de galaxie barrée et, surprise, depuis peu, on croit savoir que c’est le cas de la Voie lactée. Quel est donc ce phénomène qui touche les 2/3 des galaxies spirales ?

 

     Ces barres sont en fait des ondes de densité qui se développent spontanémentgalaxie-spirale-barree-ngc-7424.jpg dans le disque galactique en gravitation. On sait qu’un disque galactique est d’autant plus instable qu’il est « froid », c’est à dire associant peu de mouvements désordonnés à une rotation forte. La barre est un phénomène qui rompt la symétrie de l’axe galactique quand celui-ci est relativement instable et, de ce fait, le gaz interstellaire est attiré vers le centre d’où des flambées de nouvelles étoiles. Les galaxies barrées trouvent là un autre moyen de créer de nouveaux soleils.

 

     Du coup, pour les galaxies barrées typiques, les bras n’émergent plus du bulbe central dans son ensemble mais de la bande d’étoiles constituant la barre. Ajoutons que plus il y a de matière (d’étoiles) ainsi constituée et plus la barre a tendance à disparaître, le disque retrouvant sa stabilité. Compliqué ? Non, pas vraiment : il s’agit d’un phénomène finalement assez simple dont la seule particularité est de se produire à une échelle gigantesque. Quoi qu’il en soit, cette dernière manière de caractériser une galaxie permet de comprendre que celles-ci passent par des cycles successifs et répétés qui traduisent leur plus ou moins grande propension à créer des étoiles.
 


          * les elliptiques

     Ce sont des galaxies qui n’évoluent pratiquement plus : dans longtemps d’ici, la Voie lactée deviendra probablement ainsi (mais pas avant d’avoir plus ou moins fusionné avec sa voisine Andromède). Ces galaxies se présentent sous la forme de sphères ou de configurations ovales comme un ballon de rugby et elles sont essentiellement composées d’étoiles âgées, principalement des naines rouges et blanches. Ne possédant plus de gaz qu’elles ont épuisé, elles n’ont pas connu de véritables naissances stellaires depuis des millions d’années.

 

     Elles sont aussi souvent gigantesques, regroupant parfois jusqu’à 10 000 milliards d’étoiles, un chiffre difficile à appréhender… Puisqu’elles sont si massives, elles étendent leur influence gravitationnelle très loin d’elles ce qui explique pourquoi elles sont entourées de petites galaxies dites satellites : dans leur propre amas, ces monstres finiront par capter toutes leurs petites voisines pour augmenter encore de taille.
 

 
          *
les irrégulières

 

     De taille bien moins importante que celles des deux types précédents, il s’agit peut-être de galaxies spirales « ratées » en ce sens que leur faible masse les a empêchées d’évoluer normalement. Il n’empêche : elles sont aussi le siège de naissances d’étoiles comme en témoigne la présence de nombreuses supergéantes bleues. J’ajoute que les « nuages de Magellan », galaxies satellites de la Voie lactée, font partie de ce type.

  

 

          * les lenticulaires

 

     Il reste, pour être complet, à citer cette dernière forme de galaxies qui, au contraire des précédentes, sont très symétriques. Composées essentiellement d’un bulbe presque hypertrophié et d’un disque aplati de petite taille, elles n’ont plus ni gaz, ni poussière susceptibles de permettre l’éclosion de nouvelles étoiles : les leurs sont donc les plus vieilles de l’Univers. 
 

 

 

 

 
Répartition des diverses catégories de galaxies

  

 

 

     La majorité des galaxies visibles dans le ciel sont des spirales puisqu’elles représentent un peu plus de 60% de l’ensemble. On trouve ensuite, en ordre décroissant, les lenticulaires (21%), les elliptiques (13%) et, enfin, les irrégulières (un peu plus de 5%). Pour obtenir ces chiffres, on n’a retenu que les galaxies les plus proches de nous. En effet, comme je l’ai dit précédemment, regarder le ciel lointain, c’est regarder le passé : du coup, regarder un peu trop loin, c’est obtenir un cliché qui n’est probablement plus d’actualité, les astres ayant évolué depuis cette date.

 

 

 

 

Evolution et devenir des galaxies

  

     Les galaxies sont organisées en amas pouvant comporter des centaines voire des milliers de sujets. Entre ces amas, le
vide. Car, malgré ses milliards de galaxies, l’Univers est si grand que sa presque totalité est du vide : on pense que celui-ci contient moins d’un atome par mètre-cube…

 

     Les amas de galaxies ne sont pas distribués au hasard. A une échelle encore plus grande, on trouve des superamas, preuve que l’Univers est organisé en des sortes de cellules dont les bords renferment les amas galactiques et le centre du vide. Le meilleur moyen de se représenter l’Univers à cette échelle est de le comparer à une éponge qui grossirait sans cesse (à la différence près qu’en dehors de l’éponge, ici, il n’existe rien). Chaque cellule a un diamètre approximatif de 300 millions d’al et c’est aux points de contact de ces cellules qu’existe la plus grande concentration de galaxies.

 

 superamas-galactiques-copie-1.gif

 

     Revenons à une dimension moins énorme. Une galaxie est donc un assemblage immense d’étoiles et, du moins dans celles qui le peuvent encore, il en naît chaque jour des millions. Celles qui le peuvent ce sont les spirales et les irrégulières, soit les ¾ des galaxies : c’est dire combien, en dépit de ses milliards d’années d’existence, l’Univers est encore jeune.

 

     Les étoiles ne naissent pas isolément mais par centaines en même temps ce qui explique l’expression souvent retrouvée en astronomie de pouponnières d’étoiles. Les nodules de gaz et de matière présents dans une galaxie se condensent sous l’effet de la gravitation, deviennent de plus en plus chauds jusqu’à atteindre des millions de degrés, un stade à partir duquel s’enclenche la réaction thermonucléaire qui conduira à la création d’une pléiade de nouveaux soleils.

 

     Parfois, l’explosion voisine d’une supernova accélère le processus. Puis, ces étoiles, de par les forces de gravitation, s’éloignent progressivement les unes des autres pour vivre leur vie plus ou moins solitaire (une grande partie d’entre elles sont organisées en systèmes multiples comme cela est expliqué dans le sujet : étoiles doubles et systèmes multiples). Pour le Soleil, par exemple, vieux de 4,5 milliards d’années, il n’est plus possible de savoir quels étaient ses frères et sœurs, la dispersion ayant fait son œuvre mais ce n’est pas le cas d’étoiles plus récentes.

 

     Toutefois, même pour les galaxies plus anciennes, comme les elliptiques, tout espoir n’est pas perdu : une autre source de création d’étoiles est le choc entre deux galaxies, par exemple une elliptique géante et l’une de ses galaxies satellites. Vu de loin, on observe un interpénétration des deux systèmes qui peut durer des millions d’années. Les forces gravitationnelles qui les attirent en bouleversent la structure : ici, un morceau de galaxie est incorporé à la plus massive et se met à tourner avec elle, ailleurs un morceau d’un disque se trouve amputé et reste un temps solitaire. A l’échelle des étoiles, le phénomène n’est guère perceptible : celles-ci sont séparées par tellement de vide qu’il est très peu probable qu’une collision se produise. Tout au plus, une étoile peut-elle être captée par un système déjà formé… En revanche, il est très vraisemblable que les nuages de gaz encore présents s’échauffent d’où la possibilité de naissances d’étoiles même dans des galaxies théoriquement stériles.

 

     Quel sera le devenir de l’Univers ? On sait depuis peu qu’il continue son expansion (voir le sujet : l'expansion de l'Univers). Plus encore, depuis les observations effectuées par les dernières sondes lancées, on sait que cette expansion a tendance à s’accélérer. Si rien n’inverse le processus, on peut imaginer que les distances entre les galaxies vont s’accroitre tandis que les amas vont finir par s’unifier. Et après ? On ne peut que conjoncturer un refroidissement progressif et une dispersion dans un vide total… Mais il faut néanmoins faire attention : bien des choses restent à découvrir qui, peut-être, invalideront ce scénario de fin du monde. N’oublions pas, par exemple, que nous ne savons pas grand chose de la matière qui compose l’Univers. Les calculs, ici, sont formels : toute la masse visible ne représente qu’une fraction de la masse totale. Comme je l’ai déjà expliqué dans un précédent sujet (voir matière noire et énergie sombre), les galaxies, étoiles et autres gaz divers ne représentent qu’environ 4% de la masse universelle globale : 74% sont attribués à une mystérieuse matière noire et 21% à une non moins énigmatique énergie sombre. Les années à venir nous réservent sans doute des surprises…


     Les galaxies sont des structures gigantesques composées de milliards de soleils et de probablement encore plus de planètes. Elles sont autour de nous par milliards, brillantes, indifférentes et muettes. Même la seule dont nous connaissons une toute petite partie, la Galaxie, notre galaxie, est si gigantesque qu’une civilisation humaine toute entière aurait à peine le temps d’en effleurer la réalité. C’est exprimer combien l’Univers visible est immense et combien nous sommes petits, infinitésimaux pour ainsi dire. Si les êtres humains prenaient parfois le temps d’y réfléchir, je suis à peu près certain que bien des problèmes qui agacent notre vie quotidienne seraient alors considérés comme négligeables :
Oculos habent et non videbunt… (ils ont des yeux mais ne voient pas)

 

 

 

 


Glossaire

 

     * Amas de galaxies : un amas de galaxies est l'association de plus d'une centaine de galaxies liées entre elles par la gravitation. En dessous de 100, on parle plutôt de groupe de galaxies, même si la frontière entre groupe et amas n'est pas clairement définie.

     Ces amas se caractérisent par leur forme (spécifique, sphérique, symétrique ou quelconque) ainsi que par la répartition et leurs nombres de galaxies (jusqu'à plusieurs milliers). Ils se sont formés il y a 10 milliards d'années, ce qui est relativement tôt par rapport à l'âge de l'univers (environ 14 milliards d'années). Ces amas peuvent eux-mêmes s'associer en groupes plus grands pour former des superamas.  

     Les amas de galaxies sont des structures stables, c'est-à-dire que ses constituants ne peuvent s'échapper du puits de potentiel gravitationnel de l'amas, les plus grandes et les plus massives de l'Univers actuel.

     Notre Galaxie appartient à un groupe de galaxies, comprenant une trentaine de galaxies, appelé Groupe local, lui-même inclus dans le superamas de la Vierge. (in Wikipedia France)

 

 

 

Images

 

1. le catalogue de Messier (sources : www.astrofiles.net/)

2. Emmanuel KANT, peinture anonyme vers 1790 (sources : www.culture.gouv.fr/)

3. la galaxie spirale NGC1232 Eridan (sources : cidehom.com)

4. la galaxie spirale barrée NGC 7424 (sources : www.insu.cnrs.fr/)

5. superamas de galaxies (sources : www.oca.eu/)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

 

 

Mots-clés: Fred Hoyle - univers stationnaire - Edwin Hubble - univers en expansion - rayonnement fossile - Big Bang - Emmanuel Kant - Voie lactée - Charles Messier - John Hershel - Henrietta Leavitt - céphéides - galaxie d'Andromède - groupe local - étoiles primordiales - galaxies spirales - bulbe galactique - bras spiraux galactiques - galaxies barrées - galaxies elliptiques - galaxies irrégulières - galaxies lenticulaires - nuages de Magellan - amas galactique - superamas galactiques - matière noire

(les mots en blanc renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog :

 

1. les étoiles primordiales

2. matière noire et énergie sombre

3. Big bang et origine de l'Univers

4. les premières galaxies

5. Edwin Hubble, le découvreur

6. juste après le Big bang

7. distance et durée des âges géologiques

8. pulsars et quasars

9. l'expansion de l'Univers

  

 

 

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Mise à jour : 21 février 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

  

" le vautour", médecin de la peste

 

(Cet article a été écrit avant la pandémie du coronavirus de 2019)

 

 « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant tout armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous, ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. Ils seront méconnus, confondus avec des maladies déjà existantes et ce n’est qu’après une longue période de tâtonnements que l’on dégagera le nouveau type pathologique du tableau des affections déjà classées. » disait prohétiquement en 1933 Charles Nicolle, prix Nobel de médecine.



     Les grandes épidémies peuvent-elles donc revenir et, comme par le passé, menacer l’Humanité ? Voilà une bien angoissante question à laquelle il serait plus qu’urgent de répondre. 

     Rappelons tout d’abord qu’une
épidémie est la propagation d’une maladie infectieuse à l’ensemble de la population de telle façon que son incidence (sa fréquence de survenue) augmente par rapport à la normale qui n’est représentée que par quelques cas épars (on parle alors de cas sporadiques).

     Lorsque cette épidémie s’étend à l’ensemble d’une population sur un ou plusieurs continents, voire même à l’ensemble du globe, on utilise le mot pandémie. Dans le passé, certaines pandémies ont causé énormément de dégâts, mettant parfois en péril des communautés entières. Dans la deuxième partie du XXème siècle, s’appuyant sur la médecine moderne – et ses approches thérapeutiques – on a pensé que les pandémies étaient du domaine de l’Histoire : erreur profonde comme en témoigne, par exemple, la propagation du SIDA à l’ensemble de la planète. On peut donc d’ores et déjà répondre à la question citée en préambule : les grandes épidémies mondiales ne sont pas de retour pour la bonne raison qu’elles ne sont jamais parties… et, oui, c’est vrai, elles peuvent menacer l’équilibre de nos sociétés.

 


au tout début
   

 

     L’Histoire nous enseigne que bien des affections humaines proviennent de maladies animales (appelées zoonoses) et que leur adaptation à l’espèce humaine s’est faite progressivement, au fil des siècles de contact avec les porteurs. Pour cela il a fallu que le germe responsable, essentiellement des virus, se soit adapté en franchissant un obstacle considérable à sa propagation : la barrière interspécifique. Une fois celle-ci franchie, le germe a évolué jusqu’à permettre sa transmission d’un humain à l’autre par voie respiratoire ou sexuelle. Et c’est là qu’il a commencé à poser problème… Une chose, néanmoins, est sûre : ce sont les transformations de son milieu par l’Homme lui-même qui a permis ce phénomène. 


     En effet, dans les temps préhistoriques, les humains ne vivaient qu’en groupes peu importants, de quelques dizaines à quelques centaines d’individus, éparpillés qui plus est sur de vastes étendues, prix à payer pour que le gibier soit accessible. Les épidémies ne pouvaient donc être que familiales ou d’origine animale (affections transmises lors de la chasse).

     Tout change avec la révolution agricole il y a environ 10 000 ans. Les hommes sont alors « fixés » et en contact permanent avec leurs animaux domestiques qui peuvent plus facilement transmettre les zoonoses. Il faut ajouter à cela que les populations, en raison de la meilleure stabilité des ressources alimentaires, se développent progressivement. Un autre élément est à prendre en compte : la facilitation des communications (routes, caravanes, transports maritimes) et, par voie de conséquence, l’accroissement de la taille des cités. Bref, toutes les conditions sont présentes pour permettre une diffusion rapide et généralisée des épidémies. De fait, la grande peste noire de 1347 est là pour prouver les risques à présent encourus par les populations humaines.

 


la grande peste (ou mort noire) de 1347-1350

  

     Connue depuis l’antiquité (et notamment décrite par les Grecs), cette redoutable affection, provoquée par le bacille
yersinia pestis est propagée par le rat qui en est le vecteur principal. Elle est la conséquence de piqures par les puces des rats infectés, de morsures par l’animal malade lui-même voire de la consommation d’animaux atteints (les rongeurs « sauvages » comme les lapins ou les lièvres, et même, dans certains cas extrêmes, les rats, seule nourriture possible lors de longs sièges de villes).

     La mémoire historique retient notamment la « grande peste » de 1347 qui fit des  ravages si considérables que des siècles plus tard on en parlait encore avec crainte. Au XVIème siècle, le médecin Nicolas de Mancel en fit la description suivante : « Or donques la peste est une fièvre continue, aiguë et maligne, provenante d'une certaine corruption de l'air extérieur en un corps prédisposé : laquelle étant prise par contagion se rend par même moyen communicable & contagieuse : résidente aux trois parties nobles ; accompagnée de très mauvais & très dangereux accidents, & tendante de tout son pouvoir, à faire mourir l'homme, voire tout le genre humain. » Cette effroyable maladie se présente sous trois formes, d’ailleurs parfois intriquées : 

     *
la peste bubonique qui est un état infectieux extrême avec présence d’adénopathies - tuméfactions ganglionnaires – appelées à l’époque bubons et aboutissant à la mort en une semaine dans un état de cachexie (voir glossaire) complète. Toutefois, 30% environ des malades survivent, acquérant ainsi une certaine immunité, 

     * la peste
septicémique, complication de l’état précédent lors de l’effondrement du système immunitaire du malade 

    * et la peste
pulmonaire, plus rare mais la plus redoutable puisque la plus contagieuse : chaque expectoration (pus, crachats, postillons) du malade contient le germe. 

     Il faut bien sûr se rappeler que, à cette époque, cette maladie se transmet sans que les hommes ne comprennent comment (on est encore bien loin du siècle pasteurien) si ce n’est qu’il vaut mieux éviter les malades qu’on abandonne très volontiers à la providence divine (d’ailleurs, bien des gens de l’époque pensent qu’il s’agit là d’une malédiction de Dieu). Les armes employées par les quelques soignants sont dérisoires : la prière, le bûcher pour les « hérétiques », la mise à mort de certaines minorités comme les lépreux ou les Juifs accusés de propager la maladie, la
phytothérapie (médecine par les plantes) et l’ingestion de substances animales (bave de crapaud ou d’escargot, venin de vipère, etc.), tout cela avec le succès qu’on imagine…

     Les gens terrorisés se calfeutrent donc chez eux et, le plus souvent, le seul contact qu’ils ont avec des autorités dépassées se fait le soir lorsque les tombereaux municipaux viennent ramasser les morts pour les enfouir subrepticement dans les fosses communes. La maladie s’étend sans que rien ne puisse vraiment l’arrêter et les conséquences de cette diffusion sont, outre les morts qui se comptent par centaines de milliers, le ralentissement de la vie économique, sociale, artistique jusqu’à ce que la peste disparaisse d’elle-même, faute de combattants en quelque sorte (mais elle rebondira deux siècles plus tard dans le Nouveau Monde provoquant l’effondrement démographique des populations indigènes). Aujourd’hui, une simple prise d’antibiotiques est suffisante… car yersinia pestis est une bactérie et non un virus. J’ajoute qu’il existe encore de nos jours quelques foyers épars de peste (Congo, Mozambique, Madagascar) mais cette maladie à déclaration obligatoire est assez facilement contenue. 

     Si j’ai quelque peu insisté sur la peste, c’est pour mieux faire comprendre les ravages d’une telle affection pour peu que les populations atteintes soient démunies face à elle. La
tuberculose, elle aussi, fit des ravages au siècle dernier, notamment dans les populations défavorisées ou les grandes métropoles industrielles. J’ai encore en mémoire toutes les formes de tuberculose (miliaire, Pott, coxalgie, tumeur blanche, etc.) que l’on nous décrivait abondamment en faculté de médecine - des pages de sémiologie aujourd’hui presque oubliées - mais, ici aussi, l’antibiothérapie a fait reculer la maladie jusqu’à presque l’éradiquer (je parle évidemment pour nos pays développés, la maladie restant plus que préoccupante dans le tiers-monde). Or, et c’est là tout notre problème, s’il est (relativement) facile de lutter contre ce type d’atteintes bactériennes, il n’en est pas de même vis à vis des virus, autres vecteurs (ô combien !) de pandémies…

 

 

 

les pandémies virales

 

  
     Les virus, on le sait, ne peuvent pas se traiter par des agents anti-infectieux comme les antibiotiques. Puisque l’on ne dispose pas de moyens directs, on cherche à prévenir le risque soit par des médications supposées ralentir l’affection ou stimuler le système immunitaire, soit par une
vaccination ciblée. Malheureusement, les médicaments ne sont finalement que modérément efficaces et les vaccins doivent être préparés à l’avance, une préparation qui, face à un virus inconnu, demande plusieurs mois (au moins) durant lesquels l’agent pathogène a quartier libre…

 

         
* les aléas de la vie moderne 

     Ce n’est un secret pour personne que, depuis quelques décennies, la communication du monde moderne s’est considérablement accélérée : je pense ici aux moyens de transports et d’échanges qui mettent pour chacun d’entre nous l’autre bout du monde à quelques heures d’avion (ce qui est évidemment également le cas des denrées et marchandises diverses). Même pour quelqu’un d’extrêmement sédentaire, les relations avec le monde extérieur se sont largement développées (lieux de loisirs, grandes surfaces alimentaires, centres commerciaux, réunions sportives, cinémas, etc.) : il est loin le temps où le Français moyen ne quittait son village qu’une seule fois dans sa vie, à l’occasion de son service militaire (pour les hommes !)… Automobiles, transports en commun : le monde bouge… et, avec lui, les germes en tous genres. On n’y peut rien : à moins de vouloir revenir des siècles en arrière, c’est comme ça ! Les virus aiment à se transmettre par contact direct d’un individu à l’autre et justement, des gens, on en rencontre toute la journée. Par exemple, une des épidémies les mieux connues est celle de la
grippe qui, chaque saison hivernale, refait parler d’elle.

 

         
* la grippe  

     Elle est la conséquence de l’infection de l’organisme par un virus (influenzae et/ou para-influenzae) qui entraîne – on l’a tous constaté un jour – fièvre, frissons, maux de tête et, d’une manière générale, un malaise intense qui nous confine au lit deux ou trois jours. La maladie, sauf cas exceptionnels, entraîne peu de conséquences pour peu que l’on n’appartienne pas aux tranches extrêmes de la population – enfants et personnes âgées – pour lesquelles, justement est mis au point chaque année un vaccin (pour nos régions de l’hémisphère nord, ces vaccins sont synthétisés durant la saison chaude… pendant que l’hémisphère sud se fait vacciner). Pas de mystère : les scientifiques savent à peu près comment va muter le virus et peuvent donc programmer l’immunisation.

     Pour ma part, au delà des deux âges extrêmes, le médecin que je suis ne saurait trop encourager tout le monde à se faire vacciner : c’est certainement le meilleur moyen de protéger doublement les personnes fragiles en empêchant directement la propagation de la maladie. En somme, si on s’en préoccupe suffisamment, la grippe ne devrait plus être un problème trop grave car, grâce à la vaccination, on est loin des cinquante millions de morts de la grippe espagnole H1N1 de 1918-1919… Oui mais pour les autres affections virales, ce n’est pas aussi simple.

     Pour conclure ce bref rappel sur les virus grippaux, il semble impossible de ne pas évoquer celui de la grippe A (H1N1) dont on parle tant en cette fin d'année 2009. Assez semblable dans ses effets à son cousin de la grippe habituelle (dite "saisonnière"), il ne se fait remarquer que parce que la population ne l'ayant encore jamais rencontré, cette dernière est actuellement sans défense contre lui mais aussi parce qu'il touche préférentiellement les personnes jeunes (moins de 30 ans), notamment celles qui sont fragilisées et les femmes enceintes. On trouvera plus d'informations sur cette nouvelle forme de pandémie grippale dans trois sujets qui lui sont exclusivement consacrés, à savoir : grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités, ainsi que : le vaccin de la grippe A (H1N1) et retour sur la grippe A.

 

       
 * les affections virales à (gros) problèmes 

     La plus grande épidémie actuelle est celle du SIDA et elle en passe de devenir au fil des ans la plus grande pandémie de tous les temps. La transmission, essentiellement sexuelle, lui permet d’évoluer assez lentement mais inexorablement. Le problème : le virus mute en permanence et rend très difficile la réalisation d’un vaccin actif (certains scientifiques pensent même qu’un vaccin est impossible mais je ne veux pas croire à une telle éventualité). Les trithérapies ont un peu amélioré le pronostic des malades mais, outre que ce traitement n’est pas curatif, il ne concerne pas les pays en voie de développement pour des raisons essentiellement économiques. 

     D’autres affections virales sont redoutables et plus ou moins bien connues :
l’encéphalopathie spongiforme bovine qui défraya, il y a quelques années, la chronique sous le nom de maladie de la vache folle avec ses redoutables retombées économiques ; le SRAS ou syndrome respiratoire aigu sévère, enrayé à présent semble-t-il (mais pour combien de temps ?); la maladie de Creutzfeld-Jacob qui, dernièrement encore, faisait parler d’elle dans les médias à propos de l’hormone de croissance ; le chikungunya, la dengue, la fièvre jaune, le virus Ébola, le virus du Nil occidental, l’encéphalite japonaise, etc. et combien de maladies encore inconnues parce que à l’état latent ou non encore reconnues par nos systèmes de dépistage, ces derniers n’étant véritablement efficaces (?) qu’en Europe et en Amérique du nord ? Et puis il y a la grippe aviaire…

 

         
* la grippe aviaire 

     Voilà une maladie virale qui demande à être discutée à part. Bien sûr, à première vue, il ne s’agit que d’une maladie touchant les oiseaux et, accessoirement, quelques humains ayant été trop en contact avec eux (les paysans asiatiques, par exemple, qui dorment à côté de leurs volailles). Ce serait une erreur très grave de ne pas prendre le risque au sérieux (et, de fait, les scientifiques sont très vigilants). Le virus en cause est le
H5N1 (la grippe espagnole était le H1N1) et ne touche en principe et comme on l’a déjà dit que les oiseaux, d’où son nom.

     Le virus ne peut donc pas passer la barrière interspécifique et se transmettre à l’homme. Bien. On est presque rassuré. Dans un premier temps. Car la grande peur des scientifiques du monde entier est que, à l’occasion d’une épidémie de grippe banale, il y ait mutation du virus en une sorte de « recombinaison » des deux virus : le nouveau virus pourrait alors avoir la virulence du H5N1 de la grippe aviaire et la contagiosité (pulmonaire) du virus de la grippe humaine puisqu’il pourrait alors passer cette fameuse barrière interspécifique. Ce serait une catastrophe. Bien sûr, un vaccin pourrait probablement être synthétisé mais, comme je le disais plus haut, il faut entre trois à six mois pour cela : le temps suffisant pour infecter des dizaines, voire des centaines de millions de personnes. Or, je le répète, la virulence du virus risque d’être maximale…

     Comme beaucoup de scientifiques nous disent : « il ne s’agit pas de savoir si le virus de la grippe aviaire va muter mais quand… », il est légitime d’être inquiet et de chercher à prendre un maximum de précautions. Quelles sont-elles ? Secret défense. On sait seulement que l’État – en tout cas en France – stocke des millions de boîtes d’un agent antiviral bien connu et des centaines de millions de masques. Il a par ailleurs été dressé une liste rouge des décisions à prendre en cas d’épidémie, notamment sur les fermetures de lieux publics, mais on n’en sait pas plus. Quoi qu’il en soit, il ne reste qu’à souhaiter (on en revient aux prières des pestiférés de 1347 !) que l’éventualité ne se présentera pas ou dans bien longtemps lorsque nous maitriserons mieux ce type d’affections.

  
     Les pandémies qu’il y a peu on croyait jetées aux oubliettes de l’histoire de la santé mondiale n’ont jamais été aussi présentes en raison de la structure même de nos sociétés. Rien ne plaît autant à ces maladies que le mouvement et le contact entre un maximum de gens en un minimum de temps : certaines peuvent alors se transmettre à la vitesse de l’éclair et causer d’abominables dégâts avant même que nous ayons eu le temps de réagir. C’est la raison pour laquelle il convient de garder ce danger potentiel dans un coin de notre cerveau. Peut-être rien ne se passera-t-il jamais mais si, par malheur, l’éventualité se concrétisait, il conviendrait de s’en remettre aux décisions des autorités sanitaires, seul moyen de limiter les dégâts car, en pareil cas, « jouer perso », c’est la mort assurée.

 

 

 

 

Glossaire

 
     *
cachexie : la cachexie est un affaiblissement profond de l’organisme (perte de poids, atrophie musculaire, etc.), lié à une dénutrition très importante. La cachexie n'est pas une maladie en elle-même, mais le symptôme d'une autre. Elle peut provenir d'une anorexie (même chez une personne dont la perte de poids n'est pas volontaire), d'un cancer (cachexie cancéreuse, produite par des substances secrétées par la tumeur), de maladies chroniques (BPCO, insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique, insuffisance rénale), voire de certaines maladies infectieuses (par exemple la tuberculose et le SIDA, ou certaines maladies auto-immunes). (in Wikipedia France)



Photos

1. Pour soigner la mort noire, le médecin était vêtu d'un uniforme supposé le protéger de la maladie "qui ne pouvait le voir". Porteur d'un masque, de gants et de lunettes, sa badine lui servait à soulever les vêtements et les membres du pestiféré. On le surnommait le "vautour" en raison de son masque à long bec.

(sources renaissance.mrugala.net/)

2. la grande peste, peinture anonyme du XVème siècle

(sources : microbiologie.spectrosciences.com/)

3. Il n'y a pas grand chose à faire contre la propagation de la grippe aviaire...

(sources : www.futura-sciences.com/)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

Mots-clés : Charles Nicolle - zoonose - barrière interspécifique - révolution agricole - grande peste noire - yercinia pestis - Nicolas de Mancel - peste bubonique - peste septicémique - peste pulmonaire - cachexie - tuberculose - vaccination - grippe commune - grippe espagnole H1N1 - SIDA - trithérapie - ESB ou maladie de la vache folle - maladie de Creutzfeld-Jacob - chikungunya - dengue - fièvre jaune - virus ebola - virus du Nil occidental - grippe aviaire H5N1

(les mots en bleu renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités

2. le vaccin de la grippe A (H1N1)

3. retour sur la grippe A

 

 

 

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